Auvergne-Rhône-Alpes, Drôme (26)
Montfroc, Église Saint-Clair
Édifice
DESCRIPTION
L’église Saint-Clair se compose d’une nef avec deux bas-côtés qui se terminent à l’est par une abside à chevet plat et deux chapelles absidiales à chevet plat.
Ses dimensions restent modestes (14 mètres de long sur 12 mètres de large avec les deux bas côtés), mais correspondent bien aux dimensions des édifices ruraux des périodes médiévales et modernes.
La partie la plus ancienne est un bâtiment constitué d’une nef et de deux bas-côtés, associé à un chevet remanié par la suite. Les deux bas côtés sont voûtés d’arêtes, la nef est voûtée en berceau brisé, voûte largement remaniée, et le chœur présente une voûte en berceau en plein cintre. Le collatéral sud est dédié à la Vierge, celui du Nord à Saint-Clair.
Les fouilles archéologiques réalisées en 2018 n’ont pu démontrer d’éléments dans les maçonneries évoquant un bâtiment plus modeste, mettant à mal l’hypothèse selon laquelle le choeur daterait du XIIIe siècle. Nous nous situons aux alentours du XVIe siècle au plus tôt.
Par la suite, la sacristie et un presbytère sont greffés sur la partie est de l’église. L’actuel clocher a été bâti entre 1868 et 1873, à l’entrée de l’église, situé au sud-ouest et vient terminer à l’ouest le bas-côté sud qui, jusqu’alors ne comptait que deux travées. Il est bâti en lieu et place d’un clocher plus ancien dont l’emplacement reste à définir. La mise en place de génoises place bien la couverture dans le XIXe s. Sa partie supérieure est ornée sur ses quatre faces de petites baies géminées sous arc brisés assez sobres et non moulurées. Au sol, une dalle de béton semble dater de la dernière campagne de restauration du début du XXe siècle. Le choeur a gardé son sol ancien au même titre que la sacristie.
Le décor intérieur se résume principalement à la fresque du chœur qui présente deux anges. Tout comme le sol et les enduits en faux appareil, il est daté de 1901. A l’ouest, un vitrail, daté de la fin du XIXe siècle, représente Saint-Clair.
HISTOIRE
Des vestiges d’une sépulture à bâtières datant des VIIe-VIIIe siècles attestent d’une occupation funéraire dès le Haut Moyen Âge. Probablement, l’ancienne église médiévale a été arasée au moment de la Renaissance pour des raisons d’instabilité du sol.
Le nom de Montfroc apparaît dans un document de 1246 où il est cité un castrum de Monte Froco. Pour certains, ce nom renvoie à l’habit des moines, le froc et pour d’autres froccus-flocus aurait désigné également une terra inculta synonyme de faustrum. Une autre hypothèse : le toponyme pourrait résulter d’une déformation de Mons Fractus, c’est à dire le Mont Fracturé en référence aux gorges qui s’ouvrent dans les parois rocheuses de la vallée.
Plusieurs édifices existaient sur le territoire de la commune de Montfroc. Une église Notre-Dame était associée au site de l’ancien castrum de Montfroc, situé au hameau de Villevieille. La présence de la chapelle Notre-Dame de l’Assomption dans le hameau de La Bégüe, datée de la période moderne, laisse penser que, lors de l’abandon total du castrum, les habitants conservèrent le vocable de l’ancienne église pour leur nouveau village.
L’église Saint-Clair, située 150 mètres au-dessus du hameau des Asnières, est l’ancienne église paroissiale de Montfroc. Les visites de l’ordre de Cluny nous apprennent que cette église était le siège du prieuré qui, à partir des années 1360, dépendait de l’ordre de Cluny et qui fut placé sous la dépendance directe au XVe siècle du prieuré de Lagrand.
D’abord consacrée à Saint Gervais, l’église du village passe, en 1772, sous le patronage de Saint Clair, patron des aveugles. Ce changement est décidé par l’évêque de Sisteron et le curé de Montfroc pour plaire à Françoise de Lériger la Faye, épouse du Comte de la Tour du Pin, seigneur de Montfroc et originaire de Saint Clair sur Rhône.
Sans être désacralisée elle a été, du fait de sa dégradation, abandonnée au profit de la chapelle Notre-Dame de l’Assomption, située sur le hameau voisin de Bégüe. Certains anciens habitants de la commune se souviennent de la figure exceptionnelle du dernier curé de l’église, l’abbé Heurteloup, riche aristocrate et archéologue qui, sur ses fonds propres, redonna de l’éclat à l’église en la rénovant à l’intérieur et à l’extérieur, s’opposa aux autorités de l’Etat et œuvra par ailleurs pour ses pauvres paroissiens jusqu’à sa propre ruine.
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