Bourgogne-Franche-Comté, Côte-d’Or (21)
Dijon, Bibliothèque Municipale, Horloge à régulateur gainée
Mobilier
Un objet d’art d’une grande rareté…
Ce régulateur appartient à une production exceptionnelle parmi la très haute horlogerie de l’époque : il s’agit de l’une des plus importantes horloges de ce type conservées dans les collections publiques françaises. L’objet est estampillé par l’ébéniste Antoine Foullet, reçu
maître le 17 février 1749 et juré de sa corporation en 1756 et l’horloger Joseph Michel, artiste sur lequel nous possédons aujourd’hui peu d’informations. L’horloge a été réalisée au milieu du XVIIIe siècle. Elle a été offerte en 1775 par Rigoley de Juvigny, un magistrat parisien né à
Dijon en 1709, à l’Académie des Sciences, Arts et Belles Lettres de Dijon. Elle entre dans les collections de la Bibliothèque municipale de Dijon en 1846 et s’y trouve encore à ce jour. Le terme de régulateur est utilisé pour désigner une horloge destinée à donner une heure de référence, en particulier pour régler ou mettre à l’heure d’autres horloges, montres ou pendules. Il s’agit donc d’un objet de prestige.
…témoignage de son temps
Les formes galbées de l’objet renvoient au style Louis XV, de rigueur au milieu du XVIIIe siècle en France. Des chutes de bronze doré et ciselé viennent épouser le jeu de courbes et de contre-courbes du bâti, participant ainsi à une innovation technique qui met fin à la répétition des styles classiques et permet d’explorer de nouvelles formes qui déclenchent l’apparition d’un renouveau stylistique. L’objet s’ouvre en son corps par une porte agrémentée de bronzes dorés, ce qui témoigne d’une particularité de l’objet, aujourd’hui disparue : le meuble recevait en sa base une machine musicale, faite d’un jeu d’orgues à flûtes de très grande taille, raffinement rare et exceptionnellement coûteux à l’époque de sa création. Enfin, l’ensemble est coiffé par un mouvement horloger et la partie supérieure du pan coupé droit est décorée d’un baromètre. Les cadratures du mécanisme horloger indiquaient les phases et âges de la lune, quantièmes de jours et des mois mais ces complications ont été retirées du régulateur lors d’un remplacement du cadran.
L’horloge porte un décor dans le goût asiatique, composé de personnages, arbustes, fleurs et insectes, motifs très en vogue à l’époque. Les laques sont issus d’Extrême-Orient, dont l’importation fut rendue possible par la venue des ambassadeurs de Siam en 1686 et la création par Colbert en 1664 de la Compagnie des Indes françaises. Ces deux événements ont donc pu répondre à la vogue des chinoiseries qui s’étend sur le royaume depuis la fin du règne de Louis XIV. Certains laques viennent d’Europe, grâce à une technique d’imitation élaborée par les frères Martin, qui témoigne d’une certaine proximité artistique et culturelle sur le vieux continent au XVIIIe siècle.
Une restauration pour une nouvelle mise en valeur de l’objet
Si ce régulateur a conservé toute sa splendeur et sa subtilité, le poids de l’histoire et les variations de température et d’humidité de son lieu de conservation ont eu des effets nocifs remettant aujourd’hui en cause sa survie. En effet, le bâti de l’objet est instable, le placage présente des lacunes, des éclats et des décollements, des fentes du support ont altéré le décor peint.
La restauration des décors, donnant lieu principalement à un décrassage et à une réintégration de type illusionniste, sera également l’occasion de se pencher davantage sur l’étude des techniques utilisées pour leur réalisation. Concernant le mécanisme, une opération pourrait donner lieu à la restitution virtuelle des fonctions et des mécanismes disparus. Pour ce qui est du bâti, des badigeonnages ainsi que des soulèvements et dégagements des placages décollés pourront être réalisés.
Le mauvais état de cet objet a poussé la conservation de l’établissement à le retirer de l’espace public. Il se trouve aujourd’hui dans les réserves de la bibliothèque, privant ainsi les visiteurs d’en voir son éclat. Une restauration est donc nécessaire afin de rendre à cet objet toute sa splendeur et aux Dijonnais un objet rare et de grande qualité.
Source : Dossier de restauration du régulateur de la Bibliothèque nationale de Dijon inv. 1877-16 réalisé par Isabelle Chochod, Jean-Yves Le Bot, Marc Voisot.
Ils en parlent
- Le Bien Public : Dijon : des étudiantes veulent sauver une horloge précieuse
- Ouest France : Dijon. Elles se mobilisent pour restaurer une prestigieuse horloge
- France Bleu : L’horloge à régulateur de la bibliothèque de Dijon va remonter le temps
- L’Est Républicain : Un étudiant originaire de Valentigney veut remettre à l’heure l’horloge à régulateur de Dijon
Le projet a malheureusement dû être abandonné et la souscription fermée :
La Tribune de l’Art : À la bibliothèque de Dijon, les mécènes ne sont pas les bienvenus
Projet mené par Théophile Clerc, Alice Deceuninck, Myfanwy Boudry, Andréa Delestrade, Estelle Girardin, Kamilla Kiraly, Biancas Popistas et Marianna Stoczek, étudiants à Sciences Po Dijon