Occitanie, Gers (32)
Panjas, Église Saint-Laurent
Édifice
histoire
Eglise Saint-Laurent. Mont-d’Astarac est situé dans la haute vallée du Gers, au sud du département, à la limite des Hautes-Pyrénées. Son implantation remonte au haut Moyen âge, comme l’attestent les restes d’une motte qui passe pour avoir été la première résidence du comte d’Astarac. À la mort du comte marquis Garsie-Sanche de Gascogne, en 920, le comté d’Astarac fut détaché de la Gascogne en faveur d’un fils puîné. Un castelnau se développa autour de la motte, entouré de remparts et de fossés. Une première église y fut sans doute construite. Celle qui subsiste actuellement est bien postérieure, contemporaine de la guerre de Cent Ans ou un peu plus tardive. Placée sous le vocable de saint Laurent, elle était à la collation de l’archevêque d’Auch. Elle a été construite hors de l’agglomération primitive dont elle était séparée, il y a encore peu, par un fossé rempli d’eau, mais face à l’impressionnante tour-porte qui défendait l’accès de cette dernière.
C’est une église typique du gothique méridional par son abside polygonale, sa large nef, les chapelles logées dans ses contreforts. Elle est orientée. L’élément le plus remarquable, à l’angle sud-est de la façade, est une tour-clocher de forme pentagonale, construite en grand appareil, dont la partie haute est en léger retrait. C’est la conséquence d’une réparation car le clocher a reçu plusieurs fois la foudre : au XVIIIe s. il perdit sa flèche en bardeaux ; au XIXe s., sa flèche et une partie du mur occidental s’écroulèrent. L’escalier de pierre qui conduit à la chambre des cloches est éclairé par quatre ouvertures hautes et étroites, à l’encadrement biseauté, tandis que la chambre des cloches, qui en contient trois, est éclairée par quatre baies en plein cintre. Un cadran solaire de 1737, sculpté dans la pierre, est bien visible sur la façade méridionale. Au sud, un mur de ciment récent empêche désormais d’accéder au clocher de l’extérieur, le privant ainsi de sa fonction de tour de guet, indépendante de l’espace consacré.
L’église elle-même est construite en pierre de taille sur lit de galets. L’appareil employé pour le chevet est plus grand et plus régulier que celui de la nef. Des contreforts épaulent le chœur, la nef et la façade. Des constructions diverses ont été ajoutées : une sacristie et une chapelle au nord, deux chapelles et le clocher au sud. Plus tardivement, à la fin du XIXe s., a été adossée une petite sacristie basse du côté sud. Au nord, une porte permettait, jadis, de communiquer avec le cimetière ; celui-ci est désormais situé au sud. Un oculus dans l’axe du chœur et des fenêtres en plein cintre, à meneau central et remplage, éclairent l’édifice.
On pénètre dans l’église par la façade ouest, dont le pignon est triangulaire. L’entrée est abritée par un emban endommagé par la chute du clocher en 1838. Le clocher actuel date de 1853. Il comporte cinq ouvertures en arc brisé, trois à l’ouest, une au nord, une au sud. Couvert de tuiles plates, il est assez élégant. La porte elle-même est surmontée d’une archivolte portant un écu au centre et reposant sur des consoles sculptées. Au-dessus, la niche rectangulaire encadrée de cinq moulures est vide. Deux autres consoles ont été placées à l’intérieur, dans les angles méridionaux de l’emban. Ces sculptures, à l’aspect primitif, sont l’œuvre d’un atelier qui a travaillé dans la haute vallée du Gers.
L’église se compose d’une nef de belles dimensions (environ 9 m de large et 10 m de haut) et d’un vaste chœur gothique entièrement peint, séparé de la nef par un arc triomphal. La nef, voûtée au XIXe s., comporte trois travées. Elle est sombre, éclairée par une seule fenêtre au nord, les autres fenêtres éclairant plus directement les chapelles latérales. Celles-ci sont au nombre de trois, une au nord, deux au sud. Elles présentent toutes trois des consoles sculptées à la retombée des voûtes. On relève des traces de peintures dans les chapelles méridionales. Du côté nord, devant une petite porte aujourd’hui murée, est adossée une chaire polygonale du XIXe s. en bois sculpté et doré, dont les panneaux représentent le Christ et des saints, surmontée d’un ange soufflant dans une trompette.
Le chœur, pentagonal, est couvert d’une voûte dont les ogives reposent sur des consoles sculptées de même style que celles de l’emban et des chapelles latérales. Les motifs des clefs de voûte – roue solaire, personnages – se retrouvent dans des églises voisines. Le chœur est orné de peintures qui, recouvertes en 1840, ont été mises au jour en 1968 par Jean-Michel Lassure. Sont figurés, entre autres, un grand arbre de Jessé, des scènes de la Passion, un Jugement Dernier représentant saint Pierre accueillant les élus à la porte fortifiée de la cité céleste tandis que Léviathan dévore les damnés. Ces peintures sont datées grâce à des blasons aux armes de François-Philibert de Savoie, archevêque d’Auch de 1483 à 1490. Jean-Pierre Suau a montré récemment le rapport étroit qui liait la représentation de la Cène à l’implantation de la plus ancienne des armoires eucharistiques encastrées dans le chœur.
Contrairement à celui de la nef, le sol du chœur est recouvert de carreaux de brique. La barrière de communion, du XIXe s., est en fonte.
Le mobilier est peu nombreux mais de qualité. L’autel principal, du XVIIIe s., est en bois naturel galbé. Un autel du début du XIXe s. a été placé dans la chapelle de la Vierge. Une vaste cuve baptismale en pierre occupe la chapelle voisine. Un retable du XIXe s., représentant le Christ crucifié entre saint Laurent, patron de l’église, et la Vierge ( ?) orne la nef. Une croix processionnelle a été placée dans le chœur. Elle représente le Christ en croix, la tête fortement inclinée sur la gauche, les cheveux et la barbe noirs, vêtu d’un haut-de-chausse noir à crevés ; les instruments de la Passion sont figurés, y compris les trente deniers de Judas, sous les pieds du Christ. Dans le chœur a été placée une statue en bois doré représentant la Vierge en marche, l’Enfant tenant le voile de sa mère.
Françoise Dumas
Bibliographie :
J.-M. Lassure, « Les peintures murales de l’église de Mont-d’Astarac (Gers), Revue de Comminges, 1977, p. 112, 40 ill. (est.).
J.-M. Lassure, « Un atelier de sculpteurs dans la haute vallée du Gers », Bulletin de la Société historique et archéologique du Gers, 1984, p. 428-442.
J.-P. Suau, « La Cène de l’église Saint-Laurent de Mont-d’Astarac. Peinture murale et liturgie », Bulletin de la Société historique et archéologique du Gers, 1995, p. 293-309.