Hauts-de-France, Pas-de-Calais (62)
Lumbres, Église Saint-Sulpice
Édifice
Grâce à la générosité d’un mécène privé, cette église du XIXe s. a pu bénéficier de l’expertise de la Sauvegarde de l’Art français.
Église Saint-Sulpice. Jugeant en 1853 son église vétuste et trop modeste, le chanoine Gérard, curé de la petite ville, acheta un terrain dans le centre pour faire édifier un nouveau sanctuaire.
Les plans furent donnés par l’architecte diocésain, Alexandre Grigny (1815-1868), promoteur d’un néogothique dépouillé, inspiré de celui du début du XIIIe s., comme en témoignent ses précédentes réalisations : l’église Saint-Géry d’Arras, plusieurs églises rurales, dont celle de Fruges, et l’église catholique de Genève. La première pierre fut posée en 1854 par Mgr Parisis, évêque d’Arras, l’ouverture au culte eut lieu en 1859 et la consécration en 1863.
Demeuré en 1905 propriété de l’association diocésaine, l’édifice fut agrandi en 1925 d’une sorte de déambulatoire fait de scories maçonnées et couvert de voûtes simulées, qui fut abattu en 2012.
Il s’agit d’un sanctuaire de type hallekerke, à trois vaisseaux de même hauteur, celui du milieu se distinguant par sa plus grande largeur. Les voûtes sur croisées d’ogives reposent sur une double file de piliers cruciformes particulièrement élancés, ce qui donne à l’espace intérieur beaucoup d’élégance et de clarté. Nettement plus modeste, le chœur correspond à la largeur du vaisseau central. Quant au clocher, placé devant la première travée, il se signale par une flèche de pierre octogonale, ornée de crochets et accompagnée de quatre clochetons en encorbellement.
L’apparition de fissures sur deux des grands piliers, dans les années 1980, fit craindre des éclatements. À l’issue d’expertises contradictoires, on posa autour de chaque pilier des pièces de bois solidement cerclées de fer. Laissée néanmoins sans entretien, l’église était en 2008 dans un état déplorable et promise à la démolition.
Sauvée in extremis par la mobilisation d’une bonne partie des habitants, menés par une équipe déterminée et efficace, elle a fait l’objet de travaux considérables, financés par de nombreux dons et par la contribution du Conseil général. L’opération la plus délicate a été la dépose de chacun des grands piliers, après insertion sous le chapiteau de poutres métalliques, et leur reconstruction à l’identique en pierre du Valois.
Rappelons ici que l’église de Lumbres est aussi celle de l’abbé Donissan, le héros du roman de Bernanos, Sous le soleil de Satan, qui finit par y mourir solitaire, dans son confessionnal.
La Sauvegarde de l’Art français, qui a aidé, à l’échelon local, à éviter la destruction de l’église, a ensuite participé aux travaux de couverture, en accordant à l’Association diocésaine d’Arras un don de 20 000 € en 2012.
Philippe Seydoux