Provence-Alpes-Côte d’Azur, Alpes-de-Haute-Provence (04)
Lurs, Chapelle Notre-Dame-des-Anges
Édifice
Chapelle Notre-Dame des Anges. Abritée par des mûriers et des marronniers séculaires, cette vaste chapelle s’abrite dans la vallée du Lauzon, au bas d’une colline qui porte le nom de Puy d’Aulun. Ce toponyme rappelle que le site n’est autre que celui d’une station antique nommée Alaunium, sur la voie Domitienne entre Sisteron et Apt. Une inscription romaine remployée dans la construction actuelle en fait foi. Plusieurs sanctuaires se sont succédé là. Ils sont attestés depuis le XIIème s. Saint Elzéar et sainte Delphine de Sabran s’y arrêtèrent (d’où la présence de leurs effigies peintes). Depuis la grande peste du XIVème s. au moins, Notre-Dame d’Aulun était un lieu de pèlerinage. À la suite de miracles au milieu du XVIIème s., l’évêque de Sisteron d’Arbaud de Matheron lui accorda le vocable de Notre-Dame des Anges et, pour répondre à l’afflux des pèlerins, fit appel aux Récollets pour la desservir. C’est sous leur égide que fut entreprise la reconstruction de l’église actuelle. Elle présente une disposition assez rare. La nef unique, couverte d’une voûte en berceau à pénétrations, a été bordée par la suite de six chapelles latérales. Mais, selon une très vieille formule, le chœur s’articule avec une chapelle basse, dénommée crypte mais presque de plain-pied avec le sol de la nef. Le maître-autel se trouve sur une haute estrade à laquelle donnent accès deux escaliers latéraux tandis qu’entre les deux une large arcade ouvre sur la « chapelle des Miracles », dont le fond présente le tableau de la Vierge miraculeuse. Ainsi les fidèles pouvaient suivre les offices sur les deux autels. L’église a été construite de 1661 à 1674, date de sa consécration. L’évêque Laffitau, qui y fit exécuter de nombreux remaniements, la consacra à nouveau en 1755. En 1675, le marquis Laurens de Forbin-Janson, seigneur de Mane, fit bâtir du côté de l’évangile la chapelle Notre-Dame de Pitié. Celle de saint François d’Assise fut élevée du côté de l’épître grâce à Gaspard de Glandevès, marquis de Niozelle. D’autres suivirent : chapelle Saint-Claude en 1721, Saint-Joseph en 1728, Sainte-Anne en 1729. Le monument conserve de nombreux souvenirs attachants : les tombeaux sculptés des évêques d’Arbaud de Matheron et Laffitau (les évêques de Sisteron, « princes de Lurs », étaient propriétaires des lieux et y avaient leur château depuis le XIème s.), de nombreux tableaux et ex-voto (dont deux classés). Malgré son intérêt, ce haut lieu de la dévotion provençale avait été laissé à l’abandon. La Sauvegarde de l’Art Français a accordé deux aides (50 000 F le 27 mai 1993 et 10 000 F le 28 avril 1994), pour la restauration .
J. T.