Hauts-de-France, Nord (59)
Haverskerque, Église Saint-Vincent
Édifice
Située au milieu de prairies humides voisines de la forêt de Nieppe, près de la Vieille Lys – longtemps sujette à débordements – qui la sépare de l’Artois, l’église offre une silhouette qui ne manque pas d’allure, avec ses trois nefs parallèles, son groupe de trois absides polygonales épaulées par de hauts contreforts, et sa tour centrale à réminiscences romanes.
Mentionnée dès le début du XIIe s. dans les cartulaires de l’abbaye voisine de Saint Bertin, à Saint-Omer, elle dut être reconstruite au XVe et au XVIe s., et maintes fois réparée à la suite des guerres qui ravagèrent le pays jusqu’au XVIIe siècle. Élevée en pierre crayeuse sur un soubassement de grès, elle a surtout été entièrement restaurée en 1864-1866 par Charles Maillard, architecte de la ville de Tourcoing, en utilisant une pierre de meilleure qualité provenant de Liettres, près d’Aire-sur-le-Lys. L’architecte ne conserva que la partie orientale, correspondant aux trois chœurs parallèles et au faux transept, y compris la tour centrale. Il reconstruisit la nef et l’accompagna de collatéraux, donnant à l’ensemble une allure de hallekerke, telle qu’on en trouve de nombreux exemples en Flandre maritime, dans les églises relevées à la fin du XVIe s., après les dégâts commis par les Gueux.
Placé pendant plusieurs années de guerre en arrière du front anglais, le village eut beaucoup à souffrir en 1918, ce qui amena, dans les années 1920, une nouvelle restauration générale de l’église, plus limitée cette fois.
L’étage inférieur de la tour centrale, avec ses baies en plein cintre, doit remonter à la fin du XIIe s., et l’étage supérieur en briques au XVIIe. Le chœur dut être reconstruit à la fin du XVe s., si l’on en juge par le millésime de 1486 gravé dans la pierre, et les chapelles orientales ajoutées au XVIe siècle : Philippe de Stavèle, baron d’Haverskerque, fit don d’une cloche en 1557, et la date de 1588 figure au-dessus d’une des verrières.
À l’intérieur, le badigeon clair qui couvre les murs ne facilite pas l’analyse des maçonneries. Vraisemblablement vandalisé à la Révolution, le mobilier n’a pas la richesse de celui des sanctuaires des pays de Cassel et de Bourbourg, meublés de retables monumentaux. Le maître-autel, sculpté et doré, doit être du XVIIIe s., mais il a été visiblement mutilé, puis restauré et complété. Il en va de même de la chaire et de certains confessionnaux où ont été remployés des éléments de boiseries sculptées. Les vitraux et le chemin de croix ont été posés aux XIXe et XXe s., de même que le banc de communion néogothique, dessiné en 1871, par Charles Maillard.
Pour aider à la restauration des maçonneries, charpentes et couvertures de la partie est de l’église, la Sauvegarde de l’Art français a accordé 28 000 € en 2011.
Philippe Seydoux
Bibliographie :
Mgr E. Lotthé, Les églises de la Flandre française au nord de la Lys, Lille, 1940, passim.
Le projet en images
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