Bourgogne-Franche-Comté, Jura (39)
Jouhe, Église Saint-Pierre
Édifice
Le portail de 1749, à baies à impostes classiques, introduit dans une nef large par rapport à sa longueur (9 m 80 pour 11,90), dont les trois travées sont indiquées par la voûte d’ogives reposant sur des culots ronds à canaux. Un arc légèrement saillant marque la distinction entre cette nef et le chœur architectural ; celui-ci, pratiquement de même longueur est constitué de deux travées puis une abside à trois pans.
Les origines religieuses de Jouhe participent quelque peu à l’obscurité, propice aux légendes, qui entoure la fondation de Mont-Roland. Ici pourtant, grâce aux archives de l’abbaye de Baume et depuis le XIe siècle, les jalons sont nets. Dès 1078, le pape Grégoire VII confirme au monastère baumois la cellam qui se nomme Gauda ; en 1089, Urbain II précise monasterium sancti Petri Gaude. A côté de l’église du prieuré, la paroissiale est mentionnée en 1162 par l’antipape Victor IV, qui cite ecclesiam sancti Petri Gaude cum capella. Dans la bulle de Clément III en 1190, il s’agit de capellis, au pluriel, malheureusement sans précision de lieux ; le territoire paroissial comprend alors Authume, Archelange, Monnières et Mont-Roland. L’église paroissiale de Jouhe célèbre d’abord sa fête patronale le 1er août (s. Pierre aux liens), avant de la fixer au 29 juin. Si dans le compte diocésain de 1275 elle est peut-être encore confondue sous une taxe unique avec le prieuré, elle en est bien distinguée dans les listes des XIVe et xve siècles. Le premier curé connu, en 1311, se nomme Pierre, d’Annoire.
Sur l’église ancienne, nous ne possédons aucune indication. En 1489, le prieur de Jouhe signale que son prieuré a été détruit pendant les guerres consécutives à la mort du Téméraire ; il est plausible que l’église de la paroisse ait subi le même sort.
Il a été répété que la nef remonte à 1749 (qui devient 1729 chez Tournier), par le fait que cette date se lit sur le portail. En réalité, c’est ce dernier seulement qui est aussi tardif ; la nef_ très comparable à celle de Menotey, terminée par un clocher marqué 1604 _ manifeste l’ultime gothique prolongé jusqu’au début du xvne siècle; pour enlever toute hésitation, la niche pratiquée dans le mur sud affiche son année, 1606, jalon terminal pour la nef. Les armoiries visibles sur le linteau extérieur de la porte sud, de … aux trois fasces de … , n’ont pu être identifiées ; elles figurent aussi sur une ancienne clé de voûte conservée au prieuré, mais ne semblent pas répondre à un prieur connu. Faute de mieux, signalons qu’un fief de Verchamp, portant de sable aux trois fasces d’or, av·ait été au XIVe siècle uni par un prieur à la seigneurie de Jouhe.
L’erreur sur la nef a entraîné celle sur le clocher, que Rousset croit moderne ; en fait, avec sa tourelle et ses ouvertures réduites, participe encore à l’esprit gothique. N’est-il pas inspiré par celui qui surmontait le chœur de l’église priorale ? Une vue de ce dernier, dessinée en 1704, montre le sommet de sa tour et sa flèche octogonale assez semblables.
Nous avons relativement peu d’indications sur les travaux ultérieurs : au XVIIIe, nous trouvons notamment une réparation de la couverture et des enduits, minutieusement détaillée, en 1786. En 1826, les contreforts de l’ouest s’avèrent défectueux et insuffisants, si bien que la voûte «pousse» dangereusement ; il faut les renforcer, et disposer trois tirants de fer. Restaurations encore en 1875, puis 1920 ; la dernière, en 1980, a rendu à l’édifice sa netteté et sa grandeur.
En 1908 eut lieu le couronnement de Notre-Dame de Mont-Roland, conservée à Jouhe depuis 1792 ; en 1920, l’érudit Mgr Pfister représenta l’événement par une peinture murale au-dessus de l’autel de la Vierge. Quant au prieuré_ dont l’église avait été reconstruite à la fin du XIVe siècle par le prieur Jean de Neuchâtel_, après une union assez bizarre en 1619 au collège des Jésuites de Dole, puis l’adoption en 1654 de la réforme de Saint-Vanne, il dura jusqu’à la Révolution (comme celui de Mont-Roland). Vendu en 1791, puis rasé, il a fourni l’emplacement pour l’actuelle Maison des pupilles.
Le projet en images
Actualités liées
Communication
La Sauvegarde récompense deux projets lors du prix du Pèlerin magazine 2017
La Sauvegarde a rejoint le concours en 2013 en finançant le prix de la transmission et du partage voulant ainsi mettre en valeur […]
Immobilier
Comité d’action février 2021
Malgré le contexte sanitaire, le comité d’action de la Sauvegarde de l’Art Français a pu se réunir à distance et étudier les projets de […]
Immobilier
Comité d’action de mai 2022
Eglise Saint-Martin ou Sant-Martí de Corsavy, dans les Pyrénées-Orientales Balade printanière dans nos campagnes, à la découverte des églises et chapelles rurales aidées […]