Bourgogne-Franche-Comté, Yonne (89)
Malay-le-Grand, Église Saint-Martin
Édifice
Sur la voie romaine reliant Sens à Alise, le village de Malay-le-Grand (Masliacus Subterior) est cité pour la première fois en 519. Il se trouvait non loin du palais des rois mérovingiens, connu sous le nom de Massolacum, où Clotaire II fit mettre à mort le patrice de Bourgogne Aléthée en 613, mais dont l’emplacement n’a toujours pas été identifié précisément. Le bourg est désigné sous le nom de Mâlay-le-Vicomte (Malaium Vice Comitis) de 1187 jusqu’au XIXe siècle.
Au milieu de la place, l’église paroissiale Saint-Martin comporte aujourd’hui deux parties indépendantes : le corps principal de l’édifice et, à quelques mètres à l’ouest, légèrement décalée vers le nord, une grosse tour carrée, vestige de la construction primitive. Celle-ci est de plan rectangulaire, en bel appareil de grès, contrebutée par de puissants contreforts et desservie par un escalier logé dans une tourelle. Elle s’achève par un beffroi recouvert d’ardoises. Le rez-de-chaussée est formé d’une travée reliée à l’est et au sud par une grande arcade à l’ancien édifice correspondant (aujourd’hui la place) : il est voûté d’ogives au profil prismatique reposant sur des culots. Colonnes cannelées, abaque sculptée d’oves et angelots confirment bien que cette tour a été édifiée au XVIe s., probablement dans les années 1530-1540, puisque le chapitre de la cathédrale de Sens donne en 1539 trente livres pour en aider la construction. Des arrachements et le piédroit d’une fenêtre montrent bien que l’édifice se poursuivait du côté est.
L’aspect actuel de l’édifice a été très fortement marqué par les interventions du XIXe s. (les travaux sont achevés en 1865). La façade occidentale, reconstruite, est structurée en trois parties : le portail central dans le style du XIIIe s. avec, de part et d’autre, une petite porte à linteau droit menant à un bas-côté. Á l’intérieur, la nef est large, rythmée en deux travées par de grandes arcades en arc brisé, sans chapiteau, qui reposent sur de hautes bases prismatiques et ouvrent sur les collatéraux. Au-dessus de la nef reposent les fermes de la charpente que complète une voûte lambrissée en arc brisé. Les deux travées de bas-côtés sont de structure analogue, mais le berceau de leurs voûtes est transversal. Les fenêtres ouvertes dans les murs des collatéraux apportent une lumière indirecte au vaisseau central de la nef.
L’église se poursuit vers l’est par une sorte de transept, profond mais non débordant, largement éclairé par de grandes baies à lancettes et réseau flamboyant, comme dans l’ensemble de l’édifice. Enfin, le chevet, de plan rectangulaire, est percé d’un grand triplet simplement chanfreiné. La charpente et la voûte lambrissée se poursuivent avec de légères différences sur la partie orientale. Malgré la lourde restauration du XIXe s., l’ensemble de l’édifice (sauf le triplet du chœur qui n’est guère datable) paraît avoir été construit au XVIe siècle.
Á la suite d’une tempête, d’importants travaux de restauration de la tour-clocher sont nécessaires. La Sauvegarde de l’Art français a soutenu une étude préalable de stabilité en 2006 par une aide de 4 000 €.
Lydwine Saulnier-Pernuit