Centre-Val de Loire, Eure-et-Loir (28)
Ormoy, Église Saint-Pierre
Édifice
Sous des aspects extérieurs austères, l’église Saint Pierre renferme des trésors d’architecture et un riche mobilier.
L’édifice présente une réelle unité architecturale qui peut faire penser à une reconstruction fin XVe –début XVIe siècle, comme le montrent le large portail de la façade ouest de type Renaissance et les 15 baies.
A l’extérieur la porte principale en bois avec des clous incrustés est surmontée de la statue de Saint Fiacre. Muni d’un livre et d’une bêche, il était à l’origine peint comme le prouvent les traces de polychromie encore visibles. L’intérieur de l’édifice est éclairé par 15 fenêtres ogivales de vitraux blancs.
A l’intérieur, on peut constater l’existence d’un riche mobilier qui date essentiellement des XVIIe et XVIIIe siècles. On trouve, par exemple, les fonts baptismaux en bois peint réalisés par Louis Préau en 1774. Juste devant se trouve une pierre tombale dont on peut encore distinguer quelques éléments de relief. Une dédicace est apposée sur le mur à proximité et évoque les défunts Jehan Morice et Guillemette Deschamps qui ont fait don de 20 arpents de terre à la fabrique d’Ormoy contre la célébration de messes perpétuelles lors de l’anniversaire de leur décès. Une autre inscription du même type est visible dans l’église. On remarque ensuite un placard peint qui abritait les bannières de la confrérie de Saint Fiacre qui disparait en 1788 à la mort du curé Louis Gilles Moussard. A côté, se situe le confessionnal en bois peint et sculpté des instruments de la Passion du Christ. Il fait face au banc d’œuvre en bois peint également. Les marguilliers de la fabrique d’Ormoy y prenaient place. Leur nom est connu grâce aux registres paroissiaux.
Le chœur est délimité par deux autels et un arc triomphal surmonté d’un Christ en croix. L’un est surmonté d’un retable composé d’un tableau de L’Annonciation avec un tabernacle. Le second est surmonté d’un, tableau de Claude Delpouve Saint Pierre aux liens réalisé en 1992. Il remplace probablement un tableau représentant Saint Sébastien, dont on ne retrouve trace malgré sa présence dans l’inventaire de 1905. Le mobilier du chœur est assez complet avec un lutrin, un cierge pascal, un bâton de procession. Le retable en bois peint (avec un tableau de Saint Fiacre refusant la couronne et statues) cache derrière lui la sacristie qui permet de voir l’envers du décor.
Plusieurs inscriptions datant du XVIIIe siècle sont visibles notamment sur la charpente : « Fait par Louis Préau, menuisier à Nogent le Roi en 1768, Louis Gilles Moussard, curé, Louis Gueux marguillier, Jean Grandchamp, marguillier honoraire ». Ou bien encore sur la cloche Marie bénite en 1753. D’autres cloches avaient été bénites auparavant en 1633 et en 1735. Le clocher qui l’abrite a fait l’objet d’un important marché dont celui de 1726 qui donna lieu à la bénédiction des chevilles de bois qui serviront à sa construction lors d’une messe accompagnée du concert des violons. Il s’agissait de le « rendre stable et immobile comme une roche, contre toutes sortes de vents, foudres, tempêtes et orages qui pourraient être suscitées par les malins esprits. » Une horloge a également été installée à la fin du XVIIIe siècle dans le clocher. Elle a été récemment restaurée et cela a permis de découvrir des inscriptions qui confirment la période d’installation.
Les procès-verbaux des conseils municipaux au XIXe siècle relatent régulièrement la nécessité de travaux pour préserver l’église. Ainsi le 17 octobre 1858, il est fait « état de dégradations, tel qu’il pouvait en résulter pour l’avenir de graves inconvénients ». En 1879, il est fait mention du grand éloignement de la commune par rapport à la paroisse de Néron à laquelle Ormoy est rattachée pour le culte. Le conseil municipal demande alors que l’église devienne une chapelle vicariale étant entendu qu’elle a tous les ornements nécessaires pour l’office divin. Le conseil municipal est même prêt à faire construire un presbytère et à donner 300 francs pour être desservi mais la demande est rejetée. L’inventaire de 1905 confirme le nombre et la qualité des ornements.
Le bombardement de l’aviation allemande du 13 juin 1940 provoque d’importants dégâts, endommageant la couverture et les vitraux notamment. Les travaux de restauration sont financés, en partie, par l’Etat au titre des dommages de guerre. Ils sont achevés en 1942. L’atelier Lorin a restauré les vitraux. Le mobilier a été classé au titre d’objets en 1939, en 1963 et en 2020. Une campagne de restauration du pavage, des toiles peintes, du mobilier a été menée entre 1970 et 1977. La cérémonie de présentation des travaux de restauration a eu lieu en septembre 1977 en présence de l’évêque de Chartres.
Dans les années 1980-2000, les travaux se succèdent pour remplacer les tuiles lors des différentes tempêtes, changer en urgence les pierres de l’ogive d’une baie qui s’effritent. La mise en lumière de l’édifice a été inaugurée en 1992. L’église sert actuellement pour les cérémonies religieuses et la messe lors de la fête patronale.
Mais face à l’augmentation des désordres structurels visibles à l’œil nu, la pérennité de l’édifice est menacée. La Sauvegarde de l’Art Français a donc décider de donner 12 000 € pour la restauration de la charpente et de la couverture de la partie ouest.
Le projet en images
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