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A l’extrémité du village occupant un coteau de la vallée du Thérain, l’Église Saint-Martin de Heilles constitue, malgré son plan en croix latine classique, un monument composite de premier intérêt. Sa construction s’est échelonnée du XIIejusqu’au XVIe s., dispositions auxquelles s’ajoutèrent d’importantes modifications entreprises au milieu du XVIIIe s. sous l’impulsion du comte de Noailles, puis vers 1855-1865.

L’élément le plus ancien est constitué par la tour quadrangulaire établie à la croisée du transept, dont les formes romanes accusent la première moitié du XIIe siècle. Formant à l’origine un puits de lumière au-devant du chœur, cette tour de croisée n’a été que tardivement transformée en clocher, par l’installation d’un beffroi charpenté dans la partie supérieure. Au premier niveau, les quatre piliers de la croisée sont aujourd’hui isolés et reliés aux murs périphériques plus tardifs par des arcades ou des voûtes diagonales. Une voûte d’ogives tardive sépare à présent la croisée de l’étage intermédiaire de la tour, dont les quatre faces étaient rythmées par des arcatures entrecroisées, encore visibles dans les combles. L’étage supérieur de la tour est percé de belles baies géminées – en partie obturées au moment de l’installation du beffroi – et couronné par une corniche beauvaisine. Au moment de la surélévation du chœur, la face orientale de la tour a été reconstruite et ses baies supprimées. La transformation tardive de la tour en clocher pourrait être contemporaine de la fonte d’une cloche en 1753.

Reconstruite sans doute au début du XIIIs., la nef à vaisseau unique est couverte d’une simple charpente lambrissée. Précédé par un petit porche, son portail occidental est couvert d’un grand tympan à décor de trilobes et comporte un exceptionnel vantail à panneaux trilobés, appartenant à la construction primitive. Dans le mur sud de la nef se voit encore une ancienne porte dotée d’un tympan trilobé, tandis que le mur nord est constitué de grandes arcades murées, témoins de l’existence passée d’un collatéral de ce côté. Plus élevé que la nef, le chevet a sans doute été reconstruit plus tardivement au cours du XIIIe s., sous la forme d’une travée droite et d’une abside polygonale flanquée de contreforts et percée de hautes fenêtres, dont les remplages ont été recréés au XIXe siècle. A l’intérieur, l’abside est couverte d’une voûte d’ogives reposant sur des colonnettes effilées, dans l’esprit de l’architecture gothique rayonnante. Cette voûte et les murs extérieurs du chevet ont été rehaussés d’environ un mètre, au moment de la transformation de la tour en clocher.

Agrandis et transformés au fil des siècles, les bras asymétriques du transept témoignent des réaménagements opérés dans les années 1855. Ils furent alors couverts de voûtes d’ogives en plâtre, tandis que les remplages des fenêtres étaient recréés. Le bras nord fut en outre doté d’une absidiole polygonale richement ornée et d’une petite rose rayonnante.

Outre ses vitraux du XIXe s., l’église conserve des vestiges de peintures murales médiévales dans le chœur. Sur le mur extérieur du chevet est encore visible une épure contemporaine de sa construction.

Pour l’assainissement de l’église, la restauration des soubassements, la réfection des couvertures et du beffroi, la Sauvegarde de l’Art français a versé en 2016 la somme de 15 000 €.

Denis Hayot

 

Bibliographie :

  1. L. Graves, Précis statistique sur le canton de Mouy, arrondissement de Clermont (Oise), Beauvais, 1835, p. 34 et 50-51.
  2. A.-J. Warmé, Mouy et ses environs, Beauvais, 1873, p. 359-388.
  3. J. Noblécourt, Aide à la visite de l’église Saint-Martin de Heilles, Mouy, s.d.
  4. P. Poschadel, « Église Saint-Martin de Heilles », en ligne : fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-Martin_de_Heilles

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