Hauts-de-France, Pas-de-Calais (62)
Magnicourt-en-Comté, Église Saint-Léger
Édifice
Le village est mentionné pour la première fois comme paroisse en 1202-1203 dans le cartulaire du prieuré d’Aubigny. L’église Saint-Léger est un édifice de plan allongé, construit dans la pierre calcaire locale. Il est constitué d’une vaste nef à trois vaisseaux, précédée d’une tour-clocher et terminée par un chœur modeste contre lequel s’adosse au nord une sacristie en brique.
La tour remonte à la deuxième moitié du XIIe siècle. Épaulée par de puissants contreforts à ressauts, elle est divisée extérieurement en quatre niveaux par des cordons. Le rez-de-chaussée est couvert par une voûte d’ogives dont les nervures grossières témoignent des premières applications de ce mode de couvrement en Artois. Le portail du mur ouest est tardif. Les deux niveaux supérieurs sont percés de baies : meurtrières au premier étage, jolies ouvertures couvertes d’un linteau sur coussinets et soffite surélevé, au second. La chambre des cloches a été modifiée en 1665 ; on ne sait si elle fut alors ajoutée ou tronquée. On note la présence à l’est de deux gargouilles frustes et très saillantes et d’une corniche à modillons demeurée en place sur les faces nord et sud ; deux modillons, côté sud, sont sculptés de têtes humaines.
La nef a été fortement modifiée à l’époque moderne. Elle se réduisait à l’origine à un seul vaisseau ainsi qu’on peut encore en voir la trace sur le pignon oriental et sur la face est du clocher (vestiges de solins). Les collatéraux ont été construits au XVIe siècle. Le bas-côté sud porte le millésime 1575. Celui du nord est daté de 1587 et présente des différences morphologiques, en particulier dans la taille des chapiteaux. Il est, de plus, doté d’éléments défensifs : la porte seigneuriale du pignon ouest est protégée par un grand mâchicoulis bien conservé ; le mur nord présente deux niveaux de meurtrières, ce qui laisse penser que le collatéral possédait un étage servant de refuge en cas d’incursion ennemie. Les ouvertures et les fausses voûtes correspondent aux travaux de rétablissement et de restauration effectués en 1823 et en 1894. Le chœur a été bâti ou reconstruit au XVIIIe s., ainsi que l’attestent les graffitis (1708, 1709, etc.). Il était à chevet plat avant la campagne de 1823.
Pour la restauration du clocher, la Sauvegarde de l’Art français a accordé 15 000 € dont 10 000 € proviennent du mécénat Duprez-Mulliez.
Patrick Wintrebert