Nouvelle-Aquitaine, Charente-Maritime (17)
Nantillé, Église Saint-Hilaire
Édifice
Église Saint-Hilaire. Cet édifice, comme beaucoup d’autres églises en Saintonge et Aunis, a subi les ravages de la guerre de Cent ans, mais surtout, a beaucoup souffert des guerres de Religion au XVIe siècle. Il subsiste de l’église romane le mur sud de la nef, en bel appareil moyen régulier, comportant trois travées scandées par des contreforts plats. Les deux premières en partant de l’ouest conservent chacune une fenêtre à décor saintongeais caractéristique des années 1135-1140 : baies étroites en plein cintre ourlées d’un mince tore, qu’encadre une voussure également amortie par un tore et pourvue d’une archivolte (à motifs en amande posés en dents de scie dans la première et pointes de diamants dans la seconde), retombant sur des tailloirs en cavet décoré avec retour. Les chapiteaux correspondants présentent d’élégants feuillages d’un découpage franc, tandis qu’à la seconde fenêtre le chapiteau gauche est orné d’un masque grotesque engoulant. La troisième fenêtre est plus petite et plus simple, mais la qualité de ce gouttereau fait regretter ce qui a disparu. À la suite vient un chœur gothique plus étroit comportant trois travées, scandé au midi d’énormes contreforts sous glacis probablement ajoutés au XVe siècle. Il est percé de fenêtres inégales. Le chevet plat est éclairé d’une baie en arc brisé comportant un remplage refait à trois lancettes sous petits quatre-lobes. Au nord, entre chœur et nef, le clocher carré, aujourd’hui dépourvu de caractère, conserve néanmoins de minces contreforts d’angles obliques et une porte obturée en anse de panier dont la mouluration évoque les années 1500. Le mur nord de la nef, remonté, est sans intérêt, de même que la façade, où l’on a cependant remployé un fragment de voussure à décor de nids d’abeille, unique vestige d’une décoration romane perdue, sans doute plus riche à l’origine.
À l’intérieur, la nef est rythmée du côté méridional par des colonnes engagées sur de hauts soubassements. Les chapiteaux sont nus, la voûte a disparu. Le chœur, rétréci à son entrée par deux ressauts latéraux, présente des colonnes engagées assez semblables à celles de la nef, mais coupées dans leur partie inférieure où les culots sont ornés de masques d’hommes et de femmes plutôt frustes. Ce chœur a reçu au XIIIe s. trois travées voûtées d’ogives aujourd’hui ruinées sauf la plus orientale ; dans le mur sud a été conservée une piscine trilobée.
La Sauvegarde de l’Art français a donné 9 000 € en 2005 pour participer aux travaux de consolidation du chœur et des contreforts.
Pierre Dubourg-Noves
Bibliographie :
- Connoué, Les églises de Saintonges, t.III, Saintes, 1957.
- Crozet, L’art roman en Saintonge, Paris, 1971, p. 125, n. 37.
- Blomme, L’architecture gothique en Saintonge et en Aunis, Saint-Jean-d’Angély, 1987, p. 120.