Corse, Haute-Corse (2B)
Oletta, Couvent Saint-François
Édifice
Le couvent Saint-François d’Oletta est situé à 2 km du village, sur la route de Saint- Florent. Il est cité dès le XIIIes. et fut l’un des plus importants couvents franciscains de Corse.
Les religieux d’Oletta eurent une mission d’enseignants, mais ils jouèrent aussi un rôle politique majeur : pendant la république corse de Pascal Paoli (1755-1768), des « consultes » se tinrent au couvent et l’imprimerie républicaine y fut installée. Après la Révolution, l’histoire du couvent fut chaotique : désaffecté jusqu’en 1854, les frères franciscains l’occupèrent de nouveau jusqu’en 1906, et revinrent encore une fois en 1934. Entre 1939 et 1945, les armées successives envahirent les lieux. Vers 1950, une nouvelle restauration intervint pour accueillir des religieux âgés. La dernière sœur est morte au couvent dans les années 1990, ouvrant ainsi une période de dix ans d’abandon.
Actuellement, l’ensemble du couvent est une propriété privée. Le bâtiment d’habitation est à usage familial, tandis que l’église répond à une vocation culturelle d’expositions et de réunions.
Les bâtiments actuels datent des XVIIeet XVIIIes., avec probablement des maçonneries plus anciennes réemployées, mais dissimulées sous des enduits.
L’aile d’habitation, au nord de l’église, comporte deux étages sur rez-de-chaussée, avec une couverture en tegghes(pierres plates). Le rez-de-chaussée et le premier étage sont entièrement voûtés. Cette aile abrite des locaux communs au rez-de-chaussée (réfectoire, cuisine, parloir) et six cellules à chaque étage. Ce bâtiment a été restauré au début du XXIes. et il est en bon état.
Un bâtiment est-ouest est à l’état de ruine dont il ne subsiste que les murs périphériques avec quelques traces de voûtes.
L’église, point central du couvent, orientée, est construite en petits moellons et était enduite par un mortier de chaux, aujourd’hui très dégradé. La façade ouest comporte deux ordres de pilastres superposés. Elle est percée d’un portail monumental de style classique, surmonté d’une fenêtre qui éclaire la nef. Un cartouche portant la date de 1872, indique l’année d’une restauration. Les façades latérales comportent de solides contreforts qui abritent, en partie basse, les chapelles latérales de la nef. Une petite porte, de côté, permet d’accéder directement près de l’autel.
L’intérieur de l’église a beaucoup souffert des années d’abandon : stucs cassés, dallages et statuaire volés. La nef est couverte d’une voûte en plein cintre en maçonnerie. Des lunettes permettent l’éclairage naturel de son grand volume. Les travées sont rythmées par des pilastres composites en stuc. Entre les pilastres, les grandes arcades donnent accès à neuf chapelles latérales édifiées entre les contreforts. Chacune d’elles abrite un autel avec un riche décor en stuc. Leur état médiocre et la disparition des statues qui les ornaient ne permettent plus de déterminer à quels saints ces chapelles étaient dédiées.
Une crypte, sous la nef principale, abrite les tombes de nombreux frères décédés au couvent. Le chœur, qui mesure à lui seul près de 13 m de long, a malheureusement été recoupé pour créer des salles de réunion, dans laquelle on retrouve l’architecture de la nef.
L’autel principal, de style baroque et d’inspiration très italienne, comporte plusieurs registres superposés. Il est cantonné par deux angelots, également en stuc, et conserve quelques vestiges de polychromie en dépit de son état préoccupant.
La sacristie fait suite au chœur de l’église. Pièce carrée, voûtée en arc de cloître, elle ne comporte plus aucun décor. Elle constitue actuellement le seul accès au four du couvent, à la suite d’aménagements modernes.
La campagne de travaux qui vient de s’achever a vu la restauration des couvertures en tegghesdes chapelles latérales, ainsi que la restauration de la porte d’entrée principale de l’église. La réfection de la couverture en tegghesde l’église est programmée.
La Sauvegarde de l’Art français a contribué pour 18 000 €, en 2007, au financement de ces travaux.
Jean-Louis Hannebert