Nouvelle-Aquitaine, Charente (16)
Magnac-Lavalette-Villars, Église Saint-Etienne
Édifice
En dépit de sa situation avantageuse, presque au sommet d’un coteau et de l’allée d’arbres qui conduit à son portail, l’église Saint-Étienne de Magnac-Lavalette-Villars ne se présente pas, vue de l’extérieur, sous un aspect très séduisant : de la masse austère de cet édifice relativement élevé, dominée par un clocher de plan barlong, aux baies tronquées, seule une partie de la façade nord est accessible, car la façade occidentale (dépourvue de portail), le mur méridional et la totalité du chevet sont enclavés dans des enclos qui gênent la perception de l’élévation des diverses parties. L’intérieur paraît plus remarquable par l’articulation de ses volumes : une nef de trois travées, à l’origine voûtée sans doute d’un berceau continu, un « faux carré » couvert tardivement d’une croisée d’ogives reposant sur des culots sculptés, éclairé au nord et au sud par deux fenêtres hautes et étroites et enfin un chœur presque carré, voûté lui aussi sur croisée d’ogives, éclairé par quatre fenêtres (une au nord, l’autre sud, deux à l’est), également hautes et étroites, d’une stéréotomie particulièrement soignée.
Malheureusement, et en dépit des travaux menés depuis 2008, l’église reste interdite d’accès car la priorité a été donnée à l’indispensable consolidation des maçonneries, ébranlées probablement par les mouvements de terrain qui, aggravés peut-être par le poids du clocher et malgré les importants contreforts qui caractérisent cette église, ont déstabilisé l’ensemble des murs porteurs. Seul le beau portail nord est donc, pour le moment, offert à l’admiration des visiteurs : d’un dessin élégant mais d’un style très dépouillé, avec ses trois voussures sans décor, retombant, par l’intermédiaire d’une corniche moulurée, sur des chapiteaux aux corbeilles nues ou ornées de deux cordons en léger relief, il est très représentatif du style sobre, très répandu en Angoumois dans le dernier tiers du XIIe s., date à laquelle on entreprit probablement de reconstruire l’église dépendant, vers 1121, de l’archidiaconé de Saint-Pierre d’Angoulême et dont les murs gouttereaux de la nef conserveraient quelques éléments.
Deux nouvelles tranches de travaux, pour lesquelles la Sauvegarde de l’Art français a accordé 9 000 € en 2010 et 12 000 € en 2011, devraient permettre d’envisager, ensuite, la mise en valeur de l’intéressant mobilier que conserve l’église (dont un retable inscrit à l’Inventaire supplémentaire).
Jean-René Gaborit