Nouvelle-Aquitaine, Charente (16)
Londigny, Église Saint-Hilaire
Édifice
Église paroissiale Saint-Hilaire (de Londignaco). L’édifice fut reconstruit à l’extrême fin du XIIe s., sous la forme très simple d’une nef rectangulaire couverte d’un berceau brisé continu, séparée par deux gros dosserets de section carrée d’un chœur carré légèrement plus étroit, lui-même voûté en berceau brisé, et portant, au dehors, une corniche à modillons dont les vestiges subsistent encore sur le mur latéral sud. L’ensemble dut souffrir de la guerre de Cent Ans, qui détruisit le berceau du chœur, sur les premières assises duquel on posa, au XVe s., une charpente à poinçons moulurés. Les murs de la nef furent dérasés, et leur corniche, si elle existait, disparut. Á la fin du XVe s. ou au début du suivant, une chapelle fut construite contre le gouttereau nord de la nef et le long du chœur, en retrait d’environ 5 m sur le niveau de la façade romane, avec trois travées carrées de voûtes d’ogives à pénétrations.
L’église souffrit de nouvelles destructions du fait des huguenots, qui ruinèrent la nef romane et cette chapelle, dont ne subsistent plus que les arrachements des nervures, aux angles et contre le gouttereau nord de la nef. Son mur nord fut sommairement rebâti et reçut, comme la nef, une charpente au XVIIe siècle. L’ensemble fut réparé vers 1850 avec des berceaux de plâtre, un empâtement intérieur général et un élégant clocher-arcade géminé néoroman sur la façade.
Une restauration récente très scrupuleuse vient de remettre au jour les vestiges de cet édifice, peut-être plus remarquable par les traces de ses vicissitudes que par son architecture initiale. La réapparition des charpentes anciennes (XVe et XVIIe s.) permet de lire le départ des berceaux mutilés. Les restes d’une fenêtre romane sont redevenues visibles dans la partie ouest du gouttereau sud. D’intéressantes traces de peintures décoratives de la fin du Moyen Âge ont revu le jour, ainsi qu’une sainte Marguerite, assez usée mais délicieuse, dans la partie orientale du mur sud de la nef, et un monumental saint André, debout, portant sa croix, dans la partie sud de l’ébrasure de la baie d’axe du chœur. Dans ce même chevet, comme au revers de la nef, sont bien lisibles deux litres funéraires du XVIIe s., aux armes des Prévost de Touchimbert, seigneurs du lieu. Trois médaillons – les anciennes clés de voûte de la chapelle gothique – dont deux avaient été réemployés dans son mur nord et le troisième au-dessus d’une porte de la nef près de la sainte Marguerite déjà signalée, sont aujourd’hui débarrassés de leur enduit de chaux. Le premier représente un écu portant trois gonfanons, le second un lion debout passant, le troisième un aigle, le tout d’excellente facture. Dans le mur est de la chapelle a été également dégagée une minuscule niche flamboyante. On a eu l’idée judicieuse d’enclore dans une petite salle au midi de la nef, bien visibles mais préservées par une grille et formant comme un petit trésor, plusieurs effigies peintes de saints des XVIIe et XVIIIe s., de style populaire, des statues brisées et autres restes lapidaires médiévaux, et des éléments de mobilier liturgique du XIXe siècle.
Les toitures d’ardoises ont été remplacées par une couverture en tuiles plates. La façade romane, partie de l’édifice qui avait le moins souffert, montre un portail en arc brisé encadré de deux contreforts plats, avec deux chapiteaux végétaux stylisés, sous une corniche dite, selon les lieux, « poitevine » ou « berrichonne », c’est-à-dire formée de petits arcs bombés reposant sur des modillons à masques et têtes d’animaux. Au-dessus, est percée une simple baie en plein cintre sous archivolte en cavet nu. Le pignon aigu tronqué est coiffé du clocher-arcade géminé mentionné plus haut. En retrait au nord, la porte de la chapelle seigneuriale est encadrée de moulures prismatiques très légèrement brisées, avec un écu fruste.
Pour la réfection de maçonneries extérieure et intérieure, la collecte d’eaux pluviales et la restauration de la voûte en bois de la nef et du chœur, la Sauvegarde de l’Art français a accordé en 2006 une aide de 11 000 €.
Pierre Dubourg-Noves