Nouvelle-Aquitaine, Lot-et-Garonne (47)
Lamontjoie, Église Saint-Louis
Édifice
Église Saint-Louis. Bien que la bastide de La Montjoie ait été créée à la fin du XIIIe s. (1298), l’église actuelle ne semble pas remonter au-delà du XVIe siècle. Le village, perché sur une colline, est construit sur un plan en damier autour d’une place centrale, disposition habituelle pour les bastides dans cette région ; un seul des côtés de la place comporte des arcades, ou couverts. L’église se situe en retrait, dans l’axe de l’angle nord-est de la place. En 1299, Philippe le Bel, petit-fils de saint Louis, aurait offert des reliques de son aïeul à l’église de La Montjoie, lors de la confirmation de la fondation de la bastide par le sénéchal d’Agenais. En 1623, fut fondé à La Montjoie un couvent de franciscains auxquels incombèrent désormais la conservation des reliques de saint Louis et l’accueil des pèlerins, notamment les nombreux jacquaires. Du couvent franciscain il ne reste qu’un puits.
L’église Saint-Louis, devenue paroissiale au XVIIe s., est de vastes proportions (32 m x 16 m). Elle comporte une nef de trois travées prolongées par un chœur et une abside à trois pans. Des chapelles peu profondes, construites entre les contreforts intérieurs, épaulent la nef au nord et au sud. Ce plan est caractéristique du gothique tardif du Midi languedocien. La travée droite du chœur est également flanquée de deux chapelles inégales qui témoignent peut-être de l’implantation d’une église antérieure. Une sacristie a été construite derrière l’abside.
L’édifice, construit en moellons calcaires, est couvert en tuiles.
La façade du mur-pignon occidental, de type flamboyant, a été construite en 1900. Un dessin antérieur à cet « embellissement » montre une porte classique surmontée d’un fronton reposant sur des pilastres. Cette restauration était due à Léopold Payen. Au trumeau de la porte nouvelle fut placé un moulage du saint Louis de l’église de Maineville, qui faisait partie des collections du Musée des Monuments français. La restauration porta également sur le clocher : le clocher ancien de plan rectangulaire, surmonté d’un clocheton, ne comportait aucun décor, il fut coiffé d’une balustrade neuve ajourée et flanqué d’une tourelle d’escalier hexagonale.
Les fenêtres latérales de la nef, en arc brisé avec remplage tréflé, sont extrêmement modestes. Elles ont été percées dans la partie haute des murs au-dessus des chapelles latérales. Le chœur, à pans coupés, est éclairé par des fenêtres en arc brisé plus hautes que celles de la nef, leur date n’est pas documentée.
L’intérieur de l’édifice est voûté. La nef est scandée par des arcs doubleaux brisés, retombant sur de grosses piles cylindriques dont les bases sont à griffes ; les chapiteaux annulaires sont ornés de têtes d’angelots, d’animaux fantastiques, etc. caractéristiques d’un XVIe s. tardif. La maçonnerie enduite des voûtains est ornée de fausses coupes de pierres. La nef est séparée des chapelles latérales par de grandes arcades, soulignées par une modénature vigoureuse : elles retombent en pénétration sur les piles cylindriques. Dans les chapelles, également voûtées, les arcs reposent sur des culots d’angles sculptés ; à noter particulièrement une tête de Christ aux outrages dans la chapelle orientale de la nef, du côté nord, probablement en réemploi.
L’abside est couverte d’une voûte soutenue par des arcs rayonnants autour d’une clé portant des fleurs de lys. Un autel baroque occupe l’abside : il date de 1629 et provient de l’ancienne abbaye de Paravis près de Port-Sainte-Marie. Au centre, une peinture du XVIIe s., due à Antoine Barthélémy, représente la Crucifixion ; une Vierge à l’Enfant orne la niche à coquille au sommet du retable, tandis que, dans les niches latérales, ont été placées les statues de saint Jean l’Évangéliste à gauche et de saint Benoît à droite. Les socles des quatre colonnes torses sont ornés des quatre Vertus théologales. Dans l’église sont également conservés une châsse émaillée du XIVe s., ayant contenu les reliques royales, une Pietà en bois du XVIe s. et un beau lutrin du XVIIIe s., en bois également. Des ex-voto du XVIIIe s. rappellent l’importance du pèlerinage en ce lieu.
Bien que cet édifice ait fait l’objet de plusieurs campagnes de restauration, en 1900 et en 1960, notamment, la voûte devait être consolidée. La Sauvegarde de l’Art français a contribué aux travaux par une aide de 8 000 € en 2008.
Françoise Bercé