Normandie, Eure (27)
Montreuil-l’Argillé, Église Saint-Aquilin
Édifice
L’église Saint-Aquilin d’Augerons est nichée au creux de la petite vallée de la Guiel, au cœur du Pays d’Ouche, à la limite des départements de l’Eure et de l’Orne. La plus ancienne mention de la paroisse revient à Orderic Vital, historien du XIIe s. et moine de l’abbaye toute proche de Saint-Évroult (Orne) : il indique que la paroisse fut donnée à l’abbaye en 1050 par le seigneur du lieu, Guillaume Giroie. La donation fut plusieurs fois confirmée au XIIe siècle ; elle comprenait des terres, les dîmes et le patronage de l’église, qui était rattachée au diocèse de Lisieux. Les deux communes de Saint-Aquilin d’Augerons et de Montreuil-L’Argillé ont été réunies en 1963.
D’origine romane, l’église a été, comme souvent en Normandie, reconstruite après les destructions de la guerre de Cent Ans, aux XVe et XVIe siècles.
L’édifice, qui a gardé son enclos paroissial, est de plan rectangulaire : la nef est prolongée par un chœur plus étroit contre lequel a été adossée une sacristie. Extérieurement le volume principal est celui de la nef, de trois travées, construite en moellons de grès ferrugineux et maçonnerie de silex liée au mortier. Le pignon ouest, à chaînage harpé, présente une porte d’entrée sous une large baie rectangulaire à linteau monolithe. Un porche à colombage la précédait jusqu’au milieu du XXe siècle. Le mur nord de la nef a été entièrement repris en brique en 1877-1878 avec ajouts de contreforts et repercements des baies. Les témoignages les plus anciens (XIe-XIIe s.) sont sans doute ceux du mur méridional qui porte des traces d’opus spicatum en partie basse du côté du chœur. On peut voir dans les trois baies du mur sud de la nef un raccourci de l’histoire de l’édifice : une baie tréflée du XIIIe s. à l’est, une ouverture sous arc en tiers-point du XVe ou du XVIe s. à l’ouest, et en partie centrale une baie en plein cintre héritière d’un repercement du XVIIIe ou du XIXe siècle.
La nef est coiffée à l’est d’un clocher carré surmonté d’une flèche. La girouette de fer ornée de fleurs de lys date du XVIIe ou du XVIIIe siècle. Le chœur, plus étroit, possède deux travées. Le contrefort d’angle présente une structure maçonnée sur un soubassement de moellons de grès. Une forte corniche en quart de rond coiffe l’élévation du mur méridional. La petite baie tréflée qui éclaire le chœur est analogue à la baie orientale de la nef. La sacristie en brique, à travée unique, porte la date de 1743.
L’intérieur de la nef se compose d’un volume unique, couvert d’une voûte lambrissée. La partie est correspondant au clocher a été remaniée au XVIIIe s., avec un plafond plat à moulures et corniche denticulée, en plâtre ; de chaque côté se dressent deux retables en bois. Le chœur à voûte lambrissée est occupé en sa partie orientale par le retable principal (XVIIIe s.) en bois à décor polychrome ; au centre, une Adoration des Bergers sur toile signée « Piquenard de L’Aigle 1849 » , peut-être d’après Charles Le Brun. Les trois retables ont été restaurés en 2002-2003.
L’église avait été endommagée en 1944 lorsque les Allemands avaient fait sauter le pont de la Guiel tout proche ; elle le fut également lors de la tempête de décembre 1999. Une importante campagne de travaux a été menée en 2002 pour les extérieurs : reprise intégrale de la toiture, y compris celle du clocher, réparation des contreforts du mur nord, des soubassements, rejointoiement des murs, restauration du pignon ouest. La même année, une association, les Amis de Saint-Aquilin, a été créée. La Sauvegarde de l’Art français a participé aux travaux en accordant 8 385 €.
L. D.
Bibliographie :
A. Le Prévost, Mémoires et notes pour servir à l’histoire du département de l’Eure, éd. L. Delisle et L. Passy, t. I, Évreux, 1862, p. 141-142 : « Augerons ».
M. Charpillon et abbé A. Caresme, Dictionnaire historique de toutes les communes de l’Eure, t. II, Les Andelys, 1879, p. 741 : « Saint-Aquilin d’Augerons ». (Réimpressions : Paris, 1966, Paris, 1992.)
M. Baudot, « Les églises des cantons de Broglie et de Thiberville, Nouvelles de l’Eure, n° 23, printemps 1965, p. 20.
M. Mesnil, « Canton de Broglie… Montreuil l’Argillé : église Saint-Aquilin d’Augerons », Bulletin des amis et des monuments et sites de l’Eure, n° 107, 2003, p. 4-5.
Site Web de Montreuil-l’Argillé (2002) : www.montreuil-l-argille.fr