Occitanie, Hérault (34)
Olmet-et-Villecun, Église Saint-Pierre
Édifice
Olmet, lieu planté d’ormes, est un village de quelques maisons, réuni car trop petit à Villecun, son voisin tout aussi petit, en 1832. Il est pourtant millénaire, puisque la villa Holmeto apparaît dans le testament de saint Fulcran, évêque de Lodève, dicté en 988 : celle-ci et l’église s’y rattachant sont alors laissées par le prélat au maître-autel de sa cathédrale. Fulcran, d’après les recherches récentes, appartenait certainement à une famille aristocratique liée aux vicomtes de Béziers et de Nîmes, aux connexions familiales multiples dans l’espace du Languedoc méditerranéen.
L’église du Xe s., élevée par Fulcran ou ses parents, n’est pas, cependant, l’édifice que nous avons sous les yeux aujourd’hui : ce dernier n’est documenté concrètement que par des visites pastorales des XVIIe et XVIIIe siècles. L’éminence aujourd’hui occupée par Olmet est, en effet, dominée par un château, ou du moins son vestige, une tour de pierre en partie ruinée que la petite église semble avoir colonisée. Ce château existait dès l’époque féodale, car il apparaît dans plusieurs textes de la deuxième moitié du XIIe s., comme relevant du chapitre. Dès lors, se pose la question de l’emplacement de l’église primitive, ainsi que celle du rapport de l’église et du village actuels avec l’établissement du haut Moyen Âge. Selon une première hypothèse, on pourrait penser que l’édifice de l’époque carolingienne n’occupait pas le sommet du site, mais plus classiquement un emplacement moins contraint, en contrebas, qu’il faudrait rechercher. En l’absence de documents, il est difficile de se prononcer, mais la topographie générale des lieux et l’aspect de la tour inclineraient plutôt à voir dans l’implantation du village actuel un regroupement opéré autour du château, entre le XIe et le XIIIe s., et dans l’église actuelle dont le chœur occupe la base de la tour, un pis-aller moderne, peut-être conséquence des destructions des guerres de Religion. Occuper la tour a d’ailleurs donné à l’édifice une orientation nord-sud, plus probablement contrainte que choisie.
Dans une deuxième hypothèse, moins probable cependant, on pourrait penser que l’église léguée par Fulcran était un tout petit édifice situé sur la colline, qu’elle se serait trouvée plus tard intégrée au château construit par l’évêque (son abside formant l’amorce d’une tour), et que, malgré le renouvellement des constructions, la topographie actuelle ressemblerait à celle du Xe siècle. Notons encore que le site est très malaisé : il n’y a pas d’eau, et, encore au XXe s., les eaux de pluie recueillies sur la toiture de l’église alimentaient une citerne communale à laquelle les habitants venaient puiser.
La tour occupe sans conteste le sommet du site. C’est une tour carrée, en appareil régulier qui ne paraît pas antérieur au XIIIe siècle. Elle est très fortement réduite par rapport à son état primitif, ayant perdu son côté nord et, sur les autres côtés, la plus grande partie de son élévation. Des arrachements de voûte laissent deviner qu’elle possédait au moins un étage. L’édifice était, avant 1932, plus élevé, mais le 18 septembre de cette année-là, il subit d’importants dommages dus à la foudre, une partie des maçonneries s’effondrant sous l’impact et détruisant la sacristie et la toiture de l’église. Le restaurateur, Paul Dardé, enfant du pays que l’on connaît mieux pour son impressionnante œuvre de sculpteur, mais qui était architecte, n’eut pas d’autre choix que de faire abattre les parties ébranlées de la tour, la réduisant à son profil actuel (1934).
L’église Saint-Pierre, quant à elle, est un petit édifice à nef unique, très modeste, dont l’abside est logée dans l’étage inférieur de la tour. Rien dans les maçonneries de cette construction n’est vraiment caractéristique, qui permette de « signer » de façon indubitable une chronologie particulière. Un caractère médiéval ne peut être exclu a priori, surtout quand l’on examine la fenêtre de la nef en forme d’arc brisé, ainsi que la porte donnant sur le cimetière, en plein cintre, avec des sommiers importants formant chacun un tiers de l’arc : il pourrait s’agir d’éléments médiévaux, mais ils sont si simples qu’ils ont pu être remployés ou imités. Le sentiment porterait plutôt à ne voir dans l’édifice qu’une construction des temps modernes, sachant aussi que les guerres de Religion ont, dans cette partie du Languedoc, abattu la majeure partie des églises. L’édifice possède deux portes, une sur son flanc occidental, ouvrant sur le cimetière, avec l’arc que l’on vient de décrire, et une autre à l’extrémité de la nef, en façade nord, cette dernière datant visiblement du XIXe siècle. Un tout petit clocheton surmonte la porte ouest.
L’intervention récente a porté essentiellement sur les maçonneries et couvertures de la tour et de l’église. Elle consistait en un rejointoiement général, une reprise des brèches, des consolidations. On a remplacé la couverture en tuiles mécaniques des années trente par une couverture en tuiles canal, dont les pentes ont été également modifiées.
Cette campagne de travaux réalisée en 2010 a reçu une contribution de 4 000 € de la Sauvegarde de l’Art français.
Olivier Poisson.