Île-de-France, Yvelines (78)
Mondreville, Église Saint-Christophe
Édifice
À l’origine, une petite place allongée flanquait l’édifice entouré du cimetière sur son flanc Sud comme en témoigne le plan d’Intendance de 1784. Depuis le percement de la D 928 qui a coupé le village en deux parties, l’église se retrouve située en pointe à l’intersection de deux routes.
L’édifice, de plan allongé, est composé d’une petite nef romane (XIe siècle) surmontée d’un petit clocher à flèche octogonale (XIXe ), et d’un haut chœur gothique à chevet à pans coupés (XVe-XVIe siècles).
La nef primitive était construite en appareil en arête-de-poisson (opus spicatum) de meulière visible sur les murs gouttereaux Nord et Sud. Elle est éclairée au Sud par une baie XIXe. Deux petites ouvertures romanes, actuellement bouchées, sont visibles de chaque côté de celle-ci. La porte en arc segmentaire du pignon présente des moulurations XVIe siècle.
Le chœur gothique XVe siècle est beaucoup plus élevé et comprend trois travées et une abside pentagonale. Sur le mur pignon, entre nef et chœur, des arrachements de pierres témoignent de l’interruption de la construction. Des contreforts en pierre de taille, dont le glacis rejoint la corniche, séparent chaque travée, percée d’une baie au Sud et au chevet. Un larmier, situé au niveau de la base des baies, ceinture l’édifice. La corniche de pierre, en quart-de-rond sur trois travées, devient moulurée au chevet.
Les maçonneries en pierre des murs du choeur sont constituées:
– en éléments de pierre de taille (calcaire de l’Oise) pour les contreforts, les bandeaux et corniches, et les piédroits et arcs des baies.
– en moellons équarris (calcaire) pour le niveau supérieur du soubassement,
– en gros moellons équarris (grès) pour les deux premiers niveaux du soubassement,
– en petits moellons (calcaire) pour les panneaux de remplissage entre contreforts et baies.
L’intérieur de l’église est actuellement scindé en deux parties: la nef primitive et l’imposant chœur gothique. Cette nef est couverte d’une voûte en berceau lambrissée dont les corniches sablières moulurées sont sculptées de splendides engoulants. Lors de l’inspection à la nacelle des inscriptions ont été décelées; elles indiquent la date de la construction de la charpente et de la voûte: 1524. Six vestiges de médaillons sculptés sont visibles au faîtage de la voûte. Ceux-ci, dépourvus de polychromie, sont strictement identiques à ceux de l’église Saint-Martin de Perdreauville, ancienne église seigneuriale du château de Beuron (Yvelines). Les médaillons de Perdreauville, récemment restaurés, datent eux aussi du XVIe siècle. Des mortaises sur les entraits de la charpente de la première travée sont les témoins d’un dispositif de poteaux de soutien d’un petit clocher installé à l’Ouest de l’édifice à cette époque.
Le chœur est éclairé par huit verrières de verre blanc, trois dans les travées droites et cinq dans l’abside. À l’origine, le chœur devait être couvert d’une voûte en pierre qui ne fut jamais construite: les départs des multiples nervures sont toujours visibles, ainsi que les arcs formerets intégrés à la maçonnerie des murs. Ces pieds de gerbe comportant des départs de nervures identiques ressemblent davantage à un départ de voûte en éventail à l’anglaise qu’à un départ de voûtement classique d’ogives où les arcs doubleaux et arcs ogives sont de section plus importantes que les arcs de liernes et tiercerons.
Un tel dispositif de départ de voûte « à l’anglaise » corrobore la mention de l’instituteur A. Thénard dans sa monographie indiquant que « le chœur a été construit par les Anglais en 1430 ». La source de cette affirmation n’est pas mentionnée. Provient-elle d’un document ancien, ou bien est-ce un simple on-dit populaire? Des recherches sont en cours auprès des Archives Départementales.
Les culots des pieds de gerbe de ces voûtes sont sculptés d’animaux fabuleux au niveau de la nef, alors que dans le chœur les culots sculptés dans un style flamboyant servent de dais aux statues. Les consoles leur faisant pendant sont sculptées d’anges portant un écu armorié et d’anges musiciens. Le chœur est couvert d’une sorte de voûte lambrissée. Un écusson en bois posé à la base de la voûte porte la date de 1870. Il s’agit en fait d’un habillage en lambris en sous-face des pièces de charpente. Les entraits et poinçons de la charpente des travées droites ne sont pas sculptés. À l’abside, de très belles pièces de bois d’un seul tenant forment l’enrayure basse de la charpente. Un petit retable en bois polychromé ménage une petite sacristie en arrière, dans l’abside.
L’église est dotée d’un riche patrimoine mobilier, de sculptures en pierre ou en bois (XIVème au XIXème siècle), dont deux sont classées et neuf inscrites sur la liste des Monuments Historiques.
L’église Saint-Christophe est un intéressant témoignage de vestiges de maçonnerie romane dans la nef, de vestiges de décor de gothique tardif dans le chœur et de décors sculptés XVIe sur la charpente de la nef.