Hauts-de-France, Oise (60)
Léglantiers, Église Saint-Eloi
Édifice
L’église Saint-Éloi présente la silhouette caractéristique de nombreuses églises de Picardie, avec une nef basse, largement reconstruite à l’époque moderne, précédant un chœur polygonal nettement plus élevé, construit à l’extrême fin du Moyen Âge, sans doute à l’initiative de l’abbé de Saint-Just-en-Chaussée qui exerçait le droit de patronage.
La nef à trois vaisseaux, séparés par des colonnes, compte quatre travées, la dernière plus profonde pourrait conserver le témoignage de l’église précédente. Le chœur, à vaisseau unique, comporte une travée droite devant l’abside à cinq pans voûtée d’ogives, épaulée par des contreforts à ressauts couronnés en chaperon. Des baies à deux lancettes sous tympan flamboyant ajourent le choeur.
C’est le clocher-porche occidental qui constitue la partie la plus monumentale de l’église. De plan légèrement barlong, il est épaulé aux angles par des contreforts cruciformes, avec tourelle d’escalier à l’angle nord-ouest. Son haut comble pyramidal tronqué à quatre pans culmine à une trentaine de mètres, des dimensions voisines de la longueur totale de l’église. Le clocher comporte deux niveaux, un rez-de-chaussée faisant office de porche au rez-de-chaussée et un beffroi en étage. Des voûtes d’ogives qui devaient couvrir le rez-de-chaussée, seuls les formerets ont été réalisés. Leur sommet est dissimulé sous un plafond plat moderne. L’accès à l’église par l’ouest est magnifié par un portail monumental à deux portes séparées par un trumeau sous un tympan très étiré dont les voussures en arc brisé surhaussé abritent un tympan orné de trois niches et un oculus. Dans ses proportions élancées, on peut y voir un écho des portails du transept de la cathédrale de Beauvais élevé par Martin Chambiges à partir de 1499. Le beffroi est ajouré sur chaque face du clocher par deux baies pourvues d’abat-sons. Les culées des contreforts du clocher, rythmées par des corniches moulurées qui se prolongent sur les faces de l’édifice, sauf au-dessus du portail où l’on prévoyait peut-être un gâble, s’enrichissent de niches de part et d’autre du tympan du portail et d’arcs en accolade à la naissance du beffroi, des pinacles géminés accompagnent le rétrécissement sommital des contreforts couronnés par des chaperons en bâtières, qui laissent dégagée la partie supérieure du clocher. Seul le sommet de la tourelle d’escalier, avec sa petite coupole nervurée, dépasse l’arase des maçonneries du beffroi.
Le clocher souffre de graves problèmes de stabilité dus notamment à la nature de la pierre qui résiste mal aux intempéries, des phénomènes de tassement ont entraîné des fissures inquiétantes. L’état général de l’église a d’ailleurs entraîné sa fermeture en 2001. Comble de malheur, un incendie a ravagé la toiture de la nef en avril 2010.
Pour la restauration des maçonneries du clocher, la mise en sécurité du portail ouest et la restauration de la charpente et de la toiture du chœur, la Sauvegarde de l’Art français a accordé une aide de 16 000 € en 2009.
Dany Sandron