Grand Est, Meuse (55)
Montmédy, Chapelle de la Nativité de la Vierge
Édifice
Le village d’Iré les Prés, dénommé Ureia puis Iray la Prez (signifiant prairie en avant de l’eau), fut rattaché à Montmédy en 1793.
Une première chapelle aurait été édifiée au VIème siècle. Une bulle d’Urbain II, en 1096, mentionne deux églises à Ureia: l’une dédiée à Saint Martin, l’autre à Notre Dame de la Nativité. La chapelle Notre Dame fut reconstruite à diverses époques, le chœur au XVème siècle, le reste de l’édifice aux XVIème et XVIIème siècles puis maintes fois réhabilitée, aux XIXème et XXème siècles.
La chapelle a connu plusieurs campagnes de travaux. Son architecture nous dévoile qu’elle a été fondée au XVème siècle, cependant, cela ne signifie pas qu’il n’y avait rien auparavant. Aujourd’hui les traces du XVème siècle sont visibles dans le choeur. Les ogives prismatiques à pénétration et le remplage de la baie axiale, indiquent tous deux le style gothique flamboyant. La baie possède, toutefois, des formes plus symétriques que tortueuses, soulignant une datation plus XVème que XVIème siècle.
La forme des baies, en arc surbaissé, est typique du XVIIème siècle. Les quatre baies se situant au Nord et au Sud, sont identiques. Ainsi, il est probable qu’à cette époque, l’ensemble de ces ouvertures aient été refaites. Durant la même campagne de réfection, la voûte d’arêtes de la nef a probablement été refaite. En effet, là où le XVème siècle privilégie les voûtes de pierre, le XVIIème siècle érige des plafonds de bois peints, à l’instar de la chapelle d’Iré-les-Prés. De plus, les corbeaux sur lesquels repose la voûte, sont ornés de denticules, motif relevant du style classique. Les contreforts établis sur le chevet et le mur gouttereau Sud ne sont pas solidaires de la structure. Ce qui signifie qu’ils ont été érigés a posteriori. Les contreforts du chevet sont placés en diagonale des angles qu’ils supportent. Ce type de placement apparaît à partir du XVIème siècle. Par conséquent, il est probable que ces contreforts aient vu le jour en même temps que la campagne de réfection de la chapelle. Cette supposition est en accord avec le potentiel changement de voûtement de la nef. Les travaux entraînant des modifications structurelles importantes ont probablement fragilisé l’édifice, qui a donc eu besoin de contreforts pour accepter les nouvelles charges.
Aucune datation précise ne peut être proposée pour la construction de la sacristie et du clocher. Cette date peut cependant être référencée dans les délibérations communales.Aux vues de la sacristie comportant des pierres taillées mécaniquement et l’absence de corniche ; et du clocher comportant des ouvertures géométriques sans mouluration et l’absence de corniche, ces structures auraient vu le jour à partir du XIXème siècle au plus tôt. Sachant que le cadastre ancien ou communément appelé cadastre Napoléonien, datant de 1848, dépeint une chapelle sans sacristie.
La chapelle est élevée sur un aplanissement d’une pente naturelle. La partie orientale de l’édifice est au niveau de la rue des Cannes, alors qu’en partie occidentale, il est nécessaire d’emprunter un escalier.
La structure est essentiellement composée de pierre calcaire. Ces dernières proviennent sûrement de carrières se situant dans un rayon de 5 km, comme il était d’usage durant la période médiévale. Les maçonneries sont composées d’un jointoiement à l’extérieur, exception faite du clocher, et d’un enduit à l’intérieur. Les pierres utilisées sont dites en « pierre de taille » pour les chaînes d’angle et les ouvertures (baies et porte). Le reste de la maçonnerie est réalisé en pierre équarrie. Cette combinaison est courante lors de constructions et témoigne d’une possibilité financière des commanditaires. En effet, dans le cas où, les commanditaires possédaient une aisance financière importante, l’ensemble de la bâtisse aurait été réalisée en pierre de taille ; dans le cas où, il n’y avait aucune possibilité financière, l’ensemble aurait été construit avec de la pierre de champs non taillée. Les pierres de taille ont été réalisées par deux tailleurs dont aujourd’hui, il ne reste plus que les marques de tâcherons « M » et « V ». Le toit est quant à lui est en ardoise.
