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Située à la limite des départements de Tarn-et-Garonne et du Gers, dans l’admirable paysage vallonné proche du fleuve, l’église Saint-Orens de Grézas séduit tout d’abord par son site. Seule au milieu des champs, presque au sommet du coteau qui la porte, son clocher-mur triangulaire constitue un signal pour la communauté villageoise. Grézas (Grèsas, en langue d’oc), ce sont les terrains caillouteux qui étaient difficiles à labourer. Saint-Orens est une ancienne église paroissiale, appartenant sans doute au premier réseau implanté au Xe ou XIe s. dans le diocèse d’Auch, avant que les agglomérations d’aujourd’hui ne se forment : Auvilar, Mansonville, Bardigues. À l’époque moderne, la paroisse subsiste jusqu’au XVIe s., puis est unie à Mansonville, bien que son ressort s’étende sur les territoires communaux des trois villages qui l’entourent. Éphémère revanche de l’histoire, Grézas est érigée en commune en 1791, à la faveur des négociations sur les limites des nouveaux départements, commune supprimée dès 1821, maintenue toutefois comme paroisse du diocèse de Montauban jusqu’en 1917. Le cimetière qui l’entoure, encore utilisé, montre qu’il reste toujours, dans la conscience collective, trace de son ancienne juridiction.

Son vocable est un gage d’ancienneté : Orens, évêque d’Auch au Ve s., était un ermite particulièrement vénéré, appelé à l’épiscopat à la mort de saint Ursinien. En 1864, des sarcophages d’un cimetière mérovingien ont été trouvés à proximité de l’église.

L’église, précédée joliment d’un auvent au sud, offre le plan tout simple d’une église romane rurale, nef unique sommée d’une abside hémicirculaire, bâtie en moyen appareil de calcaire. Mais elle n’est pas voûtée, et il y a peu de caractéristiques qui permettraient d’affiner la datation. Sur le mur sud, on remarque une pierre sculptée d’une vague silhouette, en remploi ? De volume plutôt bas, scandé régulièrement de contreforts peu saillants, est-ce un édifice médiéval modeste, qui n’a jamais été voûté ? Ou bien est-ce un édifice ruiné pendant la guerre de Cent Ans qui a été reconstruit à l’économie ? Il est aujourd’hui couvert de voûtes sur croisées d’ogives en brique datant de 1879. Une chapelle latérale au nord, voûtée d’une croisée d’ogives en pierre, doit dater du XVe ou du XVIe siècle. L’église de Grézas n’abrite, comme œuvres d’art, que des fonts baptismaux en pierre, décorés de simples godrons, une statue de saint Orens (le représentant en évêque, avec cependant la chaîne dont il s’entravait volontairement quand il était ermite), un chemin de croix gravé d’après Führich (vers 1850) et une copie de la Vierge à l’Enfant de Van Dyck (du Louvre) envoyée par l’État en 1859, en bien piteux état, qu’il faudrait sauver.

La famille Dangas, qui habite à proximité, veille toujours sur cette église que la commune de Mansonville et l’association Les Amis de Grézas ont activement entrepris de restaurer. Un drainage efficace a permis de l’assainir, et les couvertures ont été remises en état. L’intérieur, repeint, est clair et propre. Édifice harmonieux dans un site ravissant, sa visite est un moment bien agréable.

En 2003, La Sauvegarde de l’Art français a accordé un don de 1 000 € pour l’établissement d’un drainage autour de l’édifice.

O.P.

Le projet en images