Occitanie, Hérault (34)
Lespignan, Église Saint-Pierre-aux-Liens
Édifice
Chapelle Saint-Pierre. La chapelle de Lespignan se situe sur un plateau au sud-est de la commune, en bordure du cimetière. C’était jadis un prieuré-cure dépendant de l’archiprêtré de Cazouls. En 1867, elle prit pour vocable Notre-Dame de Compassion et celui de Saint-Pierre-aux-Liens fut transféré à la nouvelle paroisse créée. Une tradition date du IXe s. la construction de l’édifice, à une époque où Charlemagne aurait fait bâtir dans le Biterroi plusieurs églises de campagne. Dans une charte de 1156, une église de Lespignan est mentionnée lors d’ une transaction entre Jean, prieur de Cassan et Guillaume, évêque de Béziers. La chapelle se compose d ‘une nef unique à trois travées reconstruite au XVIIe s., prolongée par un chœur d’une travée, légèrement surélevé, et d’une abside. Longue de 30 m et de 12 m de large, l’église est orientée. Le chevet, bâti au XIIe s., est légèrement désaxé vers le sud par rapport à la nef. Les doubleaux de la nef reposent sur des colonnes aux chapiteaux sans décor. En revanche, les chapiteaux qui portent les quatre arcs du chœur sont sculptés ; ce sont vraisemblablement des remplois. Leur décor en rinceau x évoque les chapiteaux de l’église Saint-Jacques de Béziers. Les chapiteaux historiés sur lesquels repose l’arc qui sépare le chœur du chevet semblent très anciens. Le chœur et le chevet sont voûtés en pierre. Dans le chevet à cinq pans, de part et d’autre de la fenêtre d’axe, s’ouvrent deux niches profondes. Des fenêtres ont été ouvertes dans les deux derniers côtés du penta gone, au nord et au sud. Cette disposition constitue, avec celle du chevet de la cathédrale d’Alec, un témoignage architectural peu courant en Languedoc méditerranéen. Une porte en plein cintre, ornée d’un arc à sept claveaux moulurés et surmontée d’une rosace en brique, orne la façade occidentale. La nef est éclairée par deux fenêtres à double ébrasement, l’une au sud et l’autre au nord. En 1894, le voûtement en brique de la nef a été réalisé grâce à une souscription paroissiale. Une porte en plein centre, aujourd’hui murée, s’ouvrait au sud dans la première travée de la nef. L’appareil du chœur et de l’abside est très soigné tandis que celui des murs sud et ouest est plus grossier. Sur les façades sud, est et nord se lisent encore les arrachements des contreforts. L’édifice est couronné d’un cordon de billettes qui court le long des murs extérieurs et à l’intérieur du chœur et du chevet. Un campanile s’élève sur le mur pignon d’entrée, abritant une petite cloche baptisée en 1881. Des fouilles archéologiques effectuées en 1993 ont mis à jour les fondations du bâtiment révélant une nécropole du haut Moyen Age. Encore récemment utilisé pour l’office des défunts, cet édifice est dans un mauvais état de conservation. Pour les travaux de couverture et la confortation des structures, la Sauvegarde de l’Art Français a accordé une aide de 80 000 F en 1994.
J.-F. D.