• Supprimer
  • Supprimer
  • Supprimer

L’église dédiée à saint Vincent a été fondée par saint Eufrone, évêque de Tours au milieu du VIe siècle. Grégoire de Tours raconte quelques années plus tard que la relique de saint Vincent qui s’y trouvait conservée avait été volée, puis restituée, et que lors de la procession de son retour un malade avait été guéri. Ce culte de saint Vincent s’est en effet développé à cette époque, peu après la campagne que les fils de Clovis, Childebert et Clotaire, menèrent en 542 contre les Wisigoths d’Espagne. Ils en rapportèrent la tunique de saint Vincent. Childebert fonda à son retour l’abbaye de Saint-Vincent de Paris, devenue par la suite Saint-Germain-des-Prés. Il y fut enterré. L’évêque Eufrone fonda en même temps que Saint-Vincent d’Orbigny, une église Saint-Vincent à Tours, proche de la cathédrale. La fondation de Saint-Vincent d’Antogny-le-Tillac est à rapprocher de ce contexte historique. Antogny fut donnée en 638 par Dagobert à l’abbaye de Saint-Denis.

L’église d’Orbigny se compose d’une large nef rectangulaire couverte en charpente dont le gros œuvre est du XIIe s., à l’exception du mur nord conservé d’un édifice plus ancien et bâti en petit appareil. La porte ouverte dans la façade occidentale est en plein cintre sans tympan et son archivolte comporte trois voussures moulurées de tores et chevrons ; de part et d’autre, des colonnes engagées supportent des chapiteaux corinthiens. Au-dessus, un oculus a été aménagé dans l’ancienne fenêtre en plein cintre. Quatre contreforts plats assurent l’équilibre de ce haut pignon occidental qu’un cordon horizontal sépare en deux niveaux.

La façade sud de la nef a gardé son aspect d’origine, rythmé en trois travées par ses fenêtres hautes en plein cintre séparées par des contreforts plats. Une porte à bossages du XVIIe s. s’ouvre au centre, au-dessus d’un perron. Une corniche droite à modillons court sous le rebord de la toiture.

La façade nord, peu accessible, n’a pas été modifiée au XIIe s., sauf dans sa partie supérieure où l’on a établi une corniche et des modillons à arcatures dont on trouve de nombreux exemples dans la région.

La travée qui précède le chœur et supporte le clocher de charpente est resserrée entre quatre massifs piliers. Elle avait été prévue pour être voûtée sur des ogives dont on voit l’amorce et pour supporter un clocher de pierre important. Cet espace resserré cruciforme est éclairé au nord et au sud par des baies doubles surmontées d’un oculus tréflé sans doute du XIVe siècle.

Le chœur, voûté sur croisée d’ogives toriques, est de la même époque, les ouvertures au nord et au sud sont semblables aux précédentes, le chevet plat est percé d’une grande baie à fenestrage rayonnant. À l’extérieur, de gros contreforts sont destinés à maintenir l’équilibre de la voûte.

La corniche du chœur au nord est supportée par des modillons géométriques. Celle du sud a été modifiée au XVIe s., remplacée par une moulure continue à doucine au-dessus des anciens modillons arasés.

Pour la restauration des contreforts du chœur, la maçonnerie du pignon est et la toiture de la sacristie, la Sauvegarde de l’Art français a accordé en 2002 une aide de 6 860 €.

Ph. Ch.

 

Bibliographie

J. Maan, Sancta et metropolitana ecclesia Turonensis, Tours, 1667, p. 37.

J.-P.M. Dufour, Dictionnaire historique, géographique, biographique et administratif des trois arrondissements communaux du département d’Indre-et-Loire, t. II, Tours, 1812, p. 343-347.

J.-J. Bourassé et C. Chevalier, Recherches historiques et archéologiques sur les églises romanes en Touraine du VIe au  XIe siècle, Tours, 1867 (Mémoires de la Société archéologique de Touraine, série in-4°, t. 1), p. 14-15, 80.

J.-X. Carré de Busserolle, Dictionnaire géographique, historique et biographique d’Indre-et-Loire et de l’ancienne province de Touraine, t. IV,Tours, 1879, p. 415-419.

R. Ranjard, La Touraine archéologique, Tours, s.d., p. 467-468.

Le projet en images