Occitanie, Gers (32)
Ornezan, Église Sainte-Catherine
Édifice
Le castelnau d’Ornézan fut établi sur la rive gauche du Gers et bénéficia de la confirmation de coutumes en 1322. Toutefois, une église Saint-Jean est attestée dès 1265 et l’occupation d’un site voisin, sur la rive droite du Gers, remonte à l’Antiquité et au haut Moyen Âge. L’église, alors placée sous le vocable de sainte Catherine dépendit de l’archiprêtré de Durban (1544) puis de celui de Monferran. Elle était à la collation de l’archevêque d’Auch. Le changement de vocable peut être rapproché de la dévotion à la sainte « voix » manifestée en Gascogne par les Armagnacs, compagnons de Jeanne d’Arc. On peut aussi l’imputer à l’histoire du château, vendu en 1509 par Jean d’Ornézan à Catherine de Foix. La fille de Gaston de Foix et de Madeleine de France, arrière-grand-mère d’Henri IV, entreprit d’importants travaux au château et à la chapelle, qui était ruinée et fut dotée de verrières et d’un tableau de sainte Catherine (1).
L’église, proche du château, est baignée à l’est par un canal de dérivation du Gers qui alimente un moulin. L’endroit, planté d’arbres, est idyllique à défaut d’être favorable à la bonne conservation de l’édifice et de son cimetière, situé au sud-est.
L’église est tournée vers le nord. D’un gothique tardif, construite en blocs de mollasse, elle se compose d’une nef rectangulaire et d’un chevet pentagonal. Celui-ci est percé de deux hautes baies ogivales à meneau et d’un oculus central ; il est prolongé par un édicule récent éclairé par deux fenêtres rectangulaires. Deux chapelles latérales, tardives elles aussi, forment transept. À l’ouest, un appendice de bel appareil, voûté de pierres recouvertes d’un toit de tuiles en forte pente, jouxte le mur nord de la chapelle. Au sud de celle-ci, l’emban abrite une porte en anse de panier surmontée d’une niche ogivale dans laquelle est placée une statue de la Vierge, tardive. Une litre funéraire court sous l’emban. L’écu soutenu par des animaux héraldiques (lions ? ) est indéchiffrable. À l’est, du côté du canal, les contreforts apparaissent nettement : deux au niveau du chevet, le troisième à l’angle sud-est. Une tour-clocher de plan carré construite en mollasse précède la nef. Elle comporte des ouvertures rectangulaires sur trois côtés. La flèche en éteignoir est couverte d’ardoises. Cette tour est décentrée vers l’ouest par rapport à l’axe de l’église à laquelle elle donne accès par un porche voûté d’ogives qui abrite un portail d’inspiration gothique. Ce porche est éclairé par deux ouvertures latérales et creusé d’une niche ; projeté en 1877, il a été réalisé peu après.
L’intérieur de l’église est à nef unique de deux travées, prolongée par une abside pentagonale. Une tribune occupe une partie de la première travée et donne accès à la partie haute du clocher où sont suspendues, sous une belle charpente, deux grosses cloches d’égale dimension, l’une du XIXe s., l’autre datée de 1489. Le chœur et la seconde travée sont voûtés de pierre sur croisées d’ogives ; les clefs de voûte sont armoriées. La voûte de la première travée est faite de briques et porte en clef de voûte les initiales L P. Elle date de 1878, comme la sacristie, construite derrière le chœur, et a été réparée vers 1920 comme en témoignent les matériaux utilisés. Les chapelles latérales ont été construites au milieu du XIXe siècle. Percées d’une baie étroite, voûtées d’ogives et peintes, elles ouvrent sur la nef par deux grandes arcades ogivales. L’une est dédiée à la Vierge, l’autre, à l’est, à saint Joseph. À l’ouest, l’appendice, de bel appareil, voûté de pierre, qui jouxte le mur nord de la chapelle, est sans doute l’élément le plus ancien, seul témoin d’un édifice qui a précédé l’église gothique. Il a longtemps servi de sacristie.
Du mobilier, on retiendra que la chaire, quelques éléments de boiseries murales, un chemin de croix lithographié en couleurs sont, comme les vitraux, du XIXe siècle. La pièce maîtresse est un grand retable de bois sculpté et peint, probablement de la fin du XVIIe s. qui occupe tout le fond du chœur. L’élément principal en est un panneau représentant sainte Catherine d’Alexandrie, debout, couronne radiée sur la tête, la palme du martyr dans une main, le glaive dans l’autre, écrasant du pied un homme à terre coiffé d’un turban tandis qu’un ange lui présente une couronne de fleurs. Ce panneau est encadré de colonnes torses sur lesquelles s’enroulent rinceaux de vigne et grappes de raisin. Le retable garde trace de l’emplacement de divers éléments décrits par l’abbé Cazauran à la fin du XIXe siècle : statues polychrome d’un groupe de sainte Anne à gauche, sainte Catherine à droite ; toile représentant saint Roch au-dessus. Il a été inscrit en 1996 (2).
Pour la réfection de la couverture, la Sauvegarde de l’Art français a accordé une aide de 4 000 euros en 2009.
Françoise Dumas
(1) Dictionnaire des châteaux de France sous la direction d’Yvan Christ. J. Gardelles, Guyenne, Gascogne…. Paris, 1981, p.262. Notice de J.-H. Ducos. Le document auquel il est fait référence aurait été transcrit par Mgr de Carsalade- Dupont selon M.-Th. Ducos.
(2) Renseignement du à Jacques Lapart, conservateur des antiquités et objets d’art.
Bibliographie :
Arch. Dép. Gers. V 303 , V 1100 – Dossier archéologique Auch S.E. Ornézan.
Abbé J.-M. Cazauran, Monographies paroissiales de l’archidiocèse d’Auch.
Dom Brugèles, Chroniques ecclésiastiques du diocèse d’Auch. Toulouse, 1746 . Preuves de la troisième partie, p.75, p.463.
Abbé Breuils, Quatre pouillés du diocèse d’Auch des XIVe et XVe siècles , Bull. de la Soc. archéologique du Gers, 1900, p.196 et ss., 1901, p.181 et ss. – v. aussi 1933, p.175, 1935, p.112. –
- Cursente, Les castelnaux de la Gascogne médiévale . Gascogne gersoise. Bordeaux, 1980, p.147.
Abbé Breuils, Une des « voix » de Jeanne d’Arc, Sainte Catherine dans le diocèse d’Auch, Bull. de la Soc. archéologique du Gers, 1920, p.34-43.
- Deloffre et J. Bonnefous, Églises, châteaux et fortifications du Gers occidental du Moyen Age à la Renaissance. Anglet, Atlantica, 2003, p.101.
Les communes du Gers. Monographies sous la direction de Georges Courtès. Auch, Soc. archéologique et historique du Gers. Tome I, arrondissement d’Auch, Auch, 2003, p.76.
Le projet en images
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