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Statut
Souscription fermée

L’église Saint-Pierre, située sur la place de Maël-Carhaix, gros bourg de la Bretagne centrale réputé pour ses ardoisières qui ont été actives jusqu’à la fin du XXe s.[1], a connu une histoire mouvementée. Succédant à une église sans doute de la fin du XVe s.[2] et du XVIe s., l’édifice actuel avait été reconstruit en grande partie à la fin du XIXe s. (entre 1889 et 1894), sur les plans de l’architecte finistérien Ernest Le Guerrannic (1830-1915), qui n’avait gardé de l’ancienne église que la tour-clocher datée de 1760 (selon une inscription lue par René Couffon à la base de la tour[3]), et quelques autres éléments anciens[4]. Dans la nuit du 14 au 15 juillet 1973, un incendie détruisit le corps de l’église, à la suite de la retombée d’une fusée incandescente. Elle fut donc à nouveau restaurée entre 1974 et 1977 par M. Monnerie, architecte des Bâtiments de France, qui put récupérer des pierres provenant d’anciennes chapelles de la commune.

Telle qu’elle se présente aujourd’hui, l’église a gardé son plan en forme de croix latine : façade occidentale portant le clocher et la tourelle d’accès à la chambre des cloches, nef et bas-côtés à quatre travées, transept, chœur à chevet plat flanqué de deux chapelles au nord et au sud. Les arcs à pénétration directe dans les colonnes caractérisent en Bretagne une construction du XVIe siècle.

Naturellement, le mobilier ancien (autels latéraux du XVIIe s., statues de la sainte Trinité, saint Joseph, sainte Agnès, saint Jean-Baptiste, saint Roch) et plus récent (maître-autel moderne œuvre du sculpteur briochin Élie Le Goff [1858-1938], vitraux de A. Laigneau, peintre verrier de Saint-Brieuc également [seconde moitié du XIXe s.]) a disparu dans l’incendie de 1973. Il a été remplacé par diverses statues, anciennes ou modernes : Christ en croix, Vierge à l’Enfant, saint Joseph portant l’Enfant Jésus, saint Pierre, saint Paul, Enfant Jésus (?), et par divers objets : cuve de baptême en granit, mécanisme de l’ancienne horloge. Le maître verrier quimpérois Pierre Toulhoat a orné en 1977 les fenêtres de vitraux représentant la Passion, l’histoire de la Vierge Marie, sainte Barbe (patronne des ardoisiers), sainte Catherine ; un vitrail représente l’incendie de l’église en 1973.

Sur le flanc sud de l’église a été implantée, totalement hors de son contexte archéologique, une borne milliaire datant, semble-t-il, du règne de Septime Sévère (193-211) retrouvée en 1873 sur le territoire de la commune ; elle jalonnait la voie de communication entre Carhaix (l’antique Vorgium, chef-lieu des Osismes) et Corseul (chef-lieu des Coriosolites).

Les derniers travaux de restauration de l’église ont porté sur le mur-clocher dont les joints avaient besoin d’être refaits et dont plusieurs balustres situés sur les plates-formes étaient descellées. La  Sauvegarde de l’Art français a contribué à ces travaux par une aide de 5 000 € en 2012.

Tanguy Daniel

 

Bibliographie :

R. Couffon, Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier, Saint-Brieuc, 1940, p. 244.

L. Pape, La civitas des Osismes à l’époque gallo-romaine, Paris, 1978, p. 33, A-19.

B. Tanguy, Dictionnaire des noms de communes, trèves et paroisses des Côtes-d’Armor, Douarnenez, 1992, p. 139-140.

Le patrimoine des communes des Côtes-d’Armor, Charenton-le-Pont, t. II, 1998, p. 655.

F. Gatouillat et M. Hérold, Les vitraux de Bretagne, Rennes, 2005, p. 107-108, fig. 91 (Corpus vitrearum, France. Recensement des vitraux anciens de la France, 7).

Légendes des illustrations

Maël-Carhaix (Côtes-d’Armor)

Église Saint-Pierre

  1. Plan de l’église
  2. Vue générale après l’incendie de 1973
  3. Vue actuelle prise du sud-ouest
  4. Le mur-clocher après restauration
  5. Vue intérieure vers le chœur

[1] Les ardoises extraites du sous-sol de Maël-Carhaix étaient de grande qualité : elles ont servi à couvrir de célèbres monuments, comme les Invalides à Paris et le Parlement de Rennes (après l’incendie de février 1994).

[2] Un fragment de la maîtresse-vitre de l’église médiévale, représentant sainte Catherine et un chanoine donateur (milieu du XVe s. ?), se trouve aujourd’hui au Cleveland Museum of Art (États-Unis). Il porte une inscription qui a permis de l’identifier : RECTOR DE MELLE  / OFICIALIS DE POCHER (Recteur de Maël [-Carhaix], official de Poher [le Poher étant le nom du pays de Carhaix]).

[3] L’inscription serait la suivante : MAISTRES H(ONORE)° AUBER ET A(NTOINE) GUIBER, qui sont des architectes du XVIIIe s. ; le second est connu pour des travaux dans les Côtes-d’Armor actuelles, à Mûr-de-Bretagne, Lamballe et Moncontour. On lit, en tout cas, gravée sur le tympan de la porte occidentale, l’inscription suivante : DOMVS MEA / DOMVS / ORATIONIS / VOCABITVR.

[4] Plusieurs autres éléments conservés semblent en effet indiquer une campagne de construction à l’époque de la Renaissance, notamment deux portes ouvrant dans les murs nord et sud, et un médaillon encastré dans le mur sud.

Le projet en images