Normandie, Eure (27)
Illiers-l’Evêque, Église Notre-Dame
Édifice
Église Notre-Dame. Depuis le XIXe s. ont été retrouvés sur le territoire de la commune un grand nombre de vestiges et d’éléments mobiliers romains ou gallo-romains témoignant d’une occupation ancienne. Un lieu-dit Yslari, proche de la rivière de l’Avre, est mentionné en 842 tandis qu’au milieu du IXe s. l’église et les dîmes de la paroisse sont la propriété de Leutgarde, épouse en premières noces de Guillaume Longue-Épée duc de Normandie, puis du comte Thibaud le Tricheur. Leutgarde en fait don en 1006 à l’un de ses parents, qui les cède à son tour au chapitre de la cathédrale de Chartres. À la suite de procès divers, le patronage de l’église revint à la fois au chapitre de Chartres et à l’abbaye de Saint-Père, les évêques d’Évreux ayant le patronage d’une chapelle seigneuriale construite contre l’église paroissiale à la fin du XVe siècle.
L’église Notre-Dame, de plan rectangulaire, se compose d’une vaste nef en maçonnerie de petit appareil lié au mortier, à quatre travées à baies en tiers-point correspondant à une période de reconstruction de l’édifice à la fin du XVe siècle. Le pignon occidental, en pierre de taille calcaire, flanqué de contreforts, soutient un clocher carré en charpente, à flèche octogonale. L’entrée extérieure de l’église se fait dans la partie sud-ouest par une porte aux panneaux sculptés en plis de serviette, sous un arc en anse de panier. Elle est protégée par un large porche en charpente à chevrons formant fermes à jambettes et aisseliers courbes ; les trois fermes principales comportent un poinçon à base prismatique, celui de la ferme nord est sculpté d’un écu.
Le chœur, à travée unique, a été construit en maçonnerie de silex : il présente, dans la partie haute du chevet plat, une large baie en plein cintre, murée, qui date sans doute du XIIIe siècle. Au sud du chevet, un mur en petit appareil, percé d’une porte rectangulaire en moellons chanfreinés, est peut-être le vestige d’une ancienne chapelle. Le chevet est prolongé à l’est par une sacristie en brique du XVIIIe s. et flanqué au nord d’une chapelle seigneuriale. Cette construction de la fin du XVe s., classée monument historique en 1938, est sans doute due aux évêques d’Évreux. Elle présente une structure alternée de brique et silex de deux travées avec une abside à trois pans. Elle est éclairée par des baies à remplage flamboyant. L’entrée se fait à l’ouest par une porte sous un arc surbaissé, aux moulures prismatiques croisées. La porte est surmontée d’une fenêtre à remplages sous un gâble à pinacles. L’intérieur de cette chapelle a reçu un élégant couvrement en croisées d’ogives à clefs de voûte sculptées et armoriées, l’une d’elles portant la date de 1503. Certains vitraux datent du XVIe siècle. Une arcade en plein cintre fait communiquer la chapelle avec l’église.
L’intérieur de la grande église forme un volume unique, lambrissé, aux murs enduits. En partie ouest de la nef, de forts piliers prismatiques viennent supporter le clocher, par l’intermédiaire d’une voûte en croisée d’ogives.
Le porche, en partie du XVIe s., était en mauvais état et nécessitait des travaux d’urgence. Les restaurations effectuées en 2003 ont permis de remplacer une partie des fermes et de réparer le solin ainsi que la couverture. La Sauvegarde de l’Art Français a versé à la commune, propriétaire, 4 573 € pour ces travaux.
L. D.
Bibliographie :
Arch. dép. Eure, 5 O 6, commune d’Illiers-l’Évêque, travaux communaux : devis de travaux sur l’église et la chapelle seigneuriale, 1864 et 1869 ; devis de travaux de couverture, 1899.
A. Le Prévost, Mémoires et notes…, éd. L. Delisle et L. Passy, Évreux, 1862-1869, t. II, p. 277-282 : « Illiers-l’Évêque ».
M. Charpillon et abbé A. Caresme, Dictionnaire historique de toutes les communes du département de l’Eure, Évreux, 1867-1868, p. 403-405 : « Illiers-l’Évêque ».
M. Baudot, « Les églises des cantons de Saint-André et de Nonancourt », Nouvelles de l’Eure, n° 18, 1963, 4e trimestre, p. 39.
Amis des monuments et sites de l‘Eure, n° 108, 2003, p. 27-34.