Bretagne, Finistère (29)
Meilars, Église Saint-Mélar
Édifice
Dans la commune de Meilars-Confort, l’ancienne église, dédiée à saint Mélar, a depuis 1910 cédé la place à la chapelle NotreDame de Confort comme église paroissiale : cette situation explique l’abandon progressif du vieux sanctuaire et les nécessaires travaux de restauration qui ont été entrepris, à la fois sur le bâtiment et sur le mobilier.
L’église se trouve au centre d’un petit enclos qui s’ouvre au nordouest par une grille ancrée sur deux piliers accostés chacun « d’un échalier » (pierre place dressée verticalement). Le cimetière encoure encore l’église. La croix, près de la grille d’entrée, a été élevée en 1655 et restaurée en 1867. L’édifice lui-même a été construit en plusieurs campagnes, probablement à l’emplacement d’un très ancien lieu de culte, puisqu’une stèle gauloise – qui a servi pour faire le monument aux morts – était jadis appuyée contre le chevet. De la première campagne du XIIIème s. ne subsistent pratiquement aujourd’hui que la nef et la croisée du transept, et peut-être en partie le portail de la façade occidentale. Au XVIème s., l’église a été totalement remaniée, tout en conservant le plan ancien, avec deux bas-côtés de part et d’autre de la nef, un transept à deux croisillons, le chœur avec bas-côtés dans le prolongement de ceux de la nef. Le mur occidental, réédifié en 1588 selon une inscription, supporte le clocher, abattu en 1836 par une tempête et reconstruit en 1837 par l’architecte Joseph Bigot. Un autre élément a été ajouté au XVIème s. : le porche latéral sud, dont le tympan ajouré surmonte une porte en anse de panier, et qui est épaulé par deux solides contreforts d’angle. En 1771, le chevet a été remonté, selon un plan à trois pans, le pan central comportant une baie murée. On ne sait quel était le plan du XIIIème s., ni celui du XVIème.
La nef comporte de chaque côté trois arcades en plein cintre retombant sur des piliers rectangulaires avec colonnettes engagées surmontées d’un chapiteau épannelé sous un mince tailloir et reposant sur un socle décoré de motifs géométriques. La retombée de la première arcade, à l’ouest, se fait cependant, des deux côtés, sur des supports différents : au nord, une pile ronde à six colonnettes tangentes, au sud, une pile à quatre colonnettes séparées par une arête vive. Les écoinçons délimités par les arcades de la nef sont ornés de colonnettes engagées dans le mur, montant jusqu’à un cordon horizontal qui, à l’origine, devait servir de base au lambris de la voûte. Tous ces détails dénotent l’appartenance à l’« école de Pont-Croix» qui a laissé de nombreux exemples d’une architecture particulière dans le CapSizun et le pays bigouden.
Le mobilier a beaucoup souffert depuis le transfert de la paroisse à Confort. Les fonts baptismaux eux-mêmes, qui datent du XVIe ou du XVIIème s., ont été transportés dans l’église de Plougastel-Daoulas après la seconde guerre mondiale. La chaire à prêcher, démontée, a été longtemps laissée à l’abandon dans l’humidité.
Aujourd’hui, la plus grande partie du mobilier subsistant a été retirée de l’église pendant la période des travaux de restauration. Il ne reste pour l’instant dans le chœur, derrière la grille en fer forgé, qu’un autel avancé, un Christ en croix, deux chandeliers et une croix de procession en métal argenté (XIXe s.), un porte-cierge au fût torsadé et aux pieds en volutes, deux statues en bois de saint Mélar et de sainte Thérèse (signée F. Godec, XXe s.) et deux bannières, l’une de 1931 (saint Mélar et le ChristRoi), l’autre de 1960 (Notre-Dame de Confort et sainte Bernadette). La chapelle nord a gardé un tableau représentant l’Adoration des mages, toile signée Robinet d’après Ribera (don de l’État en 1842). La chapelle sud est encore ornée d’une sablière à têtes de dragons, avec des armoiries non identifiées, au-dessus de l’enfeu des Rospiec, possessionnés dans la paroisse.
Les grands travaux entrepris récemment permettront de remettre en place les éléments de mobilier, notamment la statuaire, après restauration. Pour les travaux de charpente et de couverture, la Sauvegarde de l’Art Français a accordé une subvention de 150 000 F en 1997.
T. D.