Centre-Val de Loire, Eure-et-Loir (28)
Le Mesnil-Simon, Église Saint-Nicolas
Édifice
Située au nord-est d’Anet, la commune du Mesnil-Simon conserve devant le portail ouest de son église le mausolée (cl. MH) de la famille de Malebranche, qui posséda la terre du Mesnil-Simon. Abattu pendant la Révolution, il a été remonté dans le cimetière en 1839. A cette occasion, on ajouta sur l’obélisque une inscription en l’honneur de l’auteur de la Recherche de la vérité.
Disputée entre les deux royaumes de France et d’Angleterre, la terre du Mesnil-Simon fut dévastée pendant la guerre de Cent Ans comme les seigneuries voisines de Bréval, d’Ivry et d’Anet. A la suite de cette période de destruction, l’église, à l’exception du clocher, fut entièrement reconstruite, probablement à l’époque où Jean du Mesnil-Simon (av.1416-entre 1486 et 1493) et son épouse Philippa de Rochechouart (1425-1493) étaient seigneurs du lieu.
Le chantier récent de restauration a permis de définir plusieurs étapes de cette reconstruction : commencée par le chœur et les travées de la nef situées au droit du clocher, elle s’est poursuivie par les trois travées occidentales de la nef, la façade et les chapelles. Dans la première moitié du XVIe s., la création d’une nef latérale réunissant la chapelle de la Vierge, la chapelle seigneuriale et la travée sous le clocher impliqua la construction en sous-œuvre dans les murs du clocher de trois grandes arcades. Le clocher apparaît comme l’élément le plus ancien, sur plan carré, mais percé ultérieurement et couvert d’une flèche en charpente au XVIe siècle.
Le chevet à quatre pans est de construction homogène, percé de baies à deux lancettes et un réseau dans un encadrement mouluré en pierre qui suggère une datation vers 1480-1490. Les vitraux historiés du début du XVIe s. furent en grande partie détruits pendant la période révolutionnaire ; des fragments sont remontés de façon désordonnée au début du XIXe siècle. Seule la représentation de l’Arbre de Jessé (cl. MH), au nord, apparaît complète mais fortement restaurée en 1872.
L’édifice conserve un nombre restreint d’objets mobiliers de qualité, comme une Vierge allaitante, en bois, peut-être du XIVe s., un retable du XVIIie s. dans la chapelle Saint-Roch. La dalle funéraire gravée, représentant Jean du Bec et son épouse Marguerite de Guainville (cl. MH), début XVIe s., redressée au XIXe s. proviendrait de l’ancienne chapelle seigneuriale de l’église. Enfin, des traces de litre funéraire sont encore lisibles et feront l’objet d’une étude lors de la restauration intérieure de l’église.
Fabienne Audebrand
Bibliographie :
Arch. dép. Eure-et-Loir, 2 O 2256 ; G 7346.
Drac Centre Val-de-Loire, Centre régional des monuments historiques : travaux.
Commune de Mesnil-Simon (Eure-et-Loir), église Saint-Nicolas. Diagnostic archéologique par Claire Guiorgadzé, 2012.
Abbé Ch. Métais, Églises et chapelles du diocèse de Chartres, 2e série, Chartres, 1900, p. 69-70 (Archives du diocèse de Chartres, 4).
Dictionnaire des églises de France, IV D, Ile-de-France, Paris, 1968, p. 111 (notice par J. Lacour).
Mesqui, Les seigneuries d’Ivry, Bréval et Anet aux xie-xiiie siècles : châteaux et familles à la frontière normande, Caen, 2011 (Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, 46).