Hauts-de-France, Aisne (02)
Montchâlons, Église Saint-Pierre
Édifice
Signalée à la Sauvegarde de l’art français par M. le Colonel de Buttet, président de la fédération des Sociétés d’histoire et d’archéologie du département de l’Aisne, cette église en partie préromane, présente un intérêt historique et archéologique certain, savamment mis en valeur par Mme Martinet, bibliothécaire de la ville de Laon. Sa très vieille histoire est liée à la personnalité restée mystérieuse du comte Ganelon, qui y aurait été enterré. Ganelon a-t-il été le traître à jamais flétri par la Chanson de Roland ? Aurait-il subi le châtiment de sa forfaiture sur ordre de l’Empereur Charlemagne ? Ou bien aurait-il été l’évêque de Laon à la même époque ?
Mais, si intéressante soit-elle, l’étude approfondie de Mme Martinet nous entraînerait hors de notre sujet.
L’église de Montchalons était bel et bien au début de 1976 menacée d’effondrement. Un inquiétant affaissement s’était produit dans le dallage du bas-côté sud de sa nef. En outre, le très mauvais état de sa toiture, charpente et couverture n’assuraient plus la mise hors d’eau. La Sauvegarde n’a pas cru devoir se dérober au sauvetage d’un édifice d’une qualité certaine, aussi représentatif d’une époque et d’une architecture aussi anciennes.
Par ailleurs, le maire de cette commune de 76 habitants ne pouvait, quel que soit son zèle reconnu de tous, astreindre sa commune à une dépense excédant ses responsabilités, malgré le concours apporté par le conseil général de l’Aisne et l’État. La Sauvegarde a cru devoir apporter une aide supplémentaire de 100 000 F en 1976.
Les travaux ont été vite et heureusement menés à bien par Mme Plantinet, architecte des Bâtiments de France de l’Aisne. Le sous-œuvre du mur de l’église a été entièrement repris sur 5 m de longueur, le mur remonté, le dallage rétabli. La cause de cet affaissement remontait à la guerre de 1914-1918, les Allemands ayant creusé un abri anti-aérien sous cette partie de l’édifice. Les fouilles alors reprises ont permis de retrouver deux sarcophages anciens et donné lieu à d’intéressantes explications de Mme Santai Dossin spécialiste d’archéologie médiévale sans toutefois éclaircir le mystère de Ganelon.
Le beau clocher et la nef ont fait l’objet de travaux importants assurant, par remaniement de la toiture, la mise hors d’eau de cette église si caractéristique du style préroman et de l’histoire carolingienne.
Ch. de C. B.