Nouvelle-Aquitaine, Creuse (23)
Parsac, Église Saint-Martin de Tours
Édifice
L’église Saint-Martin-de-Tours relevait de la prévôté (prieuré) d’Évaux. L’édifice, qui remontait à la fin du XIe s. ou au début du XIIe et qui en conserve d’intéressants vestiges, surtout dans sa partie orientale, a été remanié à la suite de destructions brutales, d’abord à l’époque gothique, puis au XVIIe siècle. De la période romane, il reste la première travée du chœur, la croisée du transept, une partie de ses croisillons peu saillants, sa façade occidentale et quelques contreforts romans dans le gouttereau nord. La travée orientale du chœur roman, probablement une abside, a été remplacée par un chevet gothique à mur droit voûté d’ogives. À la même époque, on avait aussi couvert la croisée du transept de voûtes d’ogives maintenant détruites. Toute la nef à collatéraux a été refaite très médiocrement à l’époque classique.
L’extérieur porte des contreforts d’âge et d’épaisseur différents, romans seulement dans le gouttereau nord. On entre dans l’église par une porte romane prise dans la travée orientale du gouttereau sud. Elle possède un linteau en bâtière sous arc en plein cintre. La porte principale, à l’ouest, est prise dans un massif peu saillant couvert en glacis. Elle comporte une voussure torique et une voussure plate nue sous une archivolte qui se poursuit en bandeau jusqu’à l’angle de l’avant-corps. Le linteau également en bâtière et les voussures déterminent un tympan nu qui a été percé d’un oculus ovale lors des réparations de l’époque classique. Au niveau du transept, sur l’arête du toit, a été posé un mince clocher de charpente à flèche aigüe couvert en bardeaux, qui contraste avec la couleur de la toiture à deux pentes refaite récemment de façon remarquable.
À l’intérieur, entre la façade romane et le transept, la triple nef a été rebâtie au XVIIe s. et couverte d’un triple berceau de bois. Les piles rectangulaires minces de l’époque classique ont remplacé les piliers romans plus massifs, ce qui a permis d’élargir des collatéraux originellement très étroits, comme il apparaît au revers de la façade, et l’ensemble a été reconstruit avec une moindre hauteur.
La croisée du transept, également barlongue, a conservé ses piliers cruciformes avec colonne engagée sur chaque face visible et des chapiteaux allongés à feuillages simples terminés par une boule d’angle tenant lieu de volute. Au-dessus, les quatre arcs porteurs en arc brisé sont couverts d’un plancher. On distingue quatre culots d’une voûte d’ogives disparue, analogues à ceux du chœur, mais rien n’indique plus les dispositions romanes des parties hautes. Les croisillons peu saillants, très modifiés, ont reçu tardivement un demi-berceau de bois. Leurs arcs d’entrée sont, d’origine, plus bas que les doubleaux de la croisée.
La travée orientale du chœur possède un chevet plat aveugle. Elle est couverte d’une voûte d’ogives barlongue sur culots, analogue à celle de la travée suivante ; cette dernière couvre une travée romane qui communique par des arcades en plein cintre avec d’étroits collatéraux voûtés en demi-berceau. On y voit des traces de peintures murales très peu dégagées ou à peine apparentes sous un enduit de chaux, gothiques elles aussi, semble-t-il.
Dans le mur nord du chœur une armoire géminée polychrome a été aménagée, et une piscine également polychrome dans le mur sud.
L’église possède un maître-autel classique en bois, une Pietà en pierre, de la fin du Moyen Âge. Deux saints mutilés, en pierre, qui se trouvent au musée de Guéret, proviennent de cette église.
Pour la réfection des maçonneries des façades, la Sauvegarde de l’Art français a accordé 7 622 € en 2001.
P. D-N.
Bibliographie :
L. Lacrocq, Les églises de France. Creuse, Paris, 1934, p. 117.