Bourgogne-Franche-Comté, Côte-d’Or (21)
Moloy, Église Saint-Jean-Baptiste
Édifice
Le village, bâti dans la vallée de l’Ignon, est cité en 886, puis en 1012 dans une chronique de l’abbaye Saint-Bénigne et en 1135 dans le cartulaire de l’abbaye bénédictine de Saint-Seine, dont les moines étaient les seigneurs.
Située à l’entrée du village, l’église Saint-Jean-Baptiste n’est à la fin du XIIIe siècle qu’une simple chapelle orientée, dont les deux travées forment le chœur et la croisée du transept actuels. Elle sera modifiée au XVe siècle avec la création d’une baie axiale, de piscines liturgiques et sans doute d’un porche et d’un clocher.
Au XVIe siècle, le chœur, décoré de peintures murales, est prolongé par une nef, en raison de l’augmentation de la population, due au fourneau et à la forge installés sur la rivière toute proche. En 1677, date gravée sur l’écusson de la porte latérale sud, deux chapelles latérales formant bras de transept sont élevées, donnant ainsi à l’ensemble un plan en croix latine. Un agrandissement de la nef entraînant la reconstruction du porche, ainsi que des réparations du beffroi et du clocher sont demandés par les habitants en 1777 (avec d’ autres travaux édilitaires pour le village : lavoirs fontaine, ponts…). Ils sollicitent la vente du quart de réserve de leurs bois pour ce faire. Pierre-Jean Guillemot, ingénieur en chef de la province, fournit des devis en 1780 : il y indique que « la croix (de la flèche du clocher) sera surmontée d’ un poulet neuf de 18 pouces de longueur du bec à la queue peint en jaune ». Les travaux sont entrepris de 1784 à 1786. Mais, sur les observations du sieur Madin, expert désigné par l’intendant de la province, on doit cependant reconstruire la nef et surélever le sol pour l’assainir. Les toitures de l’ église et de la sacristie sont couvertes de laves, le porche de tuile creuse. Le beffroi est refait, une horloge y est installée et un cadran carré posé sur la façade du clocher. L’ancien clocher, surmonté d’un toit « en pyramide carrée » (sans doute en maçonnerie), est remplacé par une flèche en charpente. Des fonts baptismaux sont aménagés, le chœur est garni d’un autel à la romaine. À la demande du curé, la sacristie est lambrissée et dotée d’un buffet, deux armoires d’angle arrondies.
En 1793, les bancs sont remplacés, dont un est donné par le citoyen Pierre Gouget et placé dans la chapelle nord. Le cimetière qui entourait l’église est déplacé en 1803. Des réparations sont effectuées par l’architecte Chaussin en 1822 et le sol du chœur est rehaussé en 1827.
En 1870-1872, le fer-blanc de la flèche est remplacé par de l’ardoise, et les laves, « qui chargent beaucoup les murs » selon un architecte dijonnais (à tel point qu’il envisage de reconstruire l’église), par de la tuile.
En 1897, les peintures du XVIe siècle en partie haute des murs du chœur, dissimulées sous un badigeon, sont dégagées par le curé « sans prendre néanmoins tous les soins qui en auraient empêché la détérioration » et restaurées (?) en 1899. Elles représentent saint Michel, saint Blaise, saint Laurent avec un donateur, l’Éducation de la Vierge, saint Laurent avec des donateurs, saint Joseph, saint Guillaume et saint Antoine. La partie inférieure des murs est décorée de peintures au pochoir afin de remplacer les lambris d’appui supprimés. Cependant, le décor peint des voûtes n’est pas conservé car, selon le curé de Moloy, « leur importance a(yant) été jugée très secondaire et leur valeur assez médiocre (sic) ».
En 1958, le réaménagement du chœur entrepris par le curé entraîne la suppression de l’autel qu’il remplace par un autre en pierre sur ses dessins, ainsi que la disparition d’une partie des peintures murales du XVIe siècle, malgré leur protection monument historique au titre immeuble en 1927, et de celles du XIXe siècle.
Sur le plan architectural, la partie la plus ancienne est couverte de voûtes sur croisée d’ogives dont les nervures retombent, pour la travée de chœur, sur un culot figuré (angle sud-est) et orné d’un écusson gravé de trois fleurs de lys (angle nord-est) et de colonnes engagées ; pour la seconde travée formant croisée de transept, sur deux culots côté sud représentant un animal et un écu (bûchés). Le chœur est éclairé par une baie axiale à deux lancettes, à redans et quadrilobe ; une piscine est aménagée côté sud, le sol est couvert de carreaux en céramique du XIXe siècle. La clôture de chœur en fer évoque le style du XVIIe, mais elle aurait été forgée au XIXe siècle. Les chapelles latérales formant bras de transept sont couvertes de voûtes d’arêtes ; chacune comporte une piscine liturgique à encadrement mouluré et arc en accolade, dont l’un porte un écusson. La première travée de la nef, supportant la tour de clocher, est couverte d’ une voûte annulaire à lunettes du XVIIIe siècle remplaçant la voûte sur croisée d’ogives dont le départ des nervures retombent sur des culots armoriés côté sud, et bûchés côté nord lors de l’installation d’une chaire à prêcher au XVIIIe siècle. Les trois travées suivantes, séparées de la précédente par un arc doubleau brisé, plus larges, sont couvertes d’une voûte en berceau plein cintre à lunettes, retombant sur des pilastres d’ordre toscan. Des niches ont été aménagées dans le mur au fond de la nef, dont l’un abrite la cuve baptismale.
La nef est précédée par un porche couvert d’une voûte d’arête. Extérieurement, ce porche de plan massé est couvert par un toit à fronton triangulaire à base interrompue, dont les ressauts sont supportés par deux tables et dont le tympan est orné d’une gloire. Le tout est amorti par une statue. La porte, à deux vantaux à panneaux moulurés, est prise dans un encadrement à moulure concave, surmonté d’une table à gouttes, portant l’inscription « Christo et Praecursori », l’église étant placée sous le vocable de saint Jean-Baptiste. Les murs, percés de baies en plein cintre, sont épaulés par des contreforts. L’ancienne entrée latérale sud, murée au XVIIIe siècle, est couverte d’ un arc en plein cintre dont la clé porte un écusson daté 1677
Le chœur et les chapelles latérales sont couverts d’un toit à deux versants, dominés par la tour de clocher. Celle-ci, à un niveau percé de baies géminées dont les arcs retombent sur des colon-nettes, est couverte par une flèche à égout retroussé. L’ angle sud-ouest porte deux cadrans solaires ; l’ un, côté sud, est décoré d’ un hibou porte les inscriptions : « FRANCOISLEDVCMA+FAICTET+DONE » (sans doute François de Beaufort de Canillac, abbé commendataire de l’ abbaye de Saint-Seine) et la date 1617 ; l’ autre est situé côté ouest. Quelques objets sont protégés au titre des monuments historiques : les statues de la Vierge à l’ Enfant, de sainte Catherine, en pierre polychrome, xve siècle et un reli-quaire avec papier roulé et cadre en bois sculpté et doré, xviie. On doit ajouter un tableau, Saint Luc peignant la Vierge, peint en 1603 par Nicolas de Hoey pour la chapelle des peintres à l’é glise des Jacobins de Dijon (déposé depuis 1962 au musée des Beaux-Arts de Dijon).
La Sauvegarde de l’Art français a participé aux travaux d’assainissement, de restauration des élévations extérieures et de la couverture en accordant une aide de 8 000 € en 2010.