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Murat est l’une des plus anciennes cités cantaliennes et son nom apparaît dans les textes dès l’an 270 de notre ère comme l’un des lieux de prédication de saint Mamet. Toutefois, ce n’est que peu après l’an Mil que des textes mentionnent la déjà puissante vicomté de Murat et son siège, la forteresse ou ville fortifiée appuyée au château, qualifiée en 1263 de castrum apud castrum de Murato. A la croisée des chemins reliant les hauts plateaux aux vallées, mais également sur les routes commerciales médiévales, Murat va connaître rapidement un développement important. 

La première église Saint-Martin, probablement fondée entre le VIIIe et le Xe s., laisse la place, au XIVe s., à l’Église collégiale Notre-Dame, nommée par la suite Notre-Dame-des-Oliviers. Le chapitre commence la construction en 1380 et l’église est consacrée en 1383. L’emplacement disponible ne permet pas l’orientation de cet édifice de plan rectangulaire à chevet plat, et le chœur prend place au nord-nord-est. Le clocher au sud-sud-ouest est érigé en 1430 et l’église agrandie de sept chapelles tout au long du XVe siècle. En 1493, la foudre frappe l’édifice et l’incendie. L’église est à nouveau consacrée en 1494 après une rapide reconstruction à l’initiative de l’évêque de Saint-Flour, avec l’appui financier de Pierre et Anne de Beaujeu et des habitants de Murat.

Peu de transformations notables jusqu’au XIXe siècle. Avec le Concordat, le nouvel évêque de Saint-Flour annonce « un grand travail de rénovation religieuse ». Le conseil de fabrique et la ville s’organisent et une campagne de restauration-rénovation commence à Murat. Le clocher, qui se présente aujourd’hui comme une tour élancée de section carrée, était auparavant couvert d’une flèche. Il est l’objet d’une première tentative de restauration en 1820. Les travaux sont mal exécutés et sonner les cloches met en péril la construction. De nouvelles interventions sont planifiées : l’ancien beffroi est surélevé de 1840 à 1842  et le clocher-bulbe, unique dans le Cantal, est construit en 1848. La voûte en bois de la nef et du chœur est remplacée par une voûte en briques en 1854 et l’intérieur de l’église est restauré à la même époque. Au début du XXe s., les différents agrandissements ont conféré à l’édifice un plan irrégulier et de nombreuses maisons d’habitations l’enserrent encore. En 1926, plusieurs d’entre elles sont détruites afin de construire un portail et un porche (face à la halle du XIXs.), dégageant ainsi la façade sud. L’échauguette caractéristique de l’une de ces maisons est alors incluse dans ce même mur sud.

Les façades non enduites laissent apparaître une construction en pierre de taille de moyen appareil, excepté la surélévation de la nef réalisée en moellons de tout venant. La couverture de l’édifice est en lauzes de phonolite ; celle du clocher-bulbe, restaurée en 2011, est en ardoise.

L’église est, à l’origine, composée d’une nef unique de quatre travées voûtées sur croisées d’ogives. A chaque travée correspond une chapelle latérale. Une cinquième travée plus étroite protège la tribune.

Notre-Dame-des-Oliviers abrite un riche mobilier protégé au titre des monuments historiques : le maître-autel et sa toile de 1831, un retable polychrome (XVIIIs.), plusieurs objets d’orfèvrerie, diverses statues du XVIIe s. en bois polychrome et doré, ainsi que d’intéressants tableaux comme un Saint Jacques et six donateurs daté de 1640. La statue (en bois d’olivier ?) de Notre-Dame fait l’objet d’un culte très ancien, la tradition voulant que, rapportée de la croisade par saint Louis, elle ait survécu à l’incendie de la collégiale et qu’elle protège depuis lors la ville de la foudre et les habitants de différents maux. Volée en 1983, la copie aujourd’hui en place est toujours revêtue de nombreuses parures par les fidèles.

Les travaux considérables engagés en juin 2015 prendront fin en 2019. Il s’agit de la restauration complète de la lourde toiture en phonolite. Le montant des travaux s’élève à plus de 1,3 million d’euros financés par la Drac, le conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes, le conseil départemental du Cantal et la commune, avec quatre dons de la Sauvegarde de l’Art français entre 2016 et 2019, soit au total 50 000 €.

Véronique Breuil-Martinez

Bibliographie : 

Conservation des antiquités et objets d’art du Cantal : objets mobiliers de Notre-Dame-des Oliviers classés MH.

Unité départementale de l’architecture et du patrimoine du Cantal (Aurillac) : dossier Notre-Dame-des-Oliviers.

P. de Chazelles, « Murat et le Muradès », dans J.-B. Deribier du Châtelet, Dictionnaire statistique, ou histoire, description et statistique du département du Cantal, nouv. éd., Aurillac, 1856, p. 395-520 (réimpr. Chamalières, 2016).

J.-B. Delort, Notice historique sur Notre-Dame-des-Oliviers, depuis ses origines jusqu’à nos jours, par un enfant de Murat, ou documents pour servir à l’histoire de cette ville, Saint-Flour, 1878.

L. Bouyssou, « Restaurations et constructions d’églises au xixsiècle dans l’ancien arrondissement de Murat », Revue de Haute-Auvergne, t. 59, 1997, p. 359-443.

Le projet en images

Murat (15) Eglise Notre-Dame des Oliviers

Murat (15) Eglise Notre-Dame-des-Oliviers

Copyright Gilles Chabrier

Murat (15) Eglise Notre-Dame des Oliviers

Murat (15) Eglise Notre-Dame des Oliviers

Murat (15) Eglise Notre-Dame-des-Oliviers

La couverture en lauze de phonolites avant restauration.

Murat (15) Eglise Notre-Dame des Oliviers

Murat (15) Eglise Notre-Dame des Oliviers - Copyright Pierre WEILER

Réfection à l’identique des travées ouest de la charpente en chêne.

Murat (15) Eglise Notre-Dame des Oliviers - Copyright Pierre WEILER

Copyright Pierre WEILER, Architecte du patrimoine

Murat (15) Eglise Notre-Dame des Oliviers

Copyright Pierre WEILER, Architecte du patrimoine

Crédits photos : Pierre Weiler, Architecte du patrimoine

Murat (15) Eglise Notre-Dame-des-Oliviers

Copyright Gilles Chabrier

Murat (15) Eglise Notre-Dame des Oliviers