Occitanie, Tarn-et-Garonne (82)
Laguépie, Église Notre-Dame de Puech-Mignon
Édifice
EGLISE Notre-Dame de Puech-Mignon. Puech-Mignon fait sa première apparition vers 972, dans le testament d’une haute personnalité de la noblesse méridionale, Garsinde, veuve de Raymond, dit Pons, comte de Toulouse. Les moines bénédictins de Varen, bénéficiaires de cette donation pieuse et eux-mêmes dépendants de l’abbaye de Saint-Géraud d’Aurillac, y fondèrent un prieuré rural, témoignage d’un tissu paroissial et monastique dense et ancien dans cette portion de la vallée de l’Aveyron.
La guerre de Cent Ans et les guerres de Religion réservent leur lot de destructions… et de reconstructions. La décennie 1380 se solde par la prise de Laguépie par les hommes d’armes au service des Anglais et le rachat de Puech-Mignon (1382), c’est-à-dire le paiement d’un véritable impôt de guerre, pour les déloger. Les visiteurs envoyés en 1419 de la part de l’évêque de Rodez ne purent recueillir du doyen de Varen que deux livres pour Puech Mignon. Les seigneurs du lieu, des Lautrec, bien implantés dans les alentours dès le XIIe s. et à Puech-Mignon au XIVe, rebâtissent le château et peut-être l’église après 1460. De cette époque date sans doute la chapelle latérale nord, traditionnellement désignée comme chapelle seigneuriale. Malgré cela, l’évêque estimait en 1495 qu’une reconstruction s’imposait.
En 1561, nouveaux ravages. Le cardinal d’Ossat, doyen du chapitre de Varen, affecte en 1603 une somme de 60 livres à la réparation des voûtes de la nef. Avec la recrudescence des épidémies de peste, saint Roch connaît un surcroît de dévotion. Une chapelle, celle des Lautrec, lui est consacrée au moins depuis 1635.
Au XVIIIe s., les travaux doivent être pris en charge par le curé. Mais le grave incendie du 19 février 1821 rend nécessaire un réaménagement complet. Éclipsée de son titre paroissial, l’église de Puech-Mignon, dès le début des années 1870, perd jusqu’à son mobilier liturgique, que les habitants du lieu s’efforcent de reconstituer. Elle s’était pourvue entre temps du superbe tabernacle qui en constitue le plus prestigieux ornement.
Tonalité d’ensemble sévère ; un crépi endommagé recouvre un appareil irrégulier dont la diversité tient à la nature même du paysage géologique. À l’extrémité occidentale, le clocher, tour carrée d’apparence fortifiée, remonterait au XVIIe siècle.
La nef est flanquée de deux chapelles au sud (Notre-Dame et Saint-Blaise) et d’une chapelle au nord (Saint-Roch), toutes trois de plan quadrangulaire ; chevet plat ; ouvertures étroites. L’élévation, très simple, dégage de grandes arcades assez larges.
Le chœur et le chevet affectent une morphologie nettement plus ancienne que le reste de l’édifice. Le chevet, épaulé par deux contreforts de profil gothique, est assez élancé ; l’appareil y est plus régulier. Le chœur, voûté en berceau brisé, nettement plus bas que le voûtement de la nef, est séparé d’elle par un arc triomphal fortement marqué.
C’est à la reconstruction de la fin du XVe s. que se rattache la nef. La reproduction des motifs les plus simples de la modénature flamboyante est assez soignée. À l’exception de la travée occidentale, celle qui supporte le clocher, l’intervention peu délicate du XVIIe s. a tronqué ce dispositif gothique pour établir une voûte de briques en berceau.
Dans la chapelle nord, la lourde croisée d’ogives fortement bombée repose sur de gros culots ornés de têtes d’animaux et de monstres ; à son sommet, un écu portant un monogramme pieux s’inscrit dans un quadrilobe. Les chapelles Notre-Dame et Saint Roch sont décorées de peintures du XIXe siècle.
Quant au remarquable tabernacle de bois doré à ailerons, et à l’autel qui l’accompagne, ils peuvent être mis en rapport avec des œuvres gasconnes, mais aussi quercinoises, du dernier quart du XVIIe siècle.
L’église de Puech-Mignon était fermée depuis 1991, en raison de son état préoccupant. Pour sa restauration (travaux de charpente, de couverture, de maçonnerie, drainage), la Sauvegarde de l’Art français a accordé 22 867 € en 2000.
P.M.