Luigny, Église Saint-Jean-Baptiste

Luigny, du latin Lupiniacum, située dans le Perche-Gouet, tire son nom des loups qui infestaient autrefois la contrée. Selon une charte du XII^e s., l’église, en ruine à la suite des nombreux conflits qui s’étaient déroulés à cette période dans la région, fut donnée par Guillaume de Vichères aux moines de l’abbaye Saint-Père de Chartres qui s’engagèrent aussitôt à la restaurer.

De cette époque datent les parois de la nef, de quatre travées, percées de petites baies romanes en plein cintre, et l’abside semi-circulaire, le tout en pisé. Remaniée ultérieurement, la façade occidentale présente un portail en anse de panier souligné d’une archivolte et surmonté d’une rosace appareillée d’élégants entrelacs. Un clocher massif en ardoises, percé d’abat-sons géminés, surplombe la toiture de l’église, en tuiles plates. En raison de l’accroissement de la paroisse au XVI^e s., le sieur Pierre de Saint-Berthevin fit entreprendre vers 1550 l’agrandissement de l’édifice par la construction d’une chapelle composée de deux travées de bas-côté, sur le flanc sud de l’église, le long des deux travées orientales de la nef.

Comme dans beaucoup d’églises rurales du Perche, la voûte, en bois de chêne, est en forme de berceau renversé. L’abside semi-circulaire, plus large que la nef, comprenait à l’origine trois baies en plein cintre, bouchées au XVIII^e s. lors de l’édification du retable du maître-autel, l’abside n’étant plus éclairée depuis lors que par une baie au sud du chœur.

L’église conserve encore l’ensemble de son mobilier (bancs fermés notamment) et, surtout, un remarquable retable en pierre polychrome et bois de style baroque, classé monument historique au titre des objets le 10 février 1995. Il s’agit en fait d’un ensemble de trois retables. Le retable central s’articule sur des colonnes aux chapiteaux corinthiens supportant un entablement et un fronton dont la partie centrale est occupée par une niche abritant une statue de saint Jean-Baptiste. Quatre statues ornent les deux retables dont celles de saint Sébastien et sainte Barbe.

La mairie de Luigny, soucieuse de la préservation de l’église et du retable, a décidé de mener à bien les travaux nécessaires en plusieurs campagnes. La première de ces campagnes (mai-décembre 2016) a porté sur la réfection de la toiture et du fût du clocher. Pour ces travaux la Sauvegarde de l’Art français a accordé une aide de 20 000 €.

Rosine Cleyet-Michaud