Bourgogne-Franche-Comté, Saône-et-Loire (71)
Jalogny, Église Saint-Valentin
Édifice
L’église Saint-Valentin dépendait autrefois d’un doyenné appartenant à l’abbaye de Cluny. Une première mention de ce domaine agricole est contenue dans une charte datée de 940. L’édifice était primitivement consacré à saint Hilaire avant d’être utilisé exclusivement comme église paroissiale.
L’église, orientée, présente une nef romane unique, un chœur gothique à chevet plat et un clocher construit hors œuvre, accolé à son flanc nord. Après la campagne de travaux du XIIIe s., quelques ajouts et transformations furent réalisés au XVe et au XIXe siècle. Du chevet à la porte occidentale l’édifice a 31 m de long.
La nef, caractéristique du premier art roman, est datable du XIe siècle. Elle est composée de trois travées plafonnées. Elle précédait à l’époque romane un chœur couronné ou non d’un clocher et une abside dont nous ne connaissons pas le tracé. Pour des raisons non précisées, mais peut-être liées à la configuration géologique du terrain, une grande partie de la moitié orientale de l’édifice fut reconstruite, incluant partiellement le mur nord de la troisième travée de la nef. La façade occidentale constitue l’élément le plus remarquable qui subsiste de la campagne primitive. Son portail sans tympan, réalisé en grand appareil, s’ouvre sous trois voussures ; il est encadré par deux arcs aveugles développant ainsi sur toute la largeur une composition magistrale. À l’étage, se déploie une série de trois arcatures de type lombard. Le pignon, percé d’une simple baie en plein cintre, couronne cette composition. La dominante horizontale qui caractérise cette façade est contrebalancée par l’axe vertical matérialisé par la superposition du portail, de la plus grande arcature au centre de la façade et de la baie du pignon. Avant les travaux de ravalement qui rétablirent le jointoiement marqué au fer, les arcatures alors murées n’étaient pas lisibles. Un oculus avait été percé au centre de la façade vraisemblablement lorsque la nef, initialement sous charpente apparente, avait été couverte par un plafond en bois, ce qui supprimait du même coup le rôle de la baie axiale.
Le chœur, reconstruit au XIIIe s., a conservé une partie du mur roman sud. Il est formé de deux travées voûtées sur croisées et doubleau. Les arcs retombent sur des culots sculptés de masques ou de feuillages ; seul l’arc doubleau est porté par deux fines colonnettes adossées à la maçonnerie. Le chœur est éclairé à l’est par un triplet en arc brisé et par une lancette s’ouvrant sur la face nord de la première travée. Les autres parois sont aveugles ; des bâtiments y sont accolés : au nord le clocher, au sud un corps de logis. Un décor peint réalisé au XIXe s. souligne les nervures de ses voûtes ainsi que les détails de sa sculpture. La toiture de cette partie de l’édifice est couverte de pierre calcaire appelée en Bourgogne « lave », alors que la nef, à faible pente, est protégée par de la tuile creuse.
Le clocher est constitué d’un puissant massif, percé de fentes de lumière et de petites baies, et d’un étage abritant le beffroi des cloches. Celui-ci est éclairé sur chaque face par des baies géminées. Les arcs en plein cintre retombent sur deux colonnettes. Les formes romanes des arcs sont contredites par le style des colonnettes. Les chapiteaux possèdent des corbeilles ornées de feuilles et de masques gothiques et les bases ont un profil de tore très aplati. Au XVe s. un étage fut ajouté : si cette surélévation conserva l’unité stylistique du clocher, elle alourdit sa silhouette. Peu de transformations modifièrent alors l’ensemble du gros œuvre si ce n’est le percement d’une baie néo gothique sur le flanc sud de la nef, en symétrie parfaite avec celle qui, au XIIIe s., avait été ouverte du côté nord.
La Sauvegarde de l’Art français a accordé 22 867 € en 2000 pour des travaux de maçonnerie, charpente et couverture sur le clocher, la nef et le chœur. Au cours de ces travaux, des découvertes intéressantes ont été faites et une aide complémentaire de 6 860 € a été accordée : la façade occidentale a retrouvé son ordonnance du XIe s. après dégagement des arcatures lombardes, suppression de l’oculus moderne et rétablissement des joints tirés au fer.
J.-D. S