Auvergne-Rhône-Alpes, Rhône (69)
Jullié, Chapelle du Château de la Roche
Édifice
Le village de Jullié se situe à la frontière des départements du Rhône et de la Saône-et-Loire, sur le terroir de Julliénas, célèbre cru du Beaujolais. En raison d’une altitude qui varie entre 300 et 700 m, le paysage change entre les collines vineuses et les forêts de résineux. C’est dans ce contexte paysager riche que l’on découvre le château de la Roche.
Un manoir du XIVes., qui appartenait à la famille de la Roche, a précédé le château construit à la fin du XVIIes. par Aymé Charrier (1602-1681), seigneur de la Roche-Jullié et procureur du Roi à Lyon. Son fils Jean-Baptiste poursuivit et acheva sa construction. L’ensemble nous est parvenu sans modification : une imposante grille en fer forgé s’ouvre sur une large esplanade en terrasse dominant les bois et les vignes. Le château, formé d’un important corps de logis flanqué de pavillons aux quatre angles, se dresse, entouré d’un fossé profond sans eaux (et avec deux ponts tournants !). L’intérieur du château a conservé toute la qualité de sa décoration et notamment son hall d’entrée majestueux.
De l’autre côté du château, les jardins occupent le reste de la terrasse, pour se terminer en pointe avec la cascade, accentuant l’effet de perspective monumentale. C’est sur le côté nord de ce parc que l’on découvre la chapelle ; construite sur un plan octogonal, trois grandes statues ornent l’extérieur, fort élégant avec son dôme à huit pans. Malgré la taille très intimiste de l’édifice (un carré de 8 m et 15 m de haut), ses proportions dégagent un équilibre caractéristique de la fin du XVIIesiècle.
Á l’intérieur, sous la coupole, l’autel et son retable en bois sculpté et doré, sont surmontés d’un reliquaire accompagné d’anges aux ailes déployées. Au-dessus, un tableau représente le Baptême du Christ. Dans les quatre pans coupés, de hautes statues (La Vierge, Élisabeth, Zacharie et Jean-Baptiste) se dressent dans un élan baroque à l’intérieur de niches et de splendides boiseries. Le pavement du sol est en marbre blanc et noir. Le décor serait attribué au peintre et sculpteur Marc Chabry, connu pour ses réalisations dans les églises lyonnaises de Saint-Polycarpe et Saint-Bruno-des-Chartreux.
Depuis quelques années, le mauvais état de la couverture – des tuiles vernissées avaient glissé et l’épi de faîtage était tombé -, des maçonneries et des fenêtres, compromettaient la conservation de ces décors intérieurs de grand intérêt. En 2006, la statue de saint Jean-Baptiste avait basculé sur le sol, à l’intérieur, en raison du mauvais état de la niche ; les boiseries commençaient à se détériorer, des assemblages cassaient… Une première tranche de travaux, qui a été soutenue par la Sauvegarde de l’Art Français, a consisté à restaurer totalement la charpente et la couverture. Après la pose d’un nouveau couvert en tuiles vernissées identiques à celles remplacées, un épi de faîtage en zinc, analogue à celui qui a été emporté par le vent, vint couronner l’édifice et … trois mois de travaux. Ces travaux ont permis notamment de pouvoir visiter le comble de la chapelle, habituellement inaccessible, et d’effectuer un bilan sanitaire des extrados de la voûte ; celle-ci, en pierre de taille et de très belle facture, ne présente pas de désordres importants. L’observation de la charpente a permis de rapprocher cette construction d’autres de la région comme l’Hôtel-Dieu de Beaujeu ou les communs de Vallières à Saint-Georges-de-Reneins ; historiquement, ces similitudes de construction s’expliquent par les liens de famille des commanditaires (familles de Saint Victor et de Fleurieu…)
L’édifice étant désormais mis hors d’eau, la restauration des maçonneries et de l’intérieur peut être envisagée avec plus de sérénité grâce à l’aide d’une étude complémentaire.
Pour les travaux de charpente et de couverture, la Sauvegarde de l’Art français a accordé une aide de 20 000 € en 2007.
Régis Vermorel