Bourgogne-Franche-Comté, Yonne (89)
Molinons, Église Saint-Pierre-ès-Liens
Édifice
La terre de Molinons, citée en 1136 (Molinendum Leons), relevait de l’abbaye cistercienne voisine de Vauluisant. L’église est cédée en 1172 à l’abbaye Saint-Jean de Sens. Placée sous le vocable de Saint-Pierre-ès-Liens, elle est construite le long de l’ancienne voie romaine de Sens à Troyes qui traverse le village. C’est un édifice simple dont la structure générale, malgré des remaniements postérieurs (notamment des fenêtres), semble dater de la fin du XIIe-début du XIIIe siècle : une nef unique, qui est précédée par un clocher-porche et s’achève par un chœur en hémicycle.
À l’ouest, le clocher-porche est une solide construction sur plan carré, en parpaings de grès, renforcée par deux contreforts à chaque angle. Rythmé par deux grands arcs de décharge dans son soubassement et par deux niveaux de petites baies en plein cintre sur chaque face dans la partie supérieure, coiffé d’un toit en ardoises à quatre pentes, il est bien caractéristique des constructions réalisées dans la région au XVIIIe s., ce que confirme la date de 1773 gravée au-dessus du portail de la nef. Ce dernier est constitué d’une succession d’arcs en plein cintre reposant sur des chapiteaux à crochets. La nef est rythmée par ses ouvertures et par les fermes de la charpente, en quatre travées. La voûte est parquetée et en cintre surbaissé (en 1843, V. Petit y lisait la date de 1666 dans son guide du département de l’Yonne).
Dans le prolongement de la nef, le chœur, plus bas et voûté, est composé d’une travée droite et d’une abside semi-circulaire. Les colonnes et colonnettes engagées sont surmontées de chapiteaux bien caractéristiques de cette période de transition entre le roman et le gothique : feuilles lisses, rinceaux rythmés par des nœuds et des grappes de fruits, décors de trous de trépan, animaux ailés à tête de femme. Les voûtes sur croisée d’ogives sont constituées de trois boudins, rayonnant dans l’abside autour d’une clé en forme de fleur à quatre pétales.
On remarque dans le sol deux pierres tombales, dont l’une du XIIIe s. (Helisande, dame de Molinons). Au cours des interventions récentes, on a découvert plusieurs vestiges de peintures murales (XVIe-XVIIe s.) sur les murs du chœur.
Les travaux ont permis la réfection et la consolidation des maçonneries, notamment la reprise des fondations des contreforts. Pour ce faire, la Sauvegarde de l’Art français a accordé une aide de 20 000 € en 2008.
Lydwine Saulnier-Pernuit