Normandie, Manche (50)
Magneville, Église Notre-Dame
Édifice
La plus ancienne mention de l’Église Notre-Dame de Magneville est celle de sa donation par le seigneur de Bricquebec, Robert Bertran, à l’abbaye Saint-Ouen de Rouen au milieu du XIe siècle. Le chœur de l’église est reconstruit dans le deuxième quart du XIIe s., puis la nef, au cours du xiiie et enfin, le clocher, daté par une inscription de 1481, ainsi que la chapelle sud du chœur et le petit porche au-dessus de l’entrée latérale nord de la nef. Ces dispositions médiévales n’ont été que très peu modifiées. Seule une voûte en plâtre est venue, en 1862, coiffer la nef jusqu’alors simplement charpentée.
La silhouette de l’édifice est dominée par un puissant clocher-porche qui abrite à l’étage, selon un dispositif courant au Moyen Age, une chapelle dédiée à saint Michel. A la sobre nef à vaisseau unique, datant du xiiie s., succède un chœur légèrement plus étroit, terminé par un chevet plat percé de deux baies géminées en plein cintre. Les corniches ont conservé leurs modillons sculptés offrant diverses variations sur le thème du masque. La chapelle latérale qui s’ouvre au sud sur la première travée du chœur communique avec la nef par un passage greffé sur elle. Enfin, le petit porche nord comporte une particularité unique dans la Manche dans la composition de sa charpente en berceau lambrissée qui s’apparente à des dispositifs connus dans le pays d’Auge. Ces techniques ont pu être importées par les moines du prieuré de Beaumont-en-Auge dont dépendait l’église.
Le chœur roman, baigné d’une douce lumière, est caractéristique des années 1120-1130. Il s’ouvre par un arc surbaissé et se prolonge par des voûtes sur croisées d’ogives contemporaines de celles de la Trinité de Lessay, de la Trinité de Caen et de Saint-Étienne de Caen. Son ornementation sculptée, sur les chapiteaux et les arcs (grotesques, motifs végétaux, entrelacs, oiseaux), a été rapprochée de la production des ateliers de l’abbaye de Fécamp, eux-mêmes inspirés par l’enluminure anglo-saxonne.
Probablement issus des mêmes ateliers que les chapiteaux, les fonts baptismaux romans (cl. MH), en pierre calcaire polychrome, sont la pièce maîtresse du mobilier de l’église. Reposant sur un pied circulaire massif, la cuve de section carrée est ornée de têtes en haut-relief figurant les quatre fleuves du Paradis, tandis qu’une inscription court sur le bord supérieur : Totus purgatur qui sacro fonte purgatur. Fons lavat exterius, spiritus interius (« Il est purifié tout entier celui qui est purifié dans l’eau sacrée. L’eau lave le corps, l’esprit lave l’âme »). En mauvais état, ces fonts vont être restaurés dans une prochaine tranche de travaux. Portant la mémoire d’anciennes confréries « de la sainte Trinité » et « pour la Rédemption des Captifs » fondées en 1634 dans l’église de Magneville, un panneau sculpté et peint figure un thème rare, celui de la Rédemption des captifs : deux religieux trinitaires, portant le costume de l’ordre à croix rouge et bleue fondé par saint Jean de Matha, adressent leurs prières à la sainte Trinité pour la délivrance des prisonniers.
En 2016, la Sauvegarde de l’Art français a soutenu la restauration d’une partie des couvertures, la révision de la charpente et des reprises ponctuelles de maçonneries du clocher de l’église de Magneville à hauteur de 10 000 €.
Élisabeth Marie
Bibliographie :
Conservation des antiquités et objets d’art de la Manche, fichier documentaire Magneville : objet.art.manche.fr
Le projet en images
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