Hauts-de-France, Nord (59)
Lille, Chapelle Notre-Dame de la Réconciliation
Édifice
Située sur l’ancienne commune d’ Esquermes, rattachée au XIXe siècle à celle de Lille, la chapelle Notre-Dame-de-Réconciliation occupe un site à l’origine humide, où de jeunes bergers auraient découvert au XIe siècle, dans un arbre, une statue de la Vierge.
Baudouin IV, comte de Flandre, guéri d’ un mal incurable, aurait fait construire un modeste oratoire, que la comtesse Jeanne aurait fait remplacer dans la première moitié du XIIIe siècle par la chapelle actuelle. Éprouvée au début du XVIIe siècle par les passages de troupes, et probablement incendiée, celle-ci fut restaurée par les jésuites. Confisquée et vendue à la Révolution, elle fit l’objet de plusieurs campagnes de travaux de consolidation et d’ agrandissement, souvent maladroits, car gênés par le manque de moyens et l’exiguïté du terrain, situé dans une zone urbaine particulièrement dense.
À l’église d’origine appartient la nef de quatre travées, en pierre calcaire, séparée de ses collatéraux par deux files de colonnes en pierre de Tournai, dotées de chapiteaux à crochets supportant de grandes arcades en tiers-point. De cette époque sont également les grandes fenêtres de l’étage supérieur, elles aussi en tiers-point, qui s’ouvrent sous une ligne de consoles sculptées correspondant à la base du comble d’origine. Le grand arc triomphal précède un chœur rectangulaire, épaulé par des contreforts en croix. Ces dispositions, caractéristiques de la première moitié du XIIIe siècle, ont été progressivement altérées au cours de campagnes de confortation des maçonneries, d’agrandissements des annexes et de modernisation des décors.
La façade sur rue, qui menaçait ruine, fut remplacée vers 1831 par la composition brique et pierre actuelle, due à l’architecte Benvignat. Les collatéraux, à l’origine très étroits, furent progressivement élargis, ce qui entraîna l’établissement de toits en appentis condamnant la partie inférieure. Deux chapelles vinrent également encadrer la première travée de chœur, ouvrant sur le sanctuaire par une paire de grandes arcades néogothiques, mal proportionnées.
La Sauvegarde de l’ Art français a participé en 2014 à hauteur de 20 000 €, au titre du mécénat Duprez-Mulliez, à une restauration générale de la chapelle, accompagnée d’ une mise en valeur des éléments d’ époque médiévale.
Philippe Seydoux
A. Plateaux, « La chapelle Notre-Dame
de Réconciliation à Lille », Annales du Comité flamand de France, t. LIX, 2001, p. 13-33.