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Lahonce (64) Eglise ND de l'Assomption - Sauvegarde de l'Art français

Le nécrologe des Prémontrés de La Case-Dieu mentionne la donation par Bertrand, vicomte de Labourd, des terres correspondant à l’abbaye de Lahonce, vers 1164 ; cette date peut être retenue, sans plus de précision, comme celle de la fondation du monastère. Sa construction, dans la deuxième moitié du XIIe s., est contemporaine de celle de sa sœur et voisine d’Arthous, ou légèrement postérieure ; on a d’ailleurs relevé les traits communs existant entre les deux églises. Bertrand s’y serait fait inhumer en 1170, ce qui donne une idée approximative de l’état d’achèvement de l’église. Les routes de Saint-Jacques de Compostelle n’étaient pas étrangères à la prospérité de ces fondations. La générosité du vicomte de Bayonne y contribua aussi, sans oublier la faculté qui était donnée aux moines de recevoir tous les ans le bénéfice de l’une des baleines prises par les pêcheurs de Capbreton… Héritiers des vicomtes de Bayonne à partir de 1193, les rois d’Angleterre continuèrent de protéger cet établissement d’importance relativement modeste. Mais en 1245, les hommes rassemblés par le roi de Navarre, Thibaud de Champagne, en vue de la croisade en Terre Sainte, pillent le territoire. En 1523, c’est l’armée espagnole au service de Charles Quint qui ravage Lahonce ; en 1571-1572, c’est le tour des Huguenots, qui dévastent l’abbaye et brûlent les archives. La suite des épisodes malheureux laisse place cependant à de brillantes éclaircies. En juin 1565, la rencontre de Catherine de Médicis et du roi Charles IX avec le duc d’Albe à Lahonce donne lieu à d’impressionnantes festivités : « trois cents embarcations remontent l’Adour, accompagnant un grand vaisseau peint et doré en forme de château fort sur lequel embarquèrent les deux cours ». La communauté est réduite en 1618 à deux religieux. En 1718, l’évêque de Bayonne souligne que l’abbaye « est la seule où il y ait des religieux instruits dans la langue basque ». Au XVIIIie s., la situation nettement meilleure (il y a neuf chanoines en 1768) permet de doter l’église d’un décor de tribunes, boiseries, retable, mobilier qui subsiste en grande partie. Après la vente des bâtiments conventuels en 1793, elle devint paroissiale en 1802. C’est en 1831 que l’aile est de l’ancienne abbaye a été abattue ; l’aile sud et une partie de l’aile ouest ont été démolies en 1986 après le rachat des bâtiments par la commune l’année précédente. En 2017, une nouvelle restauration de l’ensemble monumental a été entreprise par l’atelier d’architecture Soriano-Barrière sous la direction de la Conservation régionale des Monuments historiques ; elle vise à offrir une meilleure visibilité des murs romans tant à l’extérieur qu’à l’intérieur.

La date de 1121, relevée en 1934 sur le tympan, n’a été portée qu’au XVIIe ou au XVIIIe s. et célèbre la fondation de l’abbaye mère de l’ordre, à Prémontré. De l’abbatiale de la deuxième moitié du XIIe s., en bel appareil calcaire, subsistent le portail, la nef et le chevet. Le portail ébrasé, avec voussures en plein cintre et rouleau d’archivolte orné de fleurs retombant sur six colonnettes engagées à chapiteaux, est de style roman. L’un des chapiteaux est orné d’un ange portant un objet et d’un homme ayant en mains un phylactère, les cinq autres de feuillages ; aux tailloirs courent des rinceaux en continu. Le chevet est décoré de demi-colonnes et d’arcatures retombant sur des chapiteaux ornés à motifs variés : feuilles à crochets, pommes de pin, entrelacs, quadrupède mené par un ange appuyé sur un bâton, têtes humaines, etc. Les modillons de la corniche sont sculptés de billettes et de rouleaux ; ils soutiennent un entablement de damiers. De cette époque datent aussi, du côté sud, les corbeaux subsistant du cloître disparu, tandis que le porche ainsi que le décor intérieur et la voûte lambrissée ont été installés à la fin du XVIIe s. et au XVIIIe s. et les fenêtres de la nef percées à l’époque moderne.

Le plan, comparable à celui de l’abbatiale d’Arthous, se signale par une nef unique très longue (35 m) de cinq travées, sans transept, terminée par une abside unique semi-circulaire, selon un modèle observé dans d’autres édifices prémontrés de la vaste province de Gascogne. Les peintures ornant le lambris, qui remontaient au XIXe s., simplifiées en 1986, ont retrouvé leur place et leur lisibilité en 2017.

Des modifications importantes ont été apportées en 1986, avec la diminution du porche, la reprise du clocher-pignon deux fois reconstruit en 1839 et en 1934, la restauration du portail et, à l’intérieur, la création d’un décor peint pour l’abside. A cette occasion, au cimetière, ont été regroupées les anciennes stèles basques. De nouveaux travaux, en 2006, ont porté sur le cloître et « la partie arrière de l’abbaye ».

L’essentiel du décor intérieur et du mobilier a été très remanié aux époques moderne et contemporaine, avec la pose de stalles en bois ciré dans le chœur, un double niveau de tribune dans la nef. Grâce à la restauration de 2017, les voûtes du chœur et de la nef ont retrouvé un décor unifié, inspiré du XIXs., d’aspect élégant. En juin 2018, une réflexion a été menée par différents partenaires avec la coordination de la Conservation des antiquités et objets d’art, afin d’établir un plan prévisionnel de réinstallation des objets mobiliers à l’intérieur de l’église. Ceux-ci, ainsi que les autels, sont actuellement conservés en caisse dans des réserves ; le programme de restauration entrepris en 2011 pour le tabernacle-urne se poursuit. En 2017, la statue de saint Norbert, mitré, a été restaurée ; la Vierge à l’Enfant et le Christ en croix sont en cours d’étude. Les importantes modifications subies au cours du XIXe s. par ces deux œuvres les ont cependant défigurées et rendent leurs origines indéchiffrables.

En 2019, la Sauvegarde de l’Art français a contribué aux travaux de restauration, à hauteur de 20 000 €.

Claude Menges-Mironneau

 

Bibliographie :

Ardura, Abbayes et prieurés de l’ordre de Prémontré en France. Dictionnaire historique et bibliographique, Nancy, 1993, p. 104-105 et 315-319.

Abadie, Un temporel monastique dans l’espace médiéval gascon : l’abbaye prémontrée de La Case-Dieu (Gers), xiie-xvis., t. 3, La circarie de Gascogne, thèse de doctorat, Toulouse, Université Jean-Jaurès, 2016, p. 145-154.

 

Le projet en images

Lahonce (64) Eglise ND de l'Assomption - Sauvegarde de l'Art français

Crédits : Romain Bassenne pour la Sauvegarde de l’art français

Lahonce (64) Eglise ND de l'Assomption - Sauvegarde de l'Art français

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