Centre-Val de Loire, Indre (36)
Palluau-sur-Indre, Église Saint-Sulpice
Édifice
L’église paroissiale, dédiée à saint Sulpice, est l’ancienne église collégiale Sainte-Menehoulde fondée avant 1238 au pied du château. Le centre paroissial disparu se trouvait jusqu’à la Révolution dans le village d’Onzay, à une demi-lieue au sud, de l’autre côté de l’Indre. Un prieuré de l’abbaye de Saint-Genou existait dès le XIIe s. en contrebas de la collégiale et son église romane désaffectée est encore ornée de belles peintures murales.
L’église paroissiale actuelle se compose de deux parties distinctes : la nef unique, dont les murs gouttereaux sont percés de fenêtres en plein cintre à double ébrasement, peut être du XIIe ou du début du XIIIe s., comme l’étage inférieur du clocher implanté au sud-est ; quant au chœur à chevet pentagonal et aux travées qui le précèdent, ils constituent un ensemble homogène du style gothique final, élégant et lumineux.
Les trois travées de la nef sont couvertes de voûtes bombées de type angevin, peut-être reprises postérieurement. C’est sans doute l’œuvre de la famille d’Argy qui a acquis à cette époque, par alliance, la seigneurie de Palluau et se trouvait, par ailleurs, très impliquée dans son soutien aux abbayes cisterciennes du Landais et de Beaugerais.
L’ensemble oriental est l’œuvre des frères Jean et Charles de Tranchelyon à la fin du XVe et au début du XVIe s., de même que la chapelle seigneuriale de la Madeleine, fondée en 1514 sur le côté nord du chœur. Les voûtes sexpartites reposent sur des nervures prismatiques très élégantes ; celle du chevet, plus complexe, est enrichie de liernes et tiercerons et sa clef porte, bûché, l’écu des Tranchelyon. À la base des grands fenestrages de l’abside, à trois lancettes trilobées et tympans ajourés, s’intercalent des niches pour la statuaire en partie conservée entre dais et supports finement sculptés.
L’édifice a subi d’importantes restaurations et quelques modifications. On a signalé celles des voûtes de la nef vers le XIVe ou XVe s. (chapiteaux allongés des doubleaux). Le grand arc appareillé qui sépare la nef ancienne et la partie flamboyante est une reprise datée à la clef de 1788. Au XIXe s., les projets des architectes de Mérindol et Dauvergne, traduisant leur souci d’homogénéité, ont failli tout bouleverser : ouverture de grandes baies flamboyantes pour faire entrer plus de lumière dans la nef, adjonction d’une tourelle d’accès aux combles sur le côté nord, d’une chapelle absidiale au chevet, à la manière, mais en style flamboyant, de la chapelle de Saint-Germer-de-Fly… On s’est contenté de refaire la façade occidentale et d’allonger d’une travée la chapelle seigneuriale.
De son décor ancien, cette église conserve une part de sa statuaire, des fragments de vitraux Renaissance remontés dans la fenêtre nord du chevet, des bas de stalles du début du XVIe et les deux clôtures de la chapelle, longtemps exposées au musée des Arts décoratifs parmi les chefs-d’œuvre de huchiers de la première Renaissance.
On notera par ailleurs, dans la nef, une peinture murale, ex voto dont le donateur agenouillé porte une cote aux armes des Tranchelyon, et une partie de litre dans la chapelle aux armes des Beauvilliers, propriétaires de Palluau dans la première partie du XVIIIe siècle.
La Sauvegarde de l’Art français a accordé en 2003 une aide de 22 800 € pour la consolidation de l’édifice.
Ph. Ch.
Bibliographie :
D. Hervier, « Palluau, église Sainte-Menehoude », Congrès archéologique de France, 142e section, 1984, Bas-Berry, Paris, 1987, p. 209-217.