Bourgogne-Franche-Comté, Nièvre (58)
Montenoison, Église Notre-Dame-de-l’Assomption
Édifice
Située à quelques kilomètres au nord-est de Prémery, la colline de Montenoison attire chaque année des milliers de visiteurs : du haut de ses 417 mètres, on peut, en effet, découvrir les paysages du Nivernais central jusqu’aux monts du Morvan.
Cette situation exceptionnelle n’avait pas échappé à nos lointains ancêtres. Montenoison est un site d’habitat ancien, dès la Préhistoire. Les Gaulois ont, à leur tour, occupé la butte laissant diverses monnaies et tessons de poteries. Une importante voie romaine reliant Augustodunum (Autun) à Interanum (Entrains-sur-Nohain) passait à proximité de Montenoison. Les Romains ont, bien entendu, vu l’intérêt présenté par cette colline, sentinelle naturelle surveillant un vaste territoire. Un auteur ancien rapportait que « la montagne de Montenoison aurait été couronnée par une enceinte de cinquante tours, renfermant un temple dédié à César ». Après une motte féodale, une véritable forteresse est construite par la famille de Montenoison. Au XIIe s., elle est le siège d’une importante châtellenie qui passe aux comtes de Nevers un siècle plus tard. En 1210, Mahaut de Courtenay, mariée à Hervé de Donzy, est comtesse de Nevers ; c’est elle qui, dès 1217, fait entreprendre la reconstruction du château seigneurial. Dès 1226, peu de temps après son second mariage avec Guy de Forez, elle avait accordé aux habitants une charte d’affranchissement. Il ne reste plus, aujourd’hui, au sommet de cette butte, que l’ancienne église consacrée à Notre-Dame et de maigres vestiges de son château. L’église avait été édifiée près de celui-ci, au XIIe s., et une population nombreuse s’était installée à l’abri des murailles. Montenoison fut érigée en paroisse en 1130. Cette paroisse dépendait du diocèse de Nevers et de l’archiprêtré de Prémery. Des documents mentionnent qu’en 1287, la paroisse versait tous les deux ans une queste de 30 sols à l’évêque de Nevers, comte de Prémery.
L’église dédiée à Notre-Dame est mentionnée en 1121 dans le cartulaire de Saint-Cyr où elle est désignée « Eclesiae Sanctae de Mariae de Montenesio ». Elle est orientée et se compose d’une nef précédée d’un porche et d’un chœur. La façade est masquée par un clocher carré édifié au XVIe s. par Charles Brigollet et Jacques Bourbon, maçons du pays de la Marche, pour la somme de 350 livres tournois, à la demande du curé de Montenoison, Jean Corcellat. Le portail roman, en saillie, est encadré de deux voussures cintrées, avec moulures toriques, retombant sur des colonnettes à chapiteaux. L’ouverture est en anse de panier. Au-dessus de ce portail, le mur est percé d’un œil-de-bœuf.
L’église de Montenoison a subi des modifications importantes aux XVIe, XVIIe et XIXe siècles. L’une des deux cloches conservées dans le clocher, datée de 1623, eut pour parrain Charles de Gonzague, duc de Nevers, et pour marraine son épouse Jeanne d’Albret.
La nuit venue, si vous apercevez quelques lueurs sur les hauteurs de Montenoison, il s’agit vraisemblablement, comme le rapporte une légende, d’un feu allumé par les dames de Montenoison pour répondre au bonsoir adressé par les dames de Château-Chinon !
La Sauvegarde de l’Art français a accordé 5 000 € en 2005 pour la rénovation de la couverture.
Fabrice Cario