Bourgogne-Franche-Comté, Saône-et-Loire (71)
Mazille, Chapelle du Prieuré des Moines
Édifice
La chapelle et le prieuré de Mazille1 sont situés en bordure nord du village, sur une position dominant un vallon en retrait de la vallée de, à quelques kilomètres de Cluny.
Le prieuré est mentionné en 893 dans un acte de donation aux moines de Cluny. Un synode s’y tint en 1103. Les bâtiments qui le composent ainsi que le village, sont fortifiés vers 1175 à la suite d’un accord pour mettre fin aux exactions des seigneurs voisins. Ce qui n’empêchera pas Mazille d’être pris par les Armagnacs en 1430 et par les troupes de Condé et de Coligny en 1567 pendant les guerres de Religion.
Le prieuré fut édifié à partir du XIe s. et principalement dans la première moitié du XIIIe siècle. L’ampleur de son programme architectural en a fait plus qu’une grange monastique. Il servit aussi de résidence au fermier général de l’abbaye de Cluny jusqu’à la Révolution et devint au XIXe s. le siège d’une exploitation agricole, ce qui apporta de nombreuses modifications aux bâtiments, dont la division de la chapelle par un plancher.
Le bâtiment de plan barlong, orienté, dénommé chapelle, constitue la branche gauche d’un ensemble en T abritant des corps de logis. Il est établi sur deux niveaux. L’un, au rez-de-chaussée abritant la chapelle proprement dite, est formé de deux travées couvertes de voûtes sur croisée d’ogives, dont les nervures retombent sur des culots dans les angles est, et sur des colonnes engagées au centre et à l’ouest. Les culots sont sculptés de têtes humaines, avec des traces de polychromie, dont l’une échevelée et la seconde entourée de feuillages. Les chapiteaux des colonnes sont ornés de feuillages. Les encadrements des baies et les éléments structurants ont été peints d’un badigeon en faux appareil.
Au niveau supérieur, la grande salle dont l’usage n’a pas encore été clairement établi, est couverte d’une charpente apparente.
Les murs de la chapelle, plus épais au rez-de-chaussée qu’au premier niveau en raison des modifications du projet initial, sont épaulés par des contreforts à retraites talutées aux angles du chevet et, côté nord, par des raidisseurs formés d’arcs brisés entre des contreforts.
La chapelle est éclairée, face est, par des triplets de baies couvertes d’arcs brisés, côté sud, par des baies en arc brisé, à embrasure profonde, dont une est encore murée. Le premier étage comporte aussi un triplet de baies, flanqué de deux autres baies rectangulaires, une troisième donnant côté nord. Le côté sud est ouvert par une baie couverte par un arc brisé et une baie géminée à linteau droit supporté par une colonnette octogonale à chapiteau feuillagé.
Les accès à la chapelle et au premier étage s’effectuent par une porte à linteau horizontal supporté par des coussinets.
Bernard Sonnet
- 1. J.D. Salvèque, P. Garrigou-Grandchamp, A. Guerreau, « Le doyenné de Mazille », Bulletin monumental, t. 157-I, 1999. Le terme prieuré a été maintenu dans cette présentation, car il s’agit bien d’un établissement relevant du clergé régulier, créé par une abbaye sur un domaine foncier qui lui a été donné, ce domaine étant desservi par des moines de cette abbaye qui en gèrent le temporel et qui lui envoient ses revenus. Alors qu’un doyenné se rapporte au clergé séculier : il s’agit d’une circonscription administrative du diocèse qui regroupe plusieurs paroisses.
Bibliographie :
Arch. Dép. Saône et Loire : BH 2892, A.M. et R. Oursel, Histoire et monuments de Saône-et-Loire, Canton de Cluny [1], 1987.