Pays de la Loire, Maine-et-Loire (49)
Lande-Chasles La, Église Saint-Jean-l’Evangéliste
Édifice
Le territoire de La Lande-Chasles est situé au nord-est du département de Maine-et-Loire entre Baugé et Longué-Jumelles. L’église romane du XIIe s., placée sous le vocable de saint Jean l’Évangéliste, orientée est-ouest, est édifiée à l’écart du bourg, en lisière du massif forestier baugeois. Si l’on ignore la date de fondation de la paroisse, nous savons que le prieuré-cure dépendait de l’abbaye Toussaint d’Angers dès l’épiscopat de l’évêque Ulger (1125-1148).
De petites dimensions, l’église comprend une nef unique rectangulaire à laquelle on accède à l’ouest par un porche maçonné du XIXe siècle. Un arc triomphal sépare la nef du chœur et supporte le clocher-mur pouvant dater du XVIe siècle. Le chœur comprend une travée droite qui se termine par une abside semi-circulaire. Au sud du chœur s’adosse une petite sacristie construite en 1699.
De la différence d’appareil on peut déduire deux campagnes de construction au XIIe siècle : dans un premier temps, la nef, au début du XIIe siècle, édifiée en petit appareil de tuffeau et dans un second temps, le chœur en moellons de grès et de calcaire.
L’église ouvre à l’ouest par un portail roman appareillé en plein cintre, surmonté d’une archivolte moulurée à retour. Le mur-pignon occidental qui a gardé son élévation romane prend jour au moyen d’une haute baie d’origine. Au niveau de la deuxième travée nord-est se trouve désormais condamnée la seconde porte romane, dite « porte des morts ». Elle est formée de deux ressauts appareillés surmontés d’une archivolte. Les murs gouttereaux sont percés de quatre baies romanes, en plein cintre à voussoirs. Ils sont étayés par des contreforts, importants massifs de maçonnerie renforçant ceux du XIIe s. qui étaient construits en tuffeau. Primitivement, la nef devait recevoir une voûte en berceau. Après l’effondrement probable de la voûte romane, une nouvelle charpente à entraits et poinçons apparents sur sablières jumelées avec une voûte de bois lambrissée est mise en place sur les maçonneries romanes. Quatre fermes à entraits et poinçons moulurés supportent le lambris en voligeage jointif à couvre-joints. Si la charpente date du XVIe s., le précédent lambris très dégradé, remplacé à l’identique, portait la date de 1702. Le beau volume de la nef communique par un arc triomphal en arc brisé avec le chœur qui est voûté.
La travée droite de chœur recevait primitivement son éclairement de deux baies. Sa voûte, en berceau brisé, est appareillée. L’arc ouvrant sur l’abside porte la date de 1714 qui correspond sans doute à la restauration de la voûte. Cet arc est orné d’une modénature en tore de même section que les colonnettes latérales. L’abside prenait jour par trois baies romanes. À l’extérieur, trois lourds massifs de maçonnerie en moellons épaulent le chevet.
Sur le mur de l’arc triomphal se dresse le petit clocher-mur percé de deux baies, celle du sud abrite une cloche datée de 1701. La face est du mur du clocher est ornée d’une statue posée sur une console montrant un homme chevauchant un animal fantastique.
L’église a été enrichie d’un beau mobilier à l’époque classique. Le retable de la fin du XVIIe siècle adopte un plan concave. Il comporte un ordre corinthien de deux colonnes supportant un fronton cintré. Au centre, le bas-relief représente le Baptême du Christ. L’église conserve un très beau tabernacle à ailes en bois doré probablement de la première moitié du XVIIIe siècle. Les deux vitraux des baies flanquant le retable datent du XIXe siècle. Le vitrail nord, de 1870 environ, représente saint Hippolyte, le second figure saint Louis.
L’édifice de La Lande-Chasles est caractéristique des églises dites romanes rurales. Ses abords lui confèrent un pittoresque très attachant.
En 1991-1992, la commune avait procédé à la restauration du clocher-mur et des contreforts de la nef. Les travaux se sont poursuivis par la restauration de la voûte lambrissée de la nef – réfection à neuf avec la mise en place d’un voligeage en châtaignier – et par celle de la sacristie. La Sauvegarde de l’Art français a octroyé en 2002 une subvention de 3 000 euros.
P.-X. H.
Bibliographie :
Ministère de la Culture : dossier de protection Monument historique (La Lande-Chasles, Église Saint-Jean, XIIe siècle, s.d.).
C. Port, Dictionnaire historique géographique et biographique de Maine-et-Loire, revu et mis à jour par J. Levron et P. d’Herbécourt, t. II, Angers, 1978, p. 332-333.