Centre-Val de Loire, Cher (18)
Ourouer-les-Bourdelins, Église Saint-Christophe
Édifice
Sur un terroir qui conserve, au lieu-dit Tralay, les traces d’un captage de sources alimentant un aqueduc gallo-romain long de trente-six kilomètres jusqu’à Avaricum (Bourges), l’agglomération se compose d’un centre religieux (oratorium) et, à quelque distance, d’un centre économique (les Bourdelins).
L’église Saint-Christophe dépendait de l’office de chambrier du monastère de La Charité-sur-Loire (Nièvre), dont elle constituait un prieuré-cure. Abstraction faite d’adjonctions plus récentes, on restitue aisément un édifice roman du XIIe s., formé d’une nef unique, d’un transept dont les croisillons s’ouvrent sur deux absidioles orientées, d’un chœur réduit à une courte travée et terminé par une abside arrondie percée de trois baies.
La croisée du transept, cantonnée de quatre piles composées, renforcées de demi-colonnes engagées aux chapiteaux remarquables, est voûtée d’une coupole octogone de blocage, assise sur de petites trompes. Elle soucient une tour carrée surmontée d’un clocher en charpente et ornée sur deux étages de doubles arcades à la pointe légèrement brisée ; la partie haute de la tour, datable du début du XIIIe s., se révèle donc postérieure à l’ édifice lui-même.
Bien plus tard, une modification importante fut apportée à la nef dont le mur sud fut remplacé par trois grandes arcades donnant sur une aile neuve, à l’ usage de la paroisse. Cette annexe aurait dû être voûtée d’ogives, comme le montre l’amorce des nervures placées en pénétration dans le mur et déco rées des symboles évangéliques en guise de chapiteaux. La modénature des profils et le style des sculptures placent ces travaux dans le premier quart du XVIe siècle. Au lieu du voûtement prévu, on se contenta d’un simple plancher sur solives de chêne comme sur la nef primitive .
En 1992 et 1993, l’ensemble des enduits intérieurs a été repris et à cette occasion des vestiges de peintures murales ont été retrouvés et préservés. Une seconde tranche de travaux en 1995 et 1996 a porté sur la réfection de la couvert ure en ardoises de la nef et du croisillon sud du transept, sur le renforcement des piles de la croisée (côté nef) donc les pierres de caille portaient des traces de compression et même d’incendie. La Sauvegarde de l’Arc Français a participé à cette réalisation par une première subvention de 70 000 F en janvier 1996.
Elle a en outre souhaité que le maître d’ouvrage suive les recommandations du service départemental de l’architecture pour la réfection du plafond de la nef. Il s’agissait de faire disparaître le lattis de plâtre qui cachait depuis la fin du XIXe s. le plancher primitif. Cette restitution entraînait un surcoût, pour lequel la Sauvegarde de l’Arc Français a accordé une seconde subvention de 60 000 F en juillet 1996 .
La double nef de l’église d’Ourouer ainsi rénovée présence un vif intérêt; l’architecte a eu le souci de faire remettre en peinture crois petits écussons blasonnés sur une poutre, se rapportant aux familles de Gamaches et de Grivel qui se partageaient la seigneurie d’Ourouer vers 1525. Ainsi se trouve confirmée l’époque du dédoublement de la nef.
J.-Y. R.