Bourgogne-Franche-Comté, Côte-d’Or (21)
Ladoix-Serrigny, Chapelle Notre-Dame-du-Chemin
Édifice
Le lieu, situé sur un coteau, le long de la route allant de Beaune à Dijon, par laquelle étaient convoyés le sel et l’étain, fut occupé très tôt par un oratoire païen et une source vénérée. Selon la tradition, l’apparition de la Vierge vers l’an 1000 et les nombreuses guérisons miraculeuses qui suivirent, incitèrent la population à lui dédier une chapelle, qui devint aussi un sanctuaire à répit. En effet, on y apportait des enfants mort-nés, qui étaient réanimés le temps de leur conférer le baptême ; des sépultures ont été mises au jour au cours de fouilles entreprises en 1968 et 1969.
L’édifice, donné en 1134 par Étienne, évêque d’Autun, à Herbert, abbé de l’abbaye bénédictine de Saint-Seine, propriété confirmée par une bulle papale vers 1178, attire de nombreux pèlerins et la faveur de grands personnages : les duchesses de Bourgogne venaient à pied avant leurs couches et après leurs relevailles. Aussi, en 1434, Philippe le Bon octroie-t-il 1000 livres « pour avancer l’édifice de l’église ou chapelle Notre-Dame du Chemin lez Serrigny ». Au début du XVIIème siècle, après la peste qui sévit à Beaune, les habitants forment le vœu d’une procession à perpétuité et, pour l’exécuter, créent une confrérie dite de Sainte-Croix. Le procès-verbal de visite de l’archidiacre de cette ville, en 1710-1711, signale « une chapelle rurale, bâtie sous le nom de Notre-Dame du Chemin ». C’était aussi une étape importante pour les pèlerins se dirigeant vers Rome ou Saint-Jacques-de-Compostelle.
L’édifice devient bien national en 1793 ; il est pillé, puis aliéné en 1795 à un marbrier, Claude Bouillot, lequel le transforme en habitation, avec grange et écuries ainsi décrites : « le bâtiment appelé ci-devant chapelle Notre-Dame du Chemin, composé de ladite chapelle dont la majeure partie est construite en pierre de taille, couverte de tuiles et le clocher en ardoises avec trois chambres attenantes, construites en pierre, couvertes en laves et un jardin clos de murs ».
Les pèlerinages reprennent en 1874 autour de la chapelle et donnent naissance à une confrérie érigée en 1878. En 1893, le rachat de l’abside, puis de la nef, est effectué par la société civile immobilière de Pernand, dont le président est alors M. Jean-Maurice de Blic. Les travaux de restauration de la chapelle, effectués en 1893 sous la conduite de l’architecte mâconnais Pinchard, sont bénis en 1894. En 1924, la présidence de l’association est assurée par le prince Félix de Mérode ; en 1966 ont lieu des travaux de consolidation de la chapelle par l’association des Amis de Notre-Dame du Chemin, sous la présidence du prince Florent de Mérode.
La chapelle comprend deux parties distinctes qui correspondent aux étapes de son histoire et de sa construction : une partie gothique du XVème siècle, restaurée en 1893, comprenant deux travées, une travée de chœur et une abside à trois pans, et, d’autre part, une partie romane, dont quelques rares éléments sont encore lisibles en élévation dans une habitation rurale à l’ouest, et dans les murs et les substructions de l’église gothique. Il s’agit là d’un exemple des avatars subis par les biens confisqués à la Révolution, souvent transformés en bâtiments agricoles.
A l’extérieur, les volumes traduisent ces deux étapes de construction : la partie romane, présente encore des traces de petites baies couvertes d’arcs en plein cintre. La partie gothique est épaulée par des contreforts. La nef est couverte d’un toit à deux versants séparé du chœur par un pignon découvert. Un clocher, disparu dès 1795, surmontait l’édifice au-dessus de la travée d’avant-chœur. L’entrée actuelle s’effectue du côté nord de la nef, par une porte dont le linteau est décoré d’une accolade, de style néo-gothique : il s’agit de la copie de l’ancienne ouverture « ogivale », transportée dans un jardin à Aloxe-Corton, représentée par une lithographie de Nesle en 1861.
La nef gothique de deux travées avec bas-côtés comporte également l’amorce d’une troisième travée à l’ouest ; cet ensemble est couvert de voûtes sur croisées d’ogives, tandis que le chœur est composé d’une travée et d’une abside semi-polygonale. La travée d’avant-chœur a reçu une croisée d’ogives à clé annulaire et le chœur une voûte à nervures multiples, à la clé pendante de laquelle était suspendue une croix. Nef et bas-côtés sont séparés par de grandes arcades dont les arcs, en tiers-point à pénétration, retombent sur des colonnes. La pénétration des nervures est adoucie d’une façon très originale et décorative, par des écus sculptés, suspendus par des brides.
A gauche de la travée de chœur est construite une sacristie, couverte d’une voûte d’ogives dont les nervures retombent sur des culots moulurés. Une cave a été découverte sous l’abside dans les années 1940.
Le chœur est éclairé par trois baies couvertes d’arcs brisés. Elles sont ornées de vitraux du XIXème siècle, par Lucien Bégule, maître-verrier à Lyon, représentant, au centre, Notre-Dame-du- Chemin et, au registre inférieur, le duc Philippe le Bon en donateur, à droite, dans un médaillon, saint Dominique accompagné des armes de la duchesse Isabelle de Portugal, saint Roch avec les écussons de Bourgogne et des Clermont-Tonnerre, seigneurs de Serrigny. Les autres baies sont couvertes d’arcs brisés.
De rares objets décorent la chapelle : une bannière de confrérie au petit point, offerte en 1877, qui représente Notre-Dame du Chemin, et une statue de sainte Madeleine, du XVIe siècle. Le maître-autel, offert par le curé de la paroisse lors de la restauration au XIXème siècle, a été démonté.
Plusieurs campagnes de fouilles et de restaurations ont été conduites en 1966, 1968 et 1969, puis en 1976 et 1977.
Pour la restauration du transept, la Sauvegarde de l’Art français a accordé 6 000 € en 2004 à l’association, propriétaire de la chapelle.
Bernard Sonnet
Le projet en images
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