Île-de-France, Seine-et-Marne (77)
Mauperthuis, Église Saint-Pierre
Édifice
Église Saint-Pierre. Entre forêt et plaine agricole, le village de Mauperthuis est construit à flanc de coteau dans la vallée de l’Aubetin où tournaient plusieurs moulins.
D’origine médiévale, Mauperthuis appartenait aux Montesquiou Fézensac depuis le début du XVIIIesiècle. En 1761, Anne-Pierre offrit au jeune et prometteur architecte Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806) l’occasion d’un premier chantier d’envergure. Le programme comprenait un château dominant la vallée et un vaste parc à l’anglaise orné de fabriques dont la mode commençait à se répandre. Il prévoyait aussi, en complément, une nouvelle église puisque l’aménagement du parc nécessitait la destruction de l’église paroissiale Saint-Nicolas. Le marquis de Montesquiou en profita pour dédier la paroisse à son saint patron, Pierre. Appelé sur d’autres chantiers par sa nomination d’architecte des Eaux et Forêts, Ledoux n’a pas dirigé lui-même la construction de l’église en 1764, mais la paternité du dessin ne fait aucun doute si l’on considère l’élévation occidentale tout à fait comparable à celle de Rolampont, en Haute-Marne, construite à la même époque par le jeune architecte.
Ce massif antérieur innovant est l’ancêtre des clochers-porches dont la fortune caractérisera, dans une version néogothique, l’architecture religieuse du XIXesiècle. Ledoux exploite la situation de l’église dans l’axe d’une rue, pour concentrer sur cette partie de l’édifice les colonnes, pilastres et frontons du répertoire de l’architecture savante autour d’une fausse porte monumentale ; puis il coiffe le clocher d’un curieux toit à l’impériale peut-être inspiré de l’architecture vernaculaire de Franche-Comté. L’édifice présente une mise en œuvre assez rustique ; si elle est dissimulée pour le corps d’entrée où le pan de bois est masqué par un enduit, elle est en revanche laissée apparente pour la nef et le chœur construits en moellons jointoyés à pierres vues. Le seul raffinement est un bandeau en plâtre fin qui souligne le pourtour des baies et l’égout du toit. Non débordant, ce dernier est couvert de tuiles plates alors que le clocher, actuellement en zinc, était en ardoises.
Des ouvertures régulières en arc brisé éclairent largement l’espace intérieur couvert d’une fausse voûte plate qui semble reposer sur une vigoureuse corniche. La parfaite lisibilité extérieure de l’édifice est confirmée par le plan : nef unique ouverte sur deux petites chapelles latérales et prolongée par un chœur arrondi qui se développe élégamment à l’arrière d’une entrée de chœur resserrée. Au nord, la chapelle seigneuriale est accessible de l’extérieur par un vestibule et s’ouvre sur le chœur, mais ses occupants restent invisibles de la nef grâce à cette entrée de chœur resserrée. Au sud, la sacristie communiquait avec le jardin du presbytère.
D’une grande sobriété, les vitraux remplacés à la fin du XIXes. ont, fort heureusement, respecté la clarté voulue de l’édifice. Le mobilier est simple et homogène mais les murs sont ornés de tableaux dont quatre ont été inscrits à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques ; l’un d’eux est un témoignage émouvant de la carrière de peintre – courte et peu connue – de Théophile Gauthier. Une villégiature d’été dans le village explique la présence de ce tableau de 1829 qui représente un épisode de la vie du saint patron du lieu : « Saint Pierre guérissant un paralytique ».
Pour participer à la restauration des couvertures du chœur et à des travaux d’assainissement, la Sauvegarde de l’Art français a fait un don de 15 000 € en 2007.
Chantal Waltisperger
Bibliographie :
J.- P. Thoretton, Étude préalable. 2005
- Michelin, Essais historiques, statistiques, chronologiques, littéraires et administratifs sur le département de Seine-et-Marne, 1829.
- Rivière, Un village de Brie au XVIIIesiècle. – Éd. Picard, 1939.