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Statut
Souscription fermée

L’église paroissiale Saint-Jean-Baptiste de Lézardrieux est située sur la place centrale de ce petit port trégorrois sur le Trieux, aujourd’hui essentiellement consacré à la plaisance. À l’origine, Lézardrieux était une trève[1] de Pleumeur-Gautier, avec fonts baptismaux et cimetière. Au xve s., le recteur portait le titre de recteur des églises unies de Pleumeur et Lézardrieux.

L’édifice actuel a été réédifié au xvie s., comme en témoigne le style, dans le chœur, de sablières décorées de cavaliers et d’une scène de chasse, ainsi que d’un sacraire en granit dont le vantail en bois est renforcé de ferrures. Le transept et la première travée de la nef datent de 1580, selon l’inscription placée à l’angle nord-est de la nef et du transept : CESTE : EGLISE : FVT: / REEDEFIEE : EN : LAN : 1580 : La nef et les bas-côtés ont été élevés entre cette date et 1749, millésime que porte le clocher-mur occidental. Le plan de l’ensemble actuel est en forme de croix latine, la nef ayant six travées et le chœur un chevet plat.

L’originalité de l’édifice tient essentiellement à son clocher-mur de type trégorrois[2], édifié en pierre de taille de granit, à la différence du reste du gros œuvre. La tour centrale, de plan en H, comportant trois niveaux, est flanquée de deux tours cylindriques coiffées de dômes, l’une au sud, l’autre au nord ; la tour sud abrite un escalier hélicoïdal en pierre qui permet d’accéder à la terrasse en encorbellement qui porte un clocher à trois baies sommé d’une courte flèche maçonnée ; la tour nord, creuse, contient l’horloge. La porte en anse de panier à la base du clocher, portant la date de 1749, est surmontée d’une baie en plein cintre et d’une petite niche abritant une statuette de saint Jean-Baptiste.

À l’intérieur, les arcs en plein cintre de la nef reposent sur des piliers octogonaux à chapiteaux dont certains, au nord, sont ornés de fleurs de lis. Le couvrement est formé d’une charpente en berceau lambrissée, les voûtains étant en bois peint. Le mobilier le plus remarquable est constitué par les trois autels et retables du chœur et du transept, sculptés en bois peint, œuvres du xviiie siècle. Le retable du maître-autel, à quatre colonnes corinthiennes, comporte en son centre un grand tableau peint représentant l’Assomption, les deux niches latérales abritant les statues de saint Tugdual, fondateur de l’évêché de Tréguier au vie s., et de saint Yves. Le retable du bras nord du transept, peut-être de la fin du XvIie s., provient du couvent des franciscains de l’île Verte[3] : le tableau central, daté 1650, a pour thème la Crucifixion[4] ; deux panneaux de chaque côté de l’autel représentent les Disciples d’Emmaüs et la Cène. Le retable du bras sud du transept, à deux colonnes corinthiennes et un fronton triangulaire, est dédié au Rosaire avec, sur sa gauche, une statue de saint Joseph portant l’Enfant Jésus.

On notera aussi quelques autres éléments dignes d’intérêt : les confessionnaux du xviiie s., la chaire à prêcher de 1857, une Pietà surmontant la liste des soldats originaires de Lézardrieux tués à la guerre de 1914-1918, une statue du bienheureux Yves André Guillou de Keranrun (1748-1792), originaire de Lézardrieux, proviseur du collège de Navarre à Paris, victime des massacres de septembre 1792 et béatifié en 1926, œuvre du sculpteur briochin Wenandy Le Goff en 1926, et enfin des vitraux modernes de Louis Balmet, datés 1923.

Les désordres de la maçonnerie du clocher, y compris les balustrades, ont justifié des travaux de consolidation, pour lesquels la Sauvegarde de l’Art français a contribué par une aide de 10 000 € en 2012.

Tanguy Daniel

 

Bibliographie :

R. Couffon, Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier, Saint-Brieuc, 1940, p. 228-229.

B. Tanguy, Dictionnaire des noms de communes, trèves et paroisses des Côtes-d’Armor, Douarnenez, 1992, p. 129-130.

M. Hamoury, La peinture religieuse en Bretagne aux xviie et xviiie siècles, Rennes, 2010, p. 37 et CD-ROM annexe.

 

 Légendes des illustrations

Lézardrieux (Côtes-d’Armor)

Église Saint-Jean-Baptiste

  1. Plan de l’église
  2. Vue du clocher-mur occidental [DSC 0874a]
  3. Vue intérieure vers le chœur [DSC 0859]
  4. Vue de la nef et du bas-côté nord [DSC 0862]
  5. Le chœur et son retable [DSC 0842]

Sablières du xvie siècle [DSC 0834a et 0835a]

[1] Sur la nature de la trève en Bretagne, voir ci-dessus la notice sur Le Cloître-Pleyben, note 1.

2. Ce clocher est souvent qualifié de « type Beaumanoir », du nom de l’atelier d’architectes morlaisiens qui fut actif dans le Trégor à la fin du xve et au début du xvie s. (voir ci-dessus la notice sur Le Cloître-Pleyben, note

[3] L’île Verte est proche de l’île de Bréhat ; un couvent de moines franciscains y fut établi du xve s. à la Révolution.

[4] Le Christ en croix est représenté avec la Vierge et saint Jean. Le peintre, anonyme, s’est fortement inspiré d’une gravure d’après Antoine Van Dyck.

Le projet en images