La façade occidentale est constituée d’une porte d’accès formée d’un arc surbaissé et souligné par un tore. Le bas de la porte d’entrée conserve ses grattoirs permettant aux fidèles de nettoyer leur chaussure avant de pénétrer dans les lieux. Ce sont les seuls grattoirs du canton de Montmédy appartenant à un édifice religieux. La porte est surmontée d’une niche bordée d’une modénature et couronnée d’une conque. Le pignon est de forme polygonale à base ouverte. Les pierres dessinant son contour sont taillées en doucine. Au sommet, s’élève un clocher quadrangulaire coiffé d’un toit particulier. Ce dernier comporte sur sa face Ouest, une horloge et sur ses faces Nord et Sud, trois ouvertures avec des ouïes.
Le mur gouttereau Nord comporte une baie en arc surbaissé avec une légère moulure. Au-dessus de la baie, un arc de décharge4 est visible. Le pied du mur possède un ressaut à glacis, encourageant l’eau de pluie à s’éloigner des fondations. La sacristie a été adjointe a posteriori à la structure, preuve en est, qu’aucune pierre ne fait le lien entre les deux structures. La sacristie comporte deux baies, l’une sur sa face Ouest, l’autre à l’Est ; elle ne possède pas de corniche ni de ressaut.
Le mur Nord du chevet est identique au mur gouttereau Nord. Toutefois, la baie ne comporte pas d’arc de décharge entre l’ouverture et la corniche. À remarquer, la présence de pierres calcaires rougies sous la baie. Signe d’un incendie ou d’un réemploi de pierres qui ont connu un incendie.
La façade Est de l’église, correspondant au chevet est pourvue de deux contreforts positionnés aux angles. Ces contreforts positionnés en diagonale, sont de hauteur identique et possèdent un glacis à ressaut pour éloigner l’eau de pluie de leurs pieds. La corniche est identique aux faces Ouest et Nord. La baie située au centre du mur est en forme d’arc brisé avec un contour mouluré et possède une assise à glacis. Le remplage de la fenêtre est composé de deux lancettes et un soufflet en forme de flamme, typique de l’art gothique flamboyant. L’arc de décharge est présent malgré le manque de place. À noter, la présence de coups de sabre dans la maçonnerie et de pierres de taille imposantes, évoquant une disposition murale différente (baie plus longue ou ouverture autre).
La chapelle est constituée d’une nef à travée unique voûtée en arête reposant sur des corbeaux sculptés. Une tribune s’élève sur les quelques mètres de l’entrée et est accessible par un escalier. Les baies sont identiques et ne comportent pas de modénature mais uniquement un glacis.
L’arc triomphal séparant la nef du chœur est composé d’un emmarchement de deux marches en marbre sous un arc brisé à bord en scotie.
Le chœur à chevet plat est voûté d’ogive quadripartite à profil prismatique. Ces ogives pénètrent les colonnes disposées aux quatre angles du chœur. La clef de voûte est ornée d’une croix de David avec potentiellement un blason effacé. La porte de la sacristie se situe sur le mur nord du chœur. Les baies des murs Nord et
L’intérieur de l’édifice est totalement enduit et comporte par endroits des traces de polychromie. La voûte de la nef possède des traces beiges et bleues. Le méplat de l’arc triomphal possède des rinceaux bleus à feuilles. Dans le chœur, les ogives sont jaunes et la clef de voûte rouge. Les quartiers de voûtes possèdent des traces bleues ou jaunes. Certains, comme ceux situés au Nord-Ouest ou au Sud-Est, possèdent un fond bleu et une frise à vagues sur fond rouge. Le contour des baies est pourvu d’un fond bleu à motifs floraux noir, le tout cerné d’un liseré rouge. Sur le mur Est de l’abside à proximité de l’angle Sud-Est, est dessiné un motif de fleur de lys, aujourd’hui extrêmement peu lisible.
Le projet en images
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