Bretagne, Côtes-d’Armor (22)
Landebaëron, Église Saint-Maudez
Édifice
L’église paroissiale de Landebaëron, placée sous le vocable de saint Maudez, faisait partie jusqu’en 1790 de l’évêché de Tréguier. L’édifice, qui témoigne de plusieurs campagnes de construction depuis le XIVème jusqu’au XVIIIème s., ne manque ni d’intérêt ni de charme en dépit d’un caractère un peu hétérogène. De plan rectangulaire et à chevet plat, la nef, étroite et longue, est précédée d’un clocher-porche élevé, surmonté d’une flèche de pierre. Le long du mur sud se succèdent un ossuaire, un porche à auvent qui permet d’accéder à la nef de ce côté et deux fenêtres pendantes à lucarne, seules travées visibles à l’extérieur d’un collatéral qui flanque la nef au sud. Le développement de la façade sud s’achève par une grande chapelle qui fait largement saillie, ellemême flanquée à l’ouest par le retour d’équerre du collatéral. Au nord, une sacristie a été édifiée au droit du chœur. De la fin du XIVème s. date la nef, avec notamment son portail gothique conservé au moment de la reprise du clocher au XVIIème s., ainsi que la grande baie à remplage rayonnant du chœur. L’église connut vraisemblablement des campagnes de restauration importantes au XVème s. au lendemain de la guerre de succession de Bretagne. Au XVIème s., une modification notable fut apportée au plan initial par l’aménagement de la chapelle sud qui englobe dans son massif les trois dernières travées du collatéral ainsi que le retour d’équerre de ce dernier ; la présence d’une baie à remplage rayonnant dans son mur est, baie actuellement murée, prouve bien que la chapelle existait déjà en partie et que la campagne du XVIème s. a visé à l’augmenter, à percer son mur sud d’une grande fenêtre au remplage d’inspiration Renaissance, voire à modifier le tracé en tiers-point des grandes arcades qui séparent la nef du bascôté : ces dernières sont, en effet, beaucoup plus élancées à la hauteur de la chapelle. Le mur-pignon, imposant et asymétrique en raison du collatéral auquel on accède par une porte basse cintrée, est décoré de crochets fleuris ; tandis que le rampant de gauche part d’un acrotère en forme de sirène, d’inspiration Renaissance, celui de droite s’élance depuis une gargouille saillante, de type gothique. C’est au XVIème s. également que furent reprises les deux baies de la façade nord. Le siècle suivant voit la construction de la sacristie au nord (1646- 1649), l’élévation du clocher (1656 -1657) et l’aménagement du versant sud de la façade en arrière duquel s’appuie l’ossuaire, par Vincent L’Abat, tailleur de pierres de la région de Guingamp. Le portail gothique est étroitement inséré, et en retrait , entre de puissants contreforts, ce qui renforce l’impression massive du clocher dans sa partie inférieure. Cette nouvelle campagne devait s’attacher avant cour à la construction du beffroi et de la flèche auxquels on accède par une tourelle d’escalier hors œuvre qui flanque le clocher au nord ; la chambre des cloches à deux étages est entourée d’une étroite terrasse en encorbellement , bordée d’une balustrade ajourée ; les décors à boules des clocherons qui cantonnent la flèche confirment cette campagne du XVIIème siècle. Au cours du XVIIIème s., la chapelle sud fut restaurée ainsi que les façades de l’ossuaire et du porche ; la nef fut alors couverte d’une voûte lambrissée en berceau. Parmi le mobilier intéressant renfermé dans cet édifice, figure la charmante série des statues en bois polychrome des Douze Apôtres abritées jusqu’à une époque récente sous le porche à auvent et déplacées par sécurité à l’intérieur de l’église. Pour cette première campagne de travaux qui prévoyait la réfection de la charpente, de la couverture et des maçonneries du chœur, de la chapelle sud et de la sacristie, la Sauvegarde de l’Art Français a octroyé une subvention de 70 000 F en 1995.
E. G.-C